Rédacteur en chef

Le bourgmestre de Bruxelles démissionne.

Le mayorat de Mayeur aura été à son image: fulgurant, terrible et abrupt. Appelé à succéder, en décembre 2013, à la bonhomie d’un Freddy Thielemans déclinant, l’élégant quinquagénaire a d’emblée imposé sa marque et, contre la terre entière (ou presque), son "piétonnier", fol projet ostracisant la reine automobile du cœur de la capitale. Et le voici qui chute, bêtement, serait-on tenté d’écrire, non sur cette ambition pédestre qui lui vaudra l’ire éternelle d’aucuns, mais sur un chèque de 700 euros mensuel.

Yvan Mayeur a certes fauté mais il aura surtout dérangé. Qu’est-ce qui l’a abattu? La faute ou le reste, telle est la véritable question.

Ce n’est pas le montant qui compte, c’est le manque d’éthique, argueront certains. Pas faux. Surtout par les temps de moralisation qui courent. Publifin par-ci, Kazakhgate par-là… Nombre de mandataires ont déçu, sali la fonction et éclaboussé leurs pairs. Et le citoyen de réclamer, avec légitimité et à-propos, davantage de moralité dans l’exercice du pouvoir.

L’"affaire du Samusocial" sur laquelle trébuche donc Yvan Mayeur, demeure néanmoins nébuleuse. Et ne semble reposer que sur une question sans véritable réponse aujourd’hui: le bourgmestre de Bruxelles a-t-il perçu 700 euros par mois pour un travail réel ou non? Si la réponse est non, la démission s’imposait. Comme des poursuites judiciaires d’ailleurs. Dans le cas contraire, c’est assez stupide: Yvan Mayeur n’ignorait pas que l’air du temps n’est ni au cumul, ni aux compléments de rémunération. Trop gourmand? Trop attaché à son bébé (l’homme est l’un des pères de l’association)? Sans doute les deux.

Si ce dernier scénario se confirme (payé pour travailler), le dossier exhalera surtout un dérangeant parfum de lynchage politico-médiatique. Car, somme toute, l’affaire du Samusocial poursuit Yvan Mayeur depuis sa nomination. Mais c’était avant que le bourgmestre ne piétonnise, ne défie à maintes reprises son président de parti, ses coreligionnaires socialistes à la Région ou ne rêve de construire un stade de football digne d’une métropole européenne. Yvan le terrible a certes fauté mais il aura surtout dérangé. Est-ce la faute ou le reste qui l’a abattu? Telle est la véritable question.

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