" La Bulgarie est the new place to be pour les vignerons ", annonce le wine maker Michel Rolland. Nous n’allons pas lui donner tort. reportage : Frank Van der AuwerA
Une jungle à l’abandon. Il y a quelques années, la famille Marinova n’en croyait pas ses yeux en découvrant un vignoble du 19ème siècle après une visite au petit village d’Orjahovo, dans la plaine bulgare du Danube. " Si, vers 1830, cette région était déjà connue pour ses vins, au 20ème siècle, elle était presque totalement oubliée. Et les ceps ont été abandonnés ", explique Emilie Marinova. Les Marinova ont réussi à restaurer et réaménager ce trésor oublié d’une centaine d’hectares. Des analyses ont révélé que ces vignobles ont énormément de potentiel. Quant au nom, ils n’ont pas dû réfléchir longtemps : comme il y avait autrefois une forteresse romaine, ce serait Château Burgozone.
Aujourd’hui, le Château Burgozone produit 350.000 bouteilles, sur quatre gammes et élaborées avec des cépages internationaux. Le volume annuel peut passer sans problème à 450.000 bouteilles. Pour l’instant, les Marinova élaborent des vins monocépage de variétés françaises, mais de nouveaux assemblages sont prévus.
Facteurs favorables
Orjahovo est situé sur la plaine du Danube, près de la frontière roumaine. Un emplacement inhabituel pour un domaine viticole. En effet, la plupart des domaines bulgares se situent dans la vallée des Thraces. " Nous ne pouvions choisir meilleur endroit ", affirme Krasi Bambalov, maître de chai du Château Burgozone. " Le sol est extrêmement calcaire. En outre, la proximité du Danube assure un flux d’air constant et de grandes variations de température entre le jour et la nuit, ce dont les raisins profitent au maximum. Nous sommes à 120 -180 mètres d’altitude, avec beaucoup de différences de relief et diverses expositions par rapport au soleil et au drainage de l’air. Rien que des facteurs favorables, qui se traduisent en vins souples et fruités, dotés d’une forte minéralité. "
Aujourd’hui, de plus en plus de producteurs se focalisent sur la qualité. " Le vin fait partie de notre culture depuis des siècles ", explique Emilie Marinova. " Beaucoup de cépages, comme le cabernet sauvignon, trouvent ici des conditions comparables à la France en termes de sol et de climat. Aujourd’hui, de nombreux consommateurs s’attendent toujours à ce qu’un vin bulgare soit le moins cher du rayon. Certains refusent même de goûter de nouveaux vins bulgares. Mais nous mettons tout en œuvre pour y remédier, notamment en encourageant l’œnotourisme ou en réalisant un vieux rêve de notre mère : faire un beau vin pétillant. "
Docteur en mathématiques
Le Dr. Ivaolo Genowski, du domaine Santa Sarah, est également l’une des acteurs de la renaissance viticole Bulgarie. À la fin des années 80, ce docteur en mathématiques installait des imprimantes chez un distributeur de vin. Ne pouvant pas le payer, il lui a donné un camion de bouteilles de vin. Genowski les a vendues en réalisant un beau bénéfice. Du coup, il a décidé d’abandonner sa carrière universitaire pour se consacrer au business du vin. Avec succès, car des millions de bouteilles passent toujours par son entreprise. Basé à Berlin, Genowski est aujourd’hui un super distributeur, mais aussi un pionnier du vin de la nouvelle vague bulgare.
Vers 1998, après avoir sillonné le pays pour trouver l’emplacement idéal, il investit ses premiers bénéfices dans 40 hectares de vignes à Goritza, la région méridionale autour de la mer Noire. Il baptise le domaine du nom de sa fille, Sarah. Celui-ci devient l’une des toutes premières boutique wineries de Bulgarie, où il utilise des cépages autochtones et allochtones, assemblés dans d’étonnantes cuvées. " En France, on le qualifierait de producteur de " vins de garage ", parce qu’il n’utilise que des raisins strictement sélectionnés et issus de parcelles spécifiques ", explique Christophe Sepulveda de Texavino, qui importe des vins bulgares en Belgique. Genowski a dit un jour : " Planter des pieds de vigne, c’est comme un mariage : on peut difficilement corriger ses erreurs et leurs conséquences se font sentir pendant longtemps. "
Quoi qu’il en soit, il a été l’un des premiers en Bulgarie à se rendre compte qu’un vin de qualité est impensable sans raisins de qualité ni rendements maîtrisés. Santa Sarah fait surtout du vin rouge, élevé dans les caves hypermodernes et dans des barriques de chêne français. Le Dr. Ivaolo Genowski a encore des projets : il ouvrira prochainement un vignoble et une winery flambant neufs à Goritza. La Bulgarie et le vin semblent donc bien être un mariage réussi.
www.santa-sarah.com, www.burgozone.com