Un choix idéologique, une faute budgétaire

Journaliste

Payer des travailleurs à rester chez eux, c’est mal. Mais au nom de la moralité, l’État fait une faute budgétaire.

Le gouvernement Michel a décidé de tacler les "pensions 2.0". Ce filon trouvé par ING pour éviter les licenciements dans le cadre de sa restructuration. Une bonne idée? Pas sûr du tout…

Pour les distraits, ING a proposé de payer 1.500 de ses employés – les plus âgés – à rester les doigts de pied en éventail à la maison. D’autres entreprises trouvent l’idée merveilleuse. Cela évite les licenciements. C’est un bon filon pour éviter la législation qui décourage – c’est peu dire… – les prépensions.

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Le bon filon, on vous dit. Car au final, personne n’y perd gros. L’employé gagnera un peu moins (entre 60 et 80% de son salaire, soit l’équivalent d’une pension), et il peut toujours – sans y être obligé – retravailler (et là, sauf sur le plan fiscal, c’est bingo, il touchera deux salaires). Ou il peut refuser le système (mais l’histoire ne dit pas ce qui lui arrivera…).

Payer des travailleurs à rester chez eux, c’est mal. Mais au nom de la moralité, l’État fait une faute budgétaire.

L’entreprise aussi, n’y perd pas. Cela coûte moins cher qu’un plan de restructuration. Cela évite de payer un pont en prépension (chômage avec complément d’entreprise). Car depuis 2012, le taux de cotisation a explosé: pour un travailleur de 52 ans, l’entreprise doit aujourd’hui payer 150% de cotisations patronales! Que pensez-vous, ce n’est pas pour rien que le patron d’ING Belgique, Erik Van Den Eynden, ne décolère pas contre Kris Peeters, à la manœuvre pour contrer ses plans…

Cela dit, en prétendant la bouche en cœur que le système n’empêchera pas les employés de retravailler, Erik Van Den Eynden se montre peut-être un poil naïf. Voire carrément hypocrite… Car des quinquas prêts à reprendre leur baluchon pour frapper aux portes des entreprises dans l’espoir de se faire embaucher, plutôt que de couler une retraite heureuse, cela ne doit pas courir les rues… On sourit déjà moins.

Cette déclaration est aussi un poil paradoxale. Car si ING ou d’autres entreprises se défont de ces quinquas, il ne faut pas se leurrer, c’est parce que leur productivité et leur motivation – aux yeux de leur patron – ne sont plus à la hauteur de leur salaire… Qui les embauchera? On sourit encore moins.

Et pour l’État? Avec cette "pension 2.0", le budget de l’État est gagnant. Les cotisations sociales continuent de rentrer dans les caisses de la sécu, on ne pompe pas sur le budget du chômage, et cela ne change rien au budget des pensions.

Le seul bémol est, au final… moral. Payer des travailleurs à rester chez eux, c’est contraire au discours ambiant qui dit "il faut travailler plus longtemps". C’est mal. Mais au nom de la moralité, le Fédéral fait une faute budgétaire. Car d’un système qui ne coûte rien à l’État, il se retrouvera à devoir composer avec une nouvelle hausse des chômeurs âgés (ING l’a promis, ils seront licenciés). Des coûts supplémentaires pour la sécu, une charge de travail en plus pour les organismes de placement. Et là, on ne sourit plus. Du tout.

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