nous avons demandé à trois collectionneurs de dépenser 300.000 euros à la veille de la 30ème édition d’Art Brussels. voici ce qu’ils choisi. reportage : thijs demeulemeester photo : saskia vanderstichele
’ai créé Belgacom Art en 1996, à la demande de mon grand ami le regretté John Goossens. Il était le patron de Belgacom et m’avait demandé de constituer une collection d’entreprise, car il ne s’y connaissait pas assez en art contemporain. Les premières années, j’ai pu acheter des œuvres maîtresses de Gursky, Struth, Flavin, Judd, LeWitt, Jeff Wall et d’autres encore à prix modeste. Depuis, le marché de l’art a explosé : on estime qu’il y a 412.000 artistes dans le monde, dont 3.000 exposent régulièrement et présentent leurs œuvres à des salons. Il faut donc être extrêmement sélectif. Actuellement, deux personnes travaillent à plein temps pour Belgacom Art et, moi, j’y consacre 7 heures par semaine. Et, le week-end, je fais de la prospection pour des achats dans des galeries, des salons d’art et des ateliers d’artistes. "
" Le budget annuel de Belgacom Art est légèrement supérieur aux 300.000 euros que je peux dépenser virtuellement ici. Pour Belgacom Art, nous voulons acheter des œuvres qui illustrent les grandes tendances du monde de l’art. Nous achetons donc des artistes qui ont tous une certaine notoriété, pas des jeunes artistes qui doivent encore faire leurs preuves sur le marché international de l’art. Par contre, pour ma collection personnelle, j’achète des travaux des artistes débutants, parce que mon budget est compté. "
" Si j’avais 300 000 euros à dépenser pour moi, j’en consacrerais la majeure partie à la magnifique sculpture d’Antony Gormley, représenté par Xavier Hufkens. Comme elle est sans doute trop chère, je choisirais comme deuxième favori Vingt, une magnifique toile colorée de Bernard Frize, ce que j’appelle de la " peinture sur la peinture ". La Galerie Micheline Szwajcer vend une autre de ses toiles, Jalan, mais je suis moins convaincu. Szwajcer apportera aussi une intéressante sculpture lumineuse d’Angela Bulloch. La pièce de Ann Veronica Janssens qu’elle expose me captive moins, bien qu’il s’agisse d’une bonne artiste. "
" Le comité d’achat de Belgacom Art se réunit quatre à cinq fois par an. En groupe, nous discutons des trente à quarante œuvres que nous avons trouvées ou qui nous ont été proposées par des galeries, des artistes ou des salles de vente. Notre processus de sélection est le suivant : si trois des quatre membres du comité au moins approuvent la proposition, l’achat se fait. Les critères sont objectifs et rationnels : le travail doit être représentatif de l’artiste et être encore pertinent dans trente ans. Notre collection permanente compte 625 œuvres de 162 artistes, nous avons donc plusieurs œuvres pour beaucoup d’entre eux. De temps en temps, si nous une belle opportunité se présente à nous, nous en vendons une. Avec ce budget, nous avons encore plus de marge pour faire des achats. "
" La Galerie Nathalie Obadia présente une magnifique pietà d’Andres Serrano, un photographe représenté dans la collection de Belgacom Art. Chez Obadia encore, j’ai remarqué des œuvres de Joana Vasconcelos et Michael DeLucia, qui sont eux aussi déjà représentés dans la collection de l’entreprise. Et chez Noirhomme-Maruani, j’ai trouvé un bel ensemble de McCollum, un artiste qui reste abordable. "
" Les œuvres de la collection de Belgacom Art sont exposées dans nos agences, afin que nos collaborateurs en profitent. Nous ne voulons pas être un musée, mais l’art contemporain confère à l’entreprise un caractère novateur, communicatif, cosmopolite, contemporain et jeune. Ce qui serait par exemple très bien dans cette collection, c’est le Lightning Field 236 de Sugimoto : il a mis en scène des éclairs à petite échelle et a fixé ce motif lumineux sur du papier photo. Ce photographe est représenté par l’Axel Vervoordt Gallery, qui, cette année, participe au salon pour la première fois. La toile abstraite d’Ad Reinhardt apportée par Vervoordt est également intéressante. Pour finir, je compléterais ma liste par Senza Titolo, une œuvre de Claudio Parmiggiani, chez Meessen-De Clercq. Et d’ailleurs, si cette galerie devait apporter un Mona Hatoum, ils peuvent m’appeler ! "
Art Brussels, du 19 au 22 avril, Brussels Expo
www.artbrussels.be