Uber, ni héros ni démon
Uber en défenseur de l’innovation? Simpliste
Plus un jour ne passe sans qu’Uber ne fasse la une des journaux, que ce soit à propos d’une énième bagarre juridique ou physique avec des taxis, ou d’attaques en justice pour d’autres motifs. Peu d’entreprises peuvent se targuer d’avoir suscité des réactions aussi épidermiques, d’autant que le client lambda, lui, se précipite souvent sur le service, moitié moins cher que ce qu’il a toujours connu. Un peu comme Ryanair à l’époque: le secteur criait à la concurrence déloyale, au dumping social. Pendant que d’autres prenaient l’avion pour la première fois. La comparaison ne s’arrête pas là: les deux groupes sont dirigés par des personnes parfois difficiles à aimer. Quand un cadre d’Uber propose de trouver des crasses à raconter sur les journalistes trop critiques, ou qu’un autre affirme fièrement pouvoir déterminer si un de ses clients est infidèle, on n’est pas loin des sorties de Michael O’Leary,lorsqu’il proposait une surtaxe pour les clients en surpoids. Aujourd’hui, Ryanair irrite toujours beaucoup de monde mais est devenu incontournable et a calmé le jeu. Est-ce que ce théorème du trublion s’appliquera aussi à Uber?
Uber irrite le secteur et séduit le public. Il profite d’un rôle de héros de l’innovation que les taxis lui ont offert sur un plateau.
Difficile à dire: la "start-up" vaut plusieurs dizaines de milliards de dollars et se lance dans de nouvelles villes chaque semaine. Mais ses comportements de cow-boys et sa gestion douteuse des données personnelles pourraient coûter cher au groupe. Une attitude qui reste toutefois confinée aux marchés sur lesquels Uber s’est imposé et où il fait par ailleurs preuve d’une agressivité effrayante face à la concurrence. Partout ailleurs, la firme joue plutôt la carte du "pourquoi-tant-de-haine?" et de "l’avenir-nous-donnera-raison". Là où les coups de pression répétés des taximen ont certes, apparemment, convaincu les autorités bruxelloises, mais ont aussi renforcé le sentiment dans le public d’une logique corporatiste et posé le secteur dans le rôle peu enviable d’"ennemi de l’innovation", attaché à des acquis d’un autre âge. Une dialectique parfaite pour Uber, mais erronée: Uber ne défend pas la nouvelle économie dont il se réclame, Uber ne défend qu’Uber. Et les taxis ne défendent que les taxis. À charge des autorités d’effectuer un réel arbitrage, sans céder à la facilité.
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