Au plus tard un an et demi avant votre pension, le Service Pensions vous contacte pour préparer votre demande de pension. Mais avant cet âge, comment se préparer au mieux à cette échéance? Les réponses d’Eric Slagmuylder, conseiller général au Service fédéral des Pensions (SFP).
Je suis en début de carrière. Que puis-je faire?
“En règle générale, plus vous êtes jeune, moins vous devez vous soucier du montant précis de votre pension. En effet, d’ici la fin de votre carrière, de nombreuses variations de salaire et modifications réglementaires peuvent encore intervenir. Obtenir une estimation précise n’a pas trop de sens quand on est jeune. En revanche, que vous ayez 20, 30, 40 ou 50 ans, il est intéressant pour vous de réfléchir aux conséquences de vos choix de carrière sur le moment et le montant de votre future pension. Vérifiez toujours bien sur le site mypension.be si vos données de carrière sont en ordre et complétez-les si nécessaire.”
J’approche des 57 ans. Que va-t-il se passer?
“Vous êtes à 10 ans de ce qui sera à terme – précisément à partir du 1er février 2030 – l’âge de départ de référence, soit 67 ans. On a constaté que c’est à l’âge de 57 ans que la pension devient une préoccupation importante pour nos concitoyens. Quel que soit le régime dans lequel vous travaillez, allez consulter le site www.mypension.be afin de préparer votre départ à la retraite.
Un conseil si j’envisage un crédit-temps, un congé parental, une interruption de carrière?
“Un nombre croissant de nos concitoyens recherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ils se dirigent vers ces mécanismes mais peu sont conscients des conséquences sur leur pension. Effectuer un calcul sur le simulateur de mypension.be n’est pas encore possible actuellement pour ces situations, ni forcément probant en début de carrière, car l’échéance est trop longue.
Pour ces matières, consultez toujours les sites Web très complets de l’INASTI pour les indépendants (www.inasti.be) et du Service Pensions pour les autres régimes (www.sfpd.fgov.be). Si vous avez encore des questions après, vous pouvez contacter l’administration concernée pour être conseillé. À terme, le site mypension.be sera de plus en plus complet, et je recommande d’y mettre à jour vos données et de les consulter régulièrement, notamment à chaque changement professionnel.”
Dois-je opérer mes choix de carrière en fonction de l’impact sur ma retraite?
“Cela me semble exagéré. Mais il faut en tenir compte, idéalement. Si l’on craint de ne pas bénéficier d’un niveau de vie suffisant, mieux vaut commencer à se constituer une épargne-pension à 25 ans plutôt qu’à 57. Plus largement, chaque régime a des avantages distincts. Celui des fonctionnaires étant construit sur une logique de taux de remplacement important, il s’avère aujourd’hui plus avantageux que celui du privé et a fortiori que celui des indépendants. Mais parallèlement, le régime des fonctionnaires ne comporte que le ‘premier pilier’. Le politique mène une réflexion pour limiter les disparités de pension découlant des différences de régimes.”
J’ai travaillé dans plusieurs régimes – fonctionnaire, indépendant, salarié. Dois-je effectuer des démarches particulières?
“Le cadre réglementaire assure une bonne coordination entre les régimes, avec une prise en compte efficace de l’ensemble de la carrière, par exemple si l’on souhaite partir avant l’âge légal. Le site mypension.be permet de vérifier la prise en compte des périodes effectuées dans chaque régime. Si l’on repère des périodes manquantes, il faut le signaler sans attendre. Le Service Pensions entreprend alors des démarches pour actualiser les données. Si vous consultez régulièrement vos données sur mypension.be et que vous les mettez à jour en temps réel, le système vous fournira des estimations et simulations d’une qualité encore accrue.”
J’ai travaillé à l’étranger. Cela change-t-il quelque chose pour ma pension?
“Tout dépend de votre statut. Pour les frontaliers résidant en Belgique, le Service Pensions centralise les démarches de valorisation des périodes dans le pays tiers. Pour les travailleurs dits migrants, les détachements courts offrent la possibilité de garder le rattachement à la Sécurité sociale belge. Pour les durées plus longues, on cotise dans le pays d’accueil. Au sein de l’UE et pour les nombreux pays avec lesquels la Belgique a signé une convention bilatérale – la liste se trouve sur le site du Service Pensions – la valorisation de la carrière est aisée. La récupération des données prend parfois un peu de temps; une ‘décision provisoire’ peut alors être prise pour octroyer des versements en attendant les éléments complémentaires. Pour des États n’ayant pas conclu de convention (comme la Chine et la Russie, par exemple), aucune garantie n’existe: il faut négocier des compensations, ou un maintien de la cotisation belge via le régime de sécurité sociale outre-mer, géré par l’ONSS, avec son employeur.”