Spirale protectionniste
La Chine répond aux mesures américaines
Voici donc l’engrenage mis en branle. Il y a un mois, Donald Trump annonçait des barrières commerciales sur les importations américaines d’acier et d’aluminium. Dans son viseur: la Chine. Ce lundi, la voici qui réplique en bloquant 128 produits américains – pour 3 milliards de dollars par an.
Les reproches de Trump à Pékin ne sont pas neufs et ne concernent pas seulement les États-Unis.
Les roues dentées tournent d’un cran et elles ne vont pas s’arrêter là. Cette semaine, l’administration américaine doit accélérer la mécanique, en visant cette fois une série de produits chinois high-tech pour une valeur d’échange de 50 à 60 milliards de dollars. Pékin ne manquera pas de répondre.
Et le Président américain a prévenu que cette nouvelle décision n’était que la première "d’une longue liste": il a promis à ses électeurs de réduire l’énorme déficit commercial des États-Unis avec la Chine, il n’a pas l’intention d’y aller avec le dos de la cuiller. Les relations sino-américaines sont au bord du gouffre.
Les reproches de Trump à Pékin ne sont pas neufs, et ne concernent pas seulement les États-Unis. La Chine entretient à coups de financements d’Etat des surcapacités qui mettent en péril des industries concurrentes, entre autres en Europe. Et elle a très vite dépassé le modèle de "l’atelier du monde" grâce aux transferts de technologie que lui consentent entreprises et centres de recherches européens, notamment.
Face à Pékin, l’Europe n’a jamais vraiment haussé le ton, parce qu’une partie de son industrie trouvait son compte dans le statu quo, et parce que la Chine est un investisseur choyé. Contrairement à l’Amérique de Trump, l’Europe ne pratique pas l’attaque frontale et n’exige pas un changement de paradigme immédiat, au risque de déclencher une spirale protectionniste – de s’infliger en temps de paix ce que son ennemi chercherait à lui faire en temps de guerre, pour paraphraser l’économiste américain Henry George.
Pour autant, les échanges avec la Chine doivent faire l’objet d’un rééquilibrage progressif. Après avoir longtemps pratiqué un libre-échangisme béat, l’Union doit participer à la quête d’un nouvel équilibre.
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