Les Belges sont de plus en plus conscients que leur épargne peut améliorer le monde. “L’investissement socialement responsable représente deux tiers de nos nouveaux contrats”, chiffre Valérie de Gheldere de chez BNP Paribas Fortis. L’environnement y occupe une place centrale.
“Lorsqu’on évoque les investissements socialement responsables, nos clients – et les médias – pensent surtout à l’environnement”, avance Valérie de Gheldere, spécialiste de l'ISR chez BNP Paribas Fortis. “Il s’agit d’une notion très vaste, puisqu’elle recouvre l’efficience énergétique (faire la même chose qu’aujourd’hui mais avec moins d’énergie), les énergies renouvelables, l’eau, etc. On peut y ajouter les transports durables, un secteur où la voiture électrique occupe naturellement une position importante.”
Leader des investissements socialement responsables, BNP Paribas Fortis sensibilise ses clients à ces thématiques. Et lève des malentendus persistants. “Les énergies renouvelables sont désormais un marché mature et accessible. Les coûts de production ont considérablement baissé, surtout pour le solaire. À l’inverse du nucléaire et du charbon.”
La Chine à la pointe
"La Chine est devenue le premier producteur mondial d’énergie verte. On y installe une éolienne chaque heure en moyenne.”
Un pays a parfaitement compris cet enjeu: la Chine. “Elle inquiète parfois; pourtant, face à des défis considérables, elle a pris les devants pour tout ce qui touche aux énergies renouvelables”, prolonge Valérie de Gheldere. “Elle est devenue le premier producteur mondial d’énergie verte. On y installe une éolienne et l’équivalent d’un terrain de football de panneaux solaires chaque heure en moyenne.”
“Partout, les entreprises embrassent cette thématique. Les géants du Net, les Google, Amazon et autres Apple installent leurs propres parcs de production d’énergie verte pour alimenter leurs data-centers, très gourmands en électricité. C’est une question d’image, mais aussi de coûts.”
Voitures électriques: énergie, batteries et traçabilité
Les voitures électriques représentent un autre thème environnemental majeur pour les ISR. Un marché qui a crû de 54% en 2017, avec un million d’unités vendues (dont plus de la moitié en Chine), et dont l’expansion ne devrait pas faiblir – après tout, on ne dénombre que 3 millions de véhicules électriques dans le monde.
“On me demande souvent si les voitures électriques sont si écologiques que cela”, confie la spécialiste de BNP Paribas Fortis. “Ce à quoi je réponds: tout dépend de l’énergie que l’on met dedans. Si cette électricité provient du charbon, alors non. S’il s’agit de sources renouvelables, c’est tout à fait différent!”
Du côté des batteries, la question s’avère un peu plus complexe. Leur production, très coûteuse, a également un impact environnemental considérable. “Ceci est notamment lié au lithium et au cobalt”, précise Valérie de Gheldere. “ Le second, notamment, est tiré à 60% de mines situées en République démocratique du Congo. Des mines officielles et d’autres officieuses, où l’on fait parfois travailler des enfants… Cela pose d’évidentes questions éthiques pour les fonds dans lesquels nous investissons. C’est pourquoi nous exigeons une traçabilité totale du cobalt.” Sans oublier le recyclage de ces batteries, un domaine qui recèle encore un beau potentiel.
La transparence, notion-clé pour l’investisseur belge
Pour l’investisseur belge, la transparence est une dimension essentielle. Comment ce souci se concrétise-t-il? “L’asset manager rencontre les entreprises, afin de nouer un dialogue solide avec elles et de s’assurer de leur engagement”, répond la spécialiste de l’ISR. “Pour cela, il faut avoir un certain poids. Notre fonds de fonds pèse 7 milliards d’euros: c’est une force nécessaire pour réellement faire changer les choses.”
“Deux tiers de nos nouveaux contrats sont des investissements socialement responsables.”
Les Belges sont désormais conscients de l’importance des critères ESG dans leurs investissements. “Deux tiers de nos nouveaux contrats sont des investissements socialement responsables”, reprend Valérie de Gheldere. “L’ISR est notre offre principale d’investissement. Et puis, des scandales tels que l’affaire Volkswagen ont éveillé les consciences par rapport au risque réputationnel. Ce genre de scandale fait perdre énormément d’argent aux actionnaires.”
L’ISR a encore de beaux jours devant lui: entre 2016 et 2030, notre consommation d’énergie devrait progresser de 50%, dopée par l’émergence d’une classe moyenne nouvelle et la multiplication des objets connectés. “C’est l’un de nos grands défis: couvrir au maximum notre consommation par des énergies vertes”, conclut l’experte de BNP Paribas Fortis. “L’investissement socialement responsable est une façon de faire venir les capitaux privés vers des solutions d’avenir. Les fonds publics, en effet, ne suffiront pas. Grâce à l’ISR, nous pouvons, pour la première fois, utiliser l’épargne privée pour financer des projets à une échelle suffisamment grande. Et ce, tout en obtenant au passage un rendement au moins équivalent à celui des investissements classiques. Ce qui est absolument le cas.”