Une plus grande diversité dans une entreprise favorise sa rentabilité. Mais cette évolution demeure trop lente, malgré les progrès enregistrés individuellement par certaines entreprises. "Le cliché du banquier blanc et masculin a vécu chez nos clients."
Une étude du consultant McKinsey montre que les entreprises qui obtiennent des scores élevés en matière de diversité des genres et de diversité ethnique se montrent plus performantes en termes de rentabilité et de création de valeur. Le quart d’entreprises où la diversité de genre est la plus poussée génère davantage de bénéfices (21%) et de valeur ajoutée (27%). Et les écarts sont encore plus marqués quand la diversité culturelle et ethnique est égale-ment intégrée dans la culture d’entreprise.
Guy Janssens, Head of Sustainable and Responsible Investments chez BNP Paribas Fortis, n’est pas surpris par ces chiffres. "Les entreprises qui comptent plus de femmes au sein de leur conseil d’administration prennent de meilleures décisions sur le long terme, sont plus orientées client, ont une moindre rotation du personnel et attirent plus aisément des talents."Pourtant, les femmes ne dirigent encore que 5,8% des entreprises du S&P 500. L’étude de McKinsey note des progrès mais ils sont lents – bien que certaines entreprises réalisent individuellement des avancées significatives.
"Si votre conseil d’administration se compose exclusivement d’hommes blancs de plus de 60 ans, votre entreprise n’est pas bien placée pour comprendre les nouveaux débouchés."
"BNP Paribas Fortis emploie 52%de femmes et 48% d’hommes", explique Guy Janssens. "Et, car c’est tout aussi important, ce rapport s’étend au conseil d’ad-ministration et à la direction. La moitié de notre conseil d’administration à Paris est composée de femmes."
Guerre pour le talent
Pourquoi l’égalité des genres exerce-t-elle une telle influence sur la rentabilité des entreprises? "Il s’agit tout d’abord d’attirer des talents", répond Guy Janssens. "La reprise économique est là, et elle intensifie la guerre pour le talent. Si l’on ne recherche que des hommes blancs, on pêche dans un vivier trop restreint. D’autant que les étudiantes sont plus nombreuses que les étudiants dans les filières économiques des universités belges."Si l’on en croit l’enquête de Morgan Stanley, huit femmes sur dix attachent de l’importance à l’investissement durable, contre seulement 62% des hommes. "Ce n’est pas négligeable, car les entreprises qui ne s’ouvrent pas aux thèmes durables en seront sanctionnées, par les pouvoirs publics comme par le consommateur."
Chine
Un cinquième de la population belge n’est pas d’origine belge. "Et cette diversité ne fait qu’augmenter. Grâce à internet, un entrepreneur anversois entre désormais en concurrence avec des entreprises chinoises. Il doit satisfaire les besoins locaux. Or, ceux d’un Espagnol ou d’un Burundais en Belgique sont différents de ceux d’un Anversois 'pure souche'. Les entreprises qui présentent une plus grande diversité parmi leurs travailleurs et au sein de leur conseil d’administration sont nettement plus à même d’y répondre."
“Les entreprises qui présentent une grande variété de genres, d’âges et de cultures sont mieux armées pour affronter la société disruptive.”
"Si le conseil d’administration se compose exclusivement d’hommes blancs de plus de 60 ans, votre entreprise n’est pas bien placée pour com-prendre ces nouveaux débouchés."En fait, c’est très simple, conclut Guy Janssens: la société évolue et la banque doit suivre. "Le secteur bancaire est avant tout un secteur humain. Il s’agit de relations, de contacts avec des clients. Et aujourd’hui, nos clients attendent davantage que le cliché du banquier blanc et masculin. C’est pour-quoi je suis convaincu que les entreprises qui présentent une grande variétéde genres, d’âges et de cultures sont mieux armées pour affronter l’évolution incroyablement rapide de la société."