Déjà célébrée par le Deloitte’s Technology Fast 50 en 2015 et 2018, OncoDNA est à nouveau lauréate de la catégorie Biotechnology/Pharmaceuticals. Forte d’une croissance de plus de 180% sur quatre ans, l’entreprise de Jean-Pol Detiffe vient tout juste de réussir une OPA amicale sur le leader français du séquençage ADN.
Jean-Pol Detiffe est déjà un habitué du classement Deloitte’s Technology Fast 50. “Nous avons été élus ‘Most Disruptive Innovator’ en 2015, avant d’être couronnés dans la catégorie Healthcare & Life Sciences en 2018”, rappelle le CEO d’OncoDNA, qu’il a fondé en 2012.
“C’est la deuxième entreprise que je lance dans l’ADN”, confie l’entrepreneur originaire de la région de Chimay. “La première était plutôt destinée à l’industrie pharmaceutique. Puis j’ai eu envie de me mettre au service du patient et de l’oncologue. OncoDNA développe une approche personnalisée du traitement du cancer. À ce jour, nous avons aidé plus de 20.000 patients dans le monde. Grâce à notre immense base de données, nous participons au choix du traitement le plus adapté à chaque personne et à sa tumeur spécifique. L’idée est de ne plus perdre de temps en se contentant d’une approche purement statistique. La personnalisation est au cœur de notre démarche, car en matière de cancer, le temps est un facteur primordial, littéralement vital.”
Analyse à distance
Avec un chiffre d’affaires dépassant 5 millions d’euros cette année, la croissance d’OncoDNA est d’abord organique, via un réseau de distribution présent dans plus de 50 pays et qui ne cesse de grandir. “Plus de 3.000 oncologues ont testé nos solutions”, souligne Jean-Pol Detiffe. “Le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Et de nombreux patients parlent de nos solutions à leur spécialiste.”
Nous touchons actuellement 10 à 15% seulement des oncologues. Si nous étions remboursés par la sécurité sociale, nous pourrions tous les atteindre.
Pour faire face aux réticences de certains oncologues étrangers à envoyer l’échantillon physique d’ADN au site belge d’OncoDNA, Jean-Pol Detiffe et ses équipes ont développé un système d’analyse et d’interprétation à distance dès 2017. “Les laboratoires peuvent ainsi télécharger dans notre système les données tirées du séquençage ADN de la tumeur de leur patient. Nous l’analysons et fournissons un rapport détaillé. C’est l’une de nos forces et de nos particularités: l’alliance de solutions physiques et logicielles. Cela nous a permis d’accroître le nombre de patients aidés par nos solutions, mais aussi celui de nos collaborations avec des laboratoires pharmaceutiques.”
Diagnostic vs traitement
L’année 2019 s’est révélée un très bon cru pour l’entreprise. “Nous avons réussi une levée de fonds de 21 millions d’euros fin 2019-début 2020, afin de financer notre croissance mais aussi notre déploiement aux États-Unis. S’il s’agit du plus gros marché au monde dans notre secteur, c’est aussi le plus concurrentiel pour nous, avec nos deux plus importants rivaux. Sans parler des contraintes réglementaires…”
L’avenir semble néanmoins radieux pour Jean-Pol Detiffe. L’OPA amicale lancée sur le leader français du séquençage ADN, IntegraGen, dont le succès a été annoncé ce mois-ci, doublera la taille de sa société (de 50 collaborateurs à plus d’une centaine) et triplera son chiffre d’affaires. Quant à ses marges de progression, elles sont impressionnantes: “Nous touchons actuellement 10 à 15% seulement des oncologues. Si nous étions remboursés par la sécurité sociale, nous pourrions tous les atteindre. De ce point de vue, l’année 2020 est encourageante: crise du coronavirus oblige, le diagnostic reprend du terrain face au traitement. En ciblant mieux et plus tôt le meilleur traitement, nos solutions pourraient faire économiser beaucoup d’argent à l’État.”