Repenser le marché du travail

Editorialiste

BNP Paribas Fortis veut supprimer 2.500 jobs

Une fois de plus, BNP Paribas Fortis va couper dans l’emploi. Entre départs anticipés (payés en partie par la collectivité), non-remplacement des départs en retraite et autres mesures, la banque veut employer 2.500 personnes en moins à l’horizon 2021. Un job sur cinq.

C’est moche et, en même temps, c’est le reflet d’une économie qui se transforme, notamment sous l’effet d’un fort courant digital. Car on crée aussi des emplois en Belgique, la Banque nationale les a chiffrés à 220.000 en quatre ans. Certes, les emplois créés aujourd’hui sont souvent plus précaires que ceux d’hier: la part des contrats temporaires augmente sérieusement.

"Et si l’on consacrait son énergie à une véritable transformation du marché du travail?"

Paul Gérard
Journaliste

Pourquoi? Parce que le marché du travail en Belgique est grippé par une combinaison de facteurs toxiques: coûts salariaux élevés, rémunération à l’ancienneté qui pénalise les jeunes et finit par se retourner contre les anciens, vieillissement de la population, absence de gestion des fins de carrière, faible qualification d’une partie toujours importante de la population, baisse de la qualité moyenne des formations. N’en jetez plus.

Il est temps, grand temps, d’embrasser ces questions, de sortir des vieilles recettes qui ne fonctionnent plus, comme celle qui consiste à dégager les actifs en fin de carrière au motif qu’ils seraient trop chers et/ou inadaptés.

On n’a pas dit qu’il fallait tout casser, oublier les règles et l’histoire pour imposer la jungle sur le marché du travail. Bien sûr que non. Mais au lieu de discuter pendant des lunes de l’âge minimal pour la prépension ou d’une marge salariale maximale, si l’on consacrait son énergie à une véritable transformation du cadre organisant le marché du travail? Avec l’ambition que les 55 + y aient leur place et fassent gagner du temps aux jeunes en leur transmettant ce qu’ils savent. Que la formation (avant et pendant la carrière) soit en haut des priorités. Que le rythme de travail soit maîtrisé et non plus subi.

L’économie belge en a le plus grand besoin.

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