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“La philanthropie possède une vraie puissance fédératrice”

Silvia Steisel, directrice exécutive Degroof Petercam Foundation et Ariane Joris, directrice de la planification patrimoniale.

Comment s’assurer de l’impact réel de l’engagement philanthropique d’une entreprise? La maison d’investissement Degroof Petercam a notamment opté pour la création d’une fondation, devenue l’une des plus importantes de notre pays. Sa directrice exécutive, Silvia Steisel, et la directrice de la planification patrimoniale, Ariane Joris, détaillent les choix établis par Degroof Petercam afin que les actions menées fassent la différence sur le terrain.

Comment aller au-delà du simple don, de ce qu’on appelait autrefois la charité, pour passer à une philanthropie d’impact structurée et répondant aux exigences actuelles d’efficacité?

Silvia Steisel: “Il existe plusieurs critères essentiels. Il faut bien connaître le terrain, échanger régulièrement avec les acteurs et les interlocuteurs impliqués, identifier l’expertise de ces organisations, de ces personnes, et la valoriser. Ensuite, il faut être capable de faire confiance à ces équipes, une fois qu’on les a repérées. Éviter le paternalisme, ne pas vouloir les contrôler sans cesse, même si on leur attribue des fonds importants, qui peuvent aller jusqu’au million d’euros. C’est d’ailleurs l’un des principes de la Fondation Degroof Petercam: nous prenons des engagements forts, en évitant le saupoudrage couramment utilisé, ailleurs, pour un effet d’affichage, car le nombre peut créer l’illusion d’une activité intense.

Concrètement, nous choisissons un projet par an, toujours lié à l’innovation sociale pour le travail au sens le plus large – accès à l’emploi, formation, lutte contre le plafond de verre, etc. – à qui nous faisons un don d’un million pour poursuivre sa croissance et nous l’accompagnons pendant 5 ans. Nous avons opté pour ce fil rouge du travail parce qu’il correspond aux valeurs de notre groupe. Le travail, socle de l’économie, est à l’origine de toute prospérité.”

Ariane Joris: “La crise financière de 2008 a amené une prise de conscience, au sein du secteur financier, sur le rôle et les responsabilités des banques. Une partie d’entre elles ont réalisé qu’elles étaient idéalement placées, à l’interface entre actionnaires, clients et organisations, pour mener des actions philanthropiques. Cela complète notre accompagnement patrimonial habituel, avec ses volets civils, fiscaux et bien sûr humains. Recevoir un vaste patrimoine est une chance, mais cela peut aussi représenter une charge, des responsabilités, par exemple vis-à-vis des employés d’une entreprise familiale. Parmi nos 18 estate planners (planification patrimoniale), quatre sont spécialisés dans l’accompagnement philanthropique. Nos clients ont conscience d’être des privilégiés et veulent que leurs actions aient un impact.”

Quel type de projets la Fondation Degroof Petercam soutient-elle?

Silvia Steisel: “On peut citer Duo for a Job, un programme belge de mentorat pour les jeunes issus de l’immigration. Ainsi que Bob Emploi, une plateforme qui recourt à l’intelligence artificielle pour aider les chercheurs d’emploi à améliorer leur employabilité. C’est une initiative française, car nous sommes présents dans d’autres pays européens. Je pense également à Ticket for Change, un programme de plaidoyer pour les métiers de l’environnement et du social. Nous participons par ailleurs au financement d’un accompagnement des demandeurs d’emploi pour que les périodes de chômage soient vécues comme enrichissantes (Activ’Action), et à celui d’une initiative portant sur l’égalité des chances pour les jeunes issus des milieux ruraux (Chemins d’avenirs).”

Plus généralement, quels sont les domaines d’intervention recherchés par vos clients?

Ariane Joris: “On ressent nettement un besoin d’agir à l’échelle locale, près de chez eux. Cela peut être ponctuel ou pérenne, aller de simples donations à une oeuvre au soutien en faveur de la sensibilisation au handicap, au développement de projets régionaux, en passant par la création de fonds dédiés, d’une asbl, d’une fondation… Souvent, l’histoire personnelle ou familiale ouvre les yeux, on découvre par exemple que la vie à l’hôpital n’est pas toujours très agréable, la nécessité d’accélérer la recherche sur certaines maladies, et cela oriente l’action philanthropique.”

On voit des familles donner la moitié des revenus de leur holding, alors que les montants habituels tournaient plutôt autour de 1 à 5%.

Silvia Steisel
Directrice exécutive, Degroof Petercam Foundation

Silvia Steisel: “L’idée est aussi d’ouvrir les horizons de nos clients en matière d’actions à financer. La fondation, qui dispose de 2 millions d’euros de budget annuel dédié à la philanthropie en plus d’une activité d’investissement « à impact », emploie quatre personnes à plein temps, a été à l’initiative d’une application, Better. Elle permet de voir à qui l’on peut donner, quelles thématiques soutenir, quelles actions sont menées par telle ou telle asbl. C’est un peu le Netflix de la philanthropie, une plateforme présentant un menu très riche dans lequel on pioche. En outre, nous sommes très impliqués dans la sensibilisation de nos clients, pour qui nous organisons des rencontres avec des acteurs internationaux comme Muhammad Yunus pour le microcrédit, Shirin Ebadi pour les droits des femmes en Iran, une descendante de la famille Rockefeller pour évoquer les initiatives menées par sa famille, des scientifiques de haut vol sur des sujets de santé ou de climat, etc.”

Quelles leçons tirez-vous des actions menées ces dernières années?

Silvia Steisel: “Que la philanthropie est puissamment fédératrice. Elle rassemble les générations, même si ce sont fréquemment les jeunes qui donnent l’impulsion. Nous avons tous conscience que les défis sociétaux sont grands mais ils ressentent l’urgence d’agir fortement, voire radicalement. On voit des familles donner la moitié des revenus de leur holding, alors que les montants habituels tournaient plutôt autour de 1 à 5%. Et la philanthropie fait du bien de tant de façons! Un de nos clients est venu me dire à la fin d’une conférence: ‘Merci, grâce à vous, je comprends mon fils.’ Certains clients m’ont confié que la découverte de la philanthropie avait changé leur vie.”

Les collaborateurs sont-ils impliqués dans la mission philanthropique de Degroof Petercam?

Ariane Joris: “Bien sûr! Ils peuvent consacrer quatre journées de travail par an à des actions associatives, assurer leurs mandats dans des asbl sur leurs heures de bureau. Le temps humain est un bien précieux… Et nous proposons aux volontaires d’arrondir vers le bas, à la décimale qu’ils souhaitent, leur salaire, et ce, à partir d’un euro. La somme ainsi collectée est doublée par l’entreprise; le total, soit 30.000 à 40.000 euros sur l’année, est attribué par un vote à une oeuvre. Cette année, c’était pour les Restos du coeur, très touchés par l’inflation.”

LA PHILANTHROPIE CHEZ DEGROOF PETERCAM, UN RAPIDE HISTORIQUE

“En 2007, plusieurs de nos actionnaires, philanthropes euxmêmes, ont réalisé qu’il existait, au sein de notre clientèle, une demande pour être accompagné en philanthropie”, relate Silvia Steisel. “Une branche spécifique dédiée à la philanthropie a été créée au sein de notre maison. C’était une initiative pionnière en Belgique, qui s’inspirait d’ailleurs du modèle anglo-américain, où la tradition du don privé est plus présente, notamment parce que l’Étatprovidence y était moins développé. Sans fausse modestie, cette division a donné un coup d’accélérateur à toute la philanthropie belge. Et en 2009, pour mieux structurer et organiser la philanthropie de l’entreprise ellemême, nos actionnaires ont créé la Fondation Degroof Petercam (DPF), que j’ai la chance de diriger.”

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