Les réfugiés, oubliés de l'Europe

Journaliste

La politique migratoire de l’UE est un échec.

En septembre 2015, l’Europe prenait conscience de la gravité de la crise migratoire après la publication de la photo du petit Aylan Kurdi, échoué sans vie sur une plage. Trois millions de personnes fuyant la guerre en Syrie et en Irak frappaient aux portes de l’Union européenne. Des milliers mourraient en mer ou sur les côtes. Les partis populistes agitaient la menace d’être envahi par ces pauvres hères.

Pour sortir de la crise, les vingt-huit dirigeants européens signèrent un accord avec la Turquie et promirent de relocaliser sur leur territoire 160.000 personnes bloquées en Grèce et en Italie. Chaque État européen devait participer à l’effort. L’idée était surtout de freiner la montée des populistes au plus fort de la crise, car les promesses n’ont pas été tenues.

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En plus de l’exercice d’un devoir humanitaire, accueillir des réfugiés est une chance économique.

Un an et demi plus tard, le bilan, tiré hier par la Commission européenne, n’inspire qu’un mot: ridicule. À peine 16.000 migrants ont été relocalisés durant tout ce temps. La Belgique a relocalisé 492 personnes sur les 3.812 promis (13%). C’est moins que la moyenne européenne, déjà faible (17%). La Pologne et la Hongrie refusent tout simplement de relocaliser le moindre réfugié. La Hongrie a même commencé à emprisonner les migrants.

La politique migratoire européenne est un échec. Mais qui s’en inquiète, hormis ceux qui en payent le prix? Les gens qui, ayant échappé aux atrocités de Daech et d’el-Assad, stagnent dans des camps surpeuplés en Grèce et en Italie. Beaucoup sont la proie de trafics, en particulier les enfants, rappelle la Commission.

L’Europe, dont la population a pourtant connu l’exode à plusieurs reprises, n’a pas rempli son devoir d’assistance. Il ne s’agissait pourtant que d’accueillir un pourcentage infime de sa population, et non toute la misère du monde. Sa lâcheté restera gravée dans l’histoire. De même que celle de ses dirigeants, apeurés par le succès de partis populistes fascinés par l’illusoire pureté de la nation.

Pourtant, en plus de l’exercice d’un devoir humanitaire, accueillir des réfugiés est une chance économique. Plusieurs études de l’OCDE et de l’ONU le démontrent. Mais les préjugés ont la vie dure.

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