"Opération euro", suite et pas fin...
Qui aurait pu imaginer un tel scénario au début janvier 2010? Des chefs d’État obligés de sortir l’artillerie lourde avec un fonds de sauvetage, d’abord temporaire et ensuite permanent. Une Banque centrale européenne contrainte de doubler son capital en raison de ses (futurs) achats d’obligations d’État.
On a bel et bien frôlé le pire en cette année 2010: l’explosion de la zone euro. Herman Van Rompuy a beau jeu de dénoncer les marchés financiers qui n’ont rien vu pendant dix ans, avant de subitement se déchaîner. Mais peut-on leur jeter la pierre? La Grèce a triché pour entrer dans l’euro et l’Irlande a été incapable de gérer sa bulle immobilière et l’hypertrophie de ses banques. Dès la mi-2009, l’économiste français Christian Saint-Etienne avait tiré la sonnette d’alarme avec un ouvrage au titre prémonitoire: "La fin de l’euro". Rivalités, disparités économiques, manque de solidarité ne pouvaient que mettre la construction européenne en danger.
Avec la création de l’euro, la spéculation avait déserté le marché des devises nationales. Exit les crises de changes. Mais la spéculation est revenue de plus belle par la fenêtre des marchés obligataires qui, eux, sont restés nationaux. Et c’est là que les divergences sont apparues au grand jour, avec un petit peloton de tête, emmené par l’Allemagne et les Pays-Bas, et, loin derrière, ces pays qui tentent d’éviter le camion balai et la mise hors course (Grèce, Irlande, Portugal…). Entre ces deux groupes: la Belgique, tantôt dans la roue des meilleurs, tantôt décrochée lorsque la pente (de sa dette) se fait plus raide.
Avalisé au sommet de Bruxelles, le fonds de secours permanent est le bienvenu. Mais si on désire réellement empêcher les spéculateurs d’en scruter les failles (quels montants seront consacrés à ce fonds?), il faudra passer par la création d’obligations européennes qui remplaceront, en totalité ou en partie, les dettes nationales. Ce sera peut-être pour 2011, à la prochaine secousse importante.