Victoria Beckham a cloué le bec aux critiques en décrochant le prix de meilleure marque de mode aux British Fashion Awards. son titre de
pop star/directeur créatif n’est plus une
plaisanterie, mais la description de sa fonction.
reportage : Vanessa Friedman et An Bogaerts
photo : robert fairer
Après avoir conquis sa place dans le who’s who de la culture pop via les Spice Girls et son kitschissime mariage avec le dieu du foot David Beckham, Victoria Adams a déclaré qu’elle voulait être une icône de mode et une créatrice. Elle avait déjà conçu une ligne de jeans de luxe pour Rock & Republic, créé des parfums et donné des leçons d’élégance aux femmes du monde entier par le biais de livres et de reality shows. Son objectif était clair : high fashion, catwalks et boutiques prestigieuses. " Ne perds pas ton temps " fut la réaction générale. " Regarde tous ceux qui s’y sont essayés. Les lignes de mode créées par les célébrités ne décollent jamais vraiment. " En effet, soyons honnêtes : qui d’entre vous a des fringues signées Paris Hilton ou Gwen Stefani ?
Pourtant, Victoria Beckham a réussi. Le bénéfice de son label de mode a augmenté de 120 % ces trois dernières années et est distribué dans 107 boutiques. Fin novembre, aux British Fashion Awards, elle a remporté le prix de Designer Brand de l’année, pour lequel Stella McCartney, Tom Ford et Burberry étaient également en lice. Quelques semaines plus tôt, son défilé de mode organisé dans la bibliothèque de New York avait marqué les esprits et elle s’apprête à lancer une deuxième ligne, " Victoria ". Anna Wintour et Suzy Menkes sont unanimes : il est temps de prendre la Beckham au sérieux.
Votre succès vous surprend-il ?
" Aussi fort que je croie en ce que je fais et aussi volontiers que je le fasse, force est de constater que, en période de crise, les gens reviennent aux marques de luxe qu’ils connaissent, aux labels qui, au fil des ans, se sont bâtis une solide réputation. Le fait qu’un grand nombre de personnes soient disposées à investir dans mes projets est réellement génial. Lorsque j’ai lancé mon label de mode, j’étais clairement consciente des préjugés qui pesaient contre moi. Marc Jacobs m’a dit : " La question n’est pas d’être meilleure qu’un autre créateur, ni d’entrer en compétition avec un autre label. Ce qui importe, c’est la compétition avec toi-même. " J’ai toujours trouvé que c’était un excellent conseil. "
Les " investissements " sont-ils liés à votre image et vous-même, ou plutôt à ce que vous faites ?
" On m’a souvent déjà dit que j’ai une personnalité très affirmée : certaines personnes me trouvent géniale et d’autres, absolument pas. Je suis également consciente du fait que porter mes propres créations est positif pour les ventes. Les chiffres le reflètent directement. Mais je ne veux pas trop me reposer là-dessus. Je suis surtout contente qu’actuellement, la plupart des critiques parlent de mes collections et non de moi. Depuis le début, je voulais éviter que les gens ne confondent la marque Victoria Beckham avec le nom de Beckham. Je ne voulais pas y consacrer de l’argent sans réfléchir. Pendant tout ce temps, nous avons utilisé des budgets très stricts. L’une des principales leçons fut de comprendre que chaque ourlet ou chaque poche se répercute sur le prix du vêtement. "
La saison dernière, pour la première fois, vous avez organisé un véritable défilé de mode. Auparavant, vous préfériez les présentations intimes lors desquelles vous expliquiez les collections. Pourquoi ce revirement ?
" Il n’avait jamais été prévu que j’explique mes collections. Cela s’est fait comme ça, tout simplement. J’aime parler. Je ne pouvais pas m’en empêcher, je trouvais qu’il était important que les gens comprennent ce que je fais : les tissus, la finition, les corsets, les patrons. Je fais confiance à mon feeling, j’aime habiller une femme et écouter ce qu’elle a à dire. "
En tant que role model, vous sentez-vous responsable ?
" Je crois fortement aux femmes et à leur soutien. Si je suis entrée dans le business de la mode, c’est notamment parce que je veux que les femmes se sentent bien dans leur peau. J’aimerais croire que j’ai réalisé le rêve de quelqu’un. Mais avec quatre enfants, un mari et un job à plein temps, je considère que mon rôle consiste plutôt à être un modèle pour les femmes qui se trouvent confrontées aux mêmes défis. Le métier le plus difficile au monde, c’est d’être une mère ou un père qui travaille. "
Comment gérez-vous l’équilibre entre travail et vie privée ?
" C’est très compliqué. Et au fur et à mesure que mon entreprise se développe, c’est de moins en moins facile. Mais, j’ai beaucoup de chance, David me soutient totalement. Nous remplissons chacun notre rôle de parent. Tous les matins, je conduis l’un des garçons à l’école et David emmène les deux autres. La petite Harper me suit partout, elle est toujours à mes côtés. Il m’est déjà arrivé de la changer en pleine réunion. "
Prévoyez-vous également une ligne pour enfant ?
" Non. Je ne sais d’ailleurs pas d’où vient ce buzz. Je pense qu’il a été lancé quand j’ai fait confectionner pour Harper une petite robe dans un tissu avec des impressions de chats de la collection Victoria. Mais ce n’est absolument pas à l’ordre du jour. Je suis pleinement occupée avec l’organisation de nos activités retail et research dans les différentes villes. "
Avez-vous un conseil à donner aux femmes ?
" Il faut s’organiser. Je suis une obsédée de l’agenda utilise mon agenda : je sais déjà ce que je ferai en juin. Pour moi, c’est la seule manière de m’en sortir. Au début de l’année, je commence par consulter l’agenda de David et des enfants. Cela me permet de savoir quand et où il y a des matches de football, ce que doivent faire les enfants, quand ont lieu les réunions de parents... Et autour de tous ces éléments, j’organise ma propre vie professionnelle. J’ai toujours procédé de cette manière. "
Allez-vous continuer à vivre à Los Angeles ?
" C’est une bonne question. J’aime notre vie ici. Et, ce qui est encore plus important, mes enfants l’aiment aussi. Ici, ils ont des écoles géniales et de chouettes amis. Indépendamment de ça, il n’est pas évident de vivre à LA alors que mes équipes se trouvent à Londres et New York. Je me lève souvent à l’aube pour participer à des vidéo-conférences avec Londres. Ma journée commence souvent à 3 heures du matin. Mon esthétique est plutôt européenne, mais ma mentalité est assez américaine. Je sais que chaque saison, je dois me surpasser sur le plan créatif, mais je suis également consciente de ce qui marche pour les acheteurs et les clients. Souvent, c’est l’une de ces petites robes avec corset intégré. C’est donc aussi une question d’équilibre. "
On a cru un moment que la famille Beckham allait revenir en Europe, David devant signer au PSG. On chuchotait que Victoria avait déjà repéré un emplacement pour sa boutique avenue Montaigne. Finalement la famille reste à LA. Avantage collatéral, de l’autre côté de l’océan, Victoria est beaucoup plus épargnée par les tabloïds. Au début de l’année, le Daily Mail avait publié un article sur les énormes marges bénéficiaires empochées par l’ex-Spice Girl. Le journal affirmait qu’une robe de sa collection à 1.800 euros était faite pour 72 euros par des couturières bengalies dans un misérable atelier du quartier londonien d’East End. son amitié avec le créateur de mode Marc Jacobs est plus déterminante encore : on raconte que c’est lui qui aurait attiré l’attention de Victoria sur le fait qu’être trop bronzé n’est pas particulièrement high fashion et que rire de temps en temps ne nuit pas. D’aussi bons conseils valent bien de rester à LA ...
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