Pas de double peine

"Un ‘réfugié’ syrien semble avoir participé aux attaques terroristes de Paris. La compassion humanitaire américaine pourrait être exploitée pour exposer les Américains à un danger mortel similaire." Ces mots n’émanent pas d’un quidam.

L’homme qui les a prononcés s’appelle Greg Abbott et gouverne le Texas. Dans une lettre à Barack Obama, il a annoncé qu’il "n’accepterait pas de réfugiés de Syrie".

Sans doute n’a-t-il pas encore connaissance de la présence d’un ressortissant belge parmi les assassins d’une centaine de personnes, vendredi dernier, à Paris. Car, selon cette même logique, il pourrait peut-être refuser l’accès à Houston ou Dallas de détenteurs d’un passeport belge. Voire demander à Tony Parker, la vedette de l’équipe de basket-ball de San Antonio, les "Spurs" avec lesquels "TP" a remporté quatre fois le titre en NBA ces dernières années, de retourner dans son pays de mangeurs de grenouilles. D’autant plus que Tony est né à Bruges, en Belgique, ce pays qui s’apparente à un nid de terroristes…

Les raccourcis sont des voies aisées, dans lesquelles il est facile de s’engouffrer, et qui font gagner un temps précieux. Celui de la réflexion. De la subtilité. Et finalement de la Justice. Greg Abbott a choisi ce chemin. Comme de nombreux autres ces derniers jours. Un choix que la peur, l’ignorance peuvent expliquer. Non excuser. Et certainement pas dans le chef d’élus du peuple. S’il est un moment où la raison doit se garder de l’amalgame, c’est plus que jamais dans ces jours obscurs où l’émotion domine.

Ceux qui fuient la violence en Syrie ou en Irak ne sont pas coupables de la mort des hommes et des femmes tombés sous les balles ou les éclats des explosifs du terrorisme islamiste. Ceux qui fuient cette violence ne peuvent être punis pour l’exportation de ce qu’ils fuient.