L'enseignement et la formation devraient être vécus davantage comme une chance. “Or, pour beaucoup, l'apprentissage tout au long de la vie est aujourd’hui ressenti comme une contrainte, presque une punition”, déplore Jeroen Franssen, chef de projet “Be the change” et expert du marché du travail chez Agoria.
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“Comment miser davantage sur l'enseignement et la formation tout au long de la vie? D'une part, en faisant travailler les jeunes plus tôt; de cette façon, ils font plus vite l'expérience de l'impact et des effets de la connaissance dans la pratique. D'autre part, il faut permettre aux personnes qui travaillent d'apprendre plus longtemps. À condition qu’elles créent des opportunités, les formations tout au long de la vie seront perçues une chance et non une contrainte. Offrez à vos collaborateurs la possibilité d'expérimenter un rôle différent dans l'entreprise: ils pourront ainsi apprendre par la pratique et découvrir si ce rôle leur convient.
Apprécier plutôt que corriger
Nous avons besoin de formes d'apprentissage moins conscientes. En apprenant les uns des autres, par exemple. C'est encore trop rare. Pourtant, il s’agit d’un merveilleux moyen de transmettre des connaissances à autrui, en franchissant souvent la barrière des générations, de manière humaine et expérientielle. L'apprentissage par le jeu est un autre exemple. La gamification peut stimuler l'envie d'aller toujours plus haut et plus loin. En offrant une plateforme qui met les personnes au défi sur un mode ludique, comme dans le sport.
Dans “Be the change”, un podcast d'Agoria réalisé en collaboration avec Echo Connect, nous soumettrons une série d'affirmations fortes à Julie Foulon, Jean-Jacques Cloquet et Julie Henry. Avec Jeroen Franssen, expert en Talent et Marché du travail chez Agoria, nous analyserons et discuterons ensuite de leur vision.
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Dans notre culture, le fait de ne pas bien apprendre entraîne trop fréquemment une forme ou une autre de punition. Notre éducation souligne les erreurs au stylo rouge. Peut-être serait-il préférable d'utiliser du vert pour mettre en avant ce que l’élève maîtrise, et le pousser à expérimenter et à développer son esprit d'entreprise. Nous devons multiplier, dans nos méthodes d'enseignement, les points de contact avec les nouvelles technologies et les nouveaux environnements. Lorsque les personnes s'y plongent durant un certain temps, elles peuvent accroître leur employabilité – ou du moins en tirer des leçons. Quoi qu'il en soit, nous devons envisager l'apprentissage et les performances dans un contexte d'appréciation plutôt que de correction.
Collaboration entre l’enseignement et le monde de l’entreprise
On entend souvent dire que l'offre d'enseignement est insuffisamment adaptée aux besoins actuels du monde des entreprises. Or, il est impossible d’intégrer l’ensemble des nouveaux modèles commerciaux, développements et technologies dans les formations et les programmes d'études. Par ailleurs, exposer les pratiques commerciales dans l'enseignement peut être intéressant pour illustrer le contexte économique et faire la démonstration de nouvelles technologies. La mise en contact des jeunes avec les entreprises reste donc nécessaire.
Les expériences pratiques doivent être échangées partout et à tout moment. Il faut amplifier les phénomènes de pollinisation croisée, entre élèves comme entre enseignants. En outre, l'enseignement offre une valeur ajoutée aux entreprises – un univers qui manque de compétences pédagogiques. Peut-être l'enseignement inspirera-t-il les entreprises et les organisations autour des méthodes d'apprentissage… Une chose est sûre, nous devons proposer davantage de projets d'entreprise aux jeunes ou inviter les professionnels dans les salles de classe. La pollinisation croisée entre étudiants, enseignants et entreprises permettra de brouiller les frontières et, espérons-le, de les effacer une fois pour toutes. À son tour, cette évolution rendra possible un monde unique d'études et de connaissances, en interaction permanente.
Apprendre en 2030
Je pense qu'en 2030, nous apprendrons principalement par l'expérience et le plaisir. Mais aussi par le biais de chapitres courts et percutants. Comme une forme de microapprentissage. Les longs programmes de formation laisseront probablement la place à une multitude de confrontations avec de très brefs contenus d'apprentissage. D'ici là, on peut espérer que nous apprendrons davantage les uns des autres. Et afin de conserver leur ‘valeur marchande’, les établissements d'enseignement supérieur et les universités peuvent proposer leurs diplômes avec une sorte de ‘contrat d'entretien’. Ainsi les diplômés pourront-ils continuer à actualiser leurs connaissances et leur expérience.
D'ici à 2030, nous apprendrons probablement beaucoup plus qu'aujourd'hui, grâce à la méthodologie qui nous conviendra le mieux. Certaines personnes apprennent mieux par la vue, d'autres par l’ouïe, d'autres encore par le mouvement. À l'avenir, les méthodes d'apprentissage sur mesure foisonneront. La technologie, avec sa diversité d’outils et d’applications, prouvera sans aucun doute son utilité. Au final, chacun pourra apprendre de la façon la plus naturelle et intuitive possible, tout au long de sa carrière.”
Jeroen Franssen, chef de projet “Be the change” et expert du marché du travail chez Agoria