Manipuler ou être manipulé

Le complot médiatique

Depuis plusieurs mois s’accentue une dynamique contre la sphère médiatique. Aux habituels messages complotistes ou dénigrants venus des extrêmes, s’ajoutent désormais des attaques frontales issues des milieux politiques "traditionnels" ou de mandataires en fonction. À François Fillon qui, embourbé dans son affaire d’emploi fictif, dénonce des travestissements pour mieux dissimuler les siens, à Donald Trump qui "philosophe" sur la notion de vérité en inventant le concept des "alternative facts", se joint Nicolas Dupont-Aignan.

Ce discours contre les médias est souvent porté par ceux dont le programme n’est sans doute pas le principal atout électoral.

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Le souverainiste français a créé l’événement le week-end dernier en abandonnant le plateau du journal de TF1. Raison de cette désertion? Les médias ne donnent pas la parole à tous les candidats de l’élection présidentielle et manipulent de la sorte le scrutin. Qui manipule qui, finalement?

Lesdits médias n’existent que par ceux qui les regardent, les écoutent, les lisent. Autrement dit, ceux qui les achètent – quand gratuité il y a, elle n’est qu’un leurre, dissimulant, pour le secteur privé, des revenus publicitaires ou, pour le public, des impôts. Lesdits médias ne sont qu’une somme de diversités ne formant qu’une unité théorique: ils sont par définition différents, bons, mauvais, plutôt à gauche, plutôt à droite… Si une étude a démontré qu’en Belgique la majorité des journalistes se définissaient plutôt comme étant de gauche, rien n’indique pour autant que leurs idées orientent nécessairement leur travail. La porosité existe certes et est manifeste dans certains cas mais l’ériger en règle absolue est un peu simpliste. Comme il serait simpliste d’affirmer que la presse n’énonce que des vérités: elle se trompe aussi. Mais n’a-t-on pas la presse qu’on mérite?

Il est surtout intéressant d’observer que ce discours contre les médias est souvent porté par ceux dont le programme n’est pas le principal atout électoral ou qui ont quelques soucis avec les faits, jusqu’à tirer sur ceux qui les dénoncent ou les portent… Pour détourner l’attention? Manipuler l’opinion? Dans tous les cas, le jeu est dangereux. Pour la démocratie, avant tout. Dont la presse demeure l’un des éléments essentiels.

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