Plus de flexibilité mais sans forcer
Assouplir le travail en soirée et le week-end?
Faut-il assouplir l’organisation du travail en Belgique? La Fédération des entreprises le demande. Elle a fait ses calculs et estime que cela permettrait notamment de relancer le secteur du commerce. Si l’e-commerce a connu jusqu’ici un "faible développement dans notre pays", disent les entreprises, c’est d’abord parce qu’"il est difficile et onéreux d’organiser le travail de soirée et de week-end pour livrer rapidement au client les produits commandés". Du coup, des plateformes développées à l’étranger ont pris des positions envieuses en terres belges. Dommage, dit la FEB, qui réclame plus de flexibilité.
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Il est vrai que le monde a changé. On s’est d’abord étonné de la vitesse à laquelle un produit commandé en ligne nous était livré. On s’est ensuite, très vite, habitué à ce nouveau mode de shopping, ce "tout, tout de suite" devenu norme qu’on adoooore pratiquer en effleurant l’écran de son smartphone.
Changer notre manière de travailler, ce n’est pas qu’une question de compétitivité.
La façon de vendre et d’acheter a évolué bien plus vite que la manière d’organiser le travail. Il est légitime de s’interroger aujourd’hui sur le besoin de changer, là aussi.
Et c’est vrai qu’il y aurait du sens à élargir les horaires, dans le commerce, qu’il soit digital ou pas d’ailleurs. Et si je faisais mes emplettes tranquillement le dimanche, plutôt que de m’énerver dans la foule du samedi? Et si ma banque me recevait à l’heure qui m’arrange, plutôt qu’à celle qui lui convient?
Du point de vue du consommateur, on voit bien l’intérêt qu’il y a à assouplir les règles du jeu. En termes de mobilité aussi, cela pourrait apporter un peu de cette fluidité qui manque tant au pays. Même du point de celui qui travaille, des horaires décalés peuvent convenir.
Plus de flexibilité au travail, osons en parler. Mais avec le sens de l’équilibre. Ne balayons pas toutes les règles au nom d’un nouveau mode de consommation. Travailler le soir ou la nuit, ce n’est pas neutre pour la santé, la vie familiale et sociale. Tenons-en compte. Changer notre manière de travailler, ce n’est pas qu’une question de compétitivité.