L’époque où un compte d’épargne bien garni suffisait à maintenir à niveau ses capacités financières est révolue. La hausse de l’inflation entraîne une perte de pouvoir d’achat. Pour y échapper, il faut mettre votre capital au travail. Et plus que jamais, la meilleure manière d’y parvenir consiste à investir.
L’année boursière 2018 avait très bien débuté avec une hausse des cours des actions. Malheureusement, la tendance s’est inversée après un mois à peine. Les marchés d’actions ont subi une sévère correction qui s’est encore accélérée ces derniers mois, et de nombreux indices européens affichent désormais une perte de plus de 10% par rapport au niveau du début de 2018. Dans ce contexte, nous avons vu les taux d’inflation progresser tant aux États-Unis que dans la zone euro, et cette tendance devrait se poursuivre pendant la prochaine année civile. “Pour 2019, nous prévoyons une inflation de 2,6% aux États-Unis et de 1,7% en Europe”, chiffre Lazlo Belgrado, Head of Fixed Income chez KBC Asset Management.
Préserver son pouvoir d’achat
Cette prédiction repose notamment sur les tensions accrues qui règnent sur le marché du travail, avec une hausse prudente des salaires. Cette accélération de l’inflation implique de veiller à ne pas perdre de pouvoir d’achat. “Ne restez pas les bras croisés”, conseille Tom Mermuys, Head of Investment Strategy chez KBC Asset Management.
“Avec une inflation annuelle de 2% – l’objectif de la BCE – vous aurez besoin de quelque 126 euros en 2030 pour acheter ce que vous pouvez acquérir aujourd’hui avec 100 euros. Et il est impossible d’y parvenir avec un compte d’épargne au taux d’intérêt d’environ 0,11%. Cela peut sembler étrange en cette période de marasme boursier, mais la principale raison d’investir reste la volonté de préserver et d’accroître son pouvoir d’achat. De nombreuses personnes ont oublié ce principe dans un environnement de faible inflation de ces dernières années.”
Optimisme prudent
KBC AM demeure optimiste pour 2019. Avec une croissance économique attendue de 3,6%, la conjoncture est toujours favorable. Les marges bénéficiaires sont certes sous pression, mais elles se maintiennent à des niveaux très intéressants. “Nous escomptons une poursuite de la hausse des bénéfices des entreprises et, avec un rapport cours/bénéfice de 15 aux États-Unis et d’un peu plus de 12 dans la zone euro, les marchés affichent des valorisations séduisantes”, avance Tom Mermuys.
Selon KBC Asset Management, les Bourses devraient renouer avec une tendance positive en 2019. “Nous tablons en outre sur une prolongation de la hausse des taux, tant aux États-Unis que dans la zone euro”, embraie Lazlo Belgrado. “Dans la zone euro surtout, une certaine normalisation s’impose sur le front des taux. Elle sera soutenue par la croissance économique convenable et une banque centrale qui commence à réorienter sa politique.” C’est une moins bonne nouvelle pour de nombreux investisseurs en obligations. Car une hausse des taux d’intérêt pèse mécaniquement sur la valeur des obligations.
“Cette perspective nous a contraints à intervenir: chez nous, les obligations ont un poids nettement inférieur à la moyenne”, indique Lazlo Belgrado. “De plus, nous limitons notre vulnérabilité dans ce segment en abaissant la sensibilité aux taux d’intérêts des portefeuilles en optant pour des maturités courtes.”
“Pour les investisseurs débutants, l’épargne par le biais de plans d’investissement présente de nombreux avantages. Ainsi, elle est possible avec des montants limités et offre des moments d'achat immédiatement attractifs et étalés dans le temps.”
Pourtant, les obligations conservent leur utilité dans le portefeuille d’investissement, poursuit Tom Mermuys: “Elles jouent un rôle important de stabilisateurs en amortissant les fluctuations des marchés d’actions.” “Mais ce n’est pas le cas pour toutes les obligations”, nuance Lazlo Belgrado.
“Dans leur quête de taux d’intérêt plus élevés, de très nombreux investisseurs en obligations sont montés d’un cran sur l’échelle des risques. Et ce n’est pas sans danger. Ainsi, les obligations ‘poubelle’ offrent un rendement plus élevé, mais elles sont très exposées dès qu’une tempête se lève sur les marchés financiers. Et à ce moment, il n’est plus question de stabilisation.”
Investissement ou compte d’épargne
Nous nous dirigeons donc vers un climat dans lequel ce sont avant tout les actions qui devront permettre une appréciation du portefeuille d’investissement. Les perspectives de rendement sont certes légèrement inférieures aux moyennes historiques, mais soyons clairs: bien que le compte d’épargne classique semble intéressant dans une période d’incertitudes, il est toujours payant d’investir.
“En particulier à long terme”, souligne Lazlo Belgrado. “En tenant compte de l’inflation attendue, il est possible que le pouvoir d’achat de ceux qui investissent dans un fonds mixte augmente d’un cinquième d’ici à 2030. Et pour un investisseur dynamique, la hausse pourrait atteindre 40%. Bref, investir demeure une option attractive.”
Accent sur l’Europe
KBC AM entrevoit un vif potentiel de croissance de la zone euro. La région est restée nettement en retrait au troisième trimestre de 2018, notamment en raison de la faiblesse de la croissance économique. Il ne faut pas chercher longtemps les explications: la guerre commerciale, les inquiétudes liées au Brexit, les manœuvres politiques en Italie et la très faible croissance en Allemagne.
Toutefois, plusieurs de ces facteurs sont de nature temporaire. La croissance économique de la zone euro devrait ainsi retrouver sa vitesse de croisière au cours des prochains mois. La tendance fondamentale demeure positive, avec des créations d’emplois et une accélération de la croissance des investissements. “Nous ne voyons aucune raison pour laquelle l’Allemagne, moteur économique de l’Europe, devrait à nouveau rester en retrait au cours des trimestres à venir”, analyse Tom Mermuys. “
De nouvelles mesures ont eu un impact sur l’important secteur automobile, mais elles sont à présent quasi digérées. Et si l’Italie fait finalement marche arrière – c’est notre scénario – l’économie pourra également s’y redresser.” “En outre, il ne faut pas se laisser déstabiliser par des éléments perturbateurs comme le conflit commercial avec les États-Unis ou le Brexit. Il ne faut certes pas les ignorer, mais souvent, ils ont surtout une influence sur le sentiment. Une évolution positive, la dissipation d’inquiétudes ou simplement l’accoutumance peuvent suffire à pousser les cours des actions à la hausse.”
Quand investir? Maintenant!
Faut-il être un expert pour investir? Absolument pas. Même les investisseurs moins expérimentés peuvent se lancer, grâce aux fonds de placement où les experts travaillent pour vous. De plus, de très nombreuses formules combinent plusieurs techniques d’investissement et offrent ainsi plus ou moins de protection selon l’appétit de chacun. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est rester les bras croisés.
Tout le monde recherche le moment idéal pour investir. Or, ce moment est très difficile à déterminer et souvent, il relève davantage de la chance que du savoir-faire. Il y a toujours une controverse ou un motif d’incertitude. Quoi qu’il en soit, l’économie continue de progresser, et c’est le principal.
Car cette croissance soutient les bénéfices des entreprises, qui pousse tôt ou tard les cours des actions à la hausse. Les investisseurs qui restent régulièrement et longtemps sur la touche se privent ainsi d’un important rendement potentiel.
Tom Mermuys, Head of Investment Strategy chez KBC Asset Management