Marina Abramović est l’une des plus grandes artistes contemporaines. À la veille de sa rétrospective à la Royal Academy of Arts de Londres, nous nous sommes plongés avec elle dans sa garde-robe.
Rétrospective Marina Abramović
- Du 26 septembre au 1er janvier 2024,
- Royal Academy of Arts, Piccadilly, Londres
- royalacademy.org.uk
Elle nous reçoit dans un grand loft new-yorkais aux murs blancs et aux larges baies vitrées. Marina Abramović (76 ans) a gardé la tenue décontractée qu’elle porte après le sport: un legging noir, une grande chemise ouverte bleu Klein et des claquettes qui envoient un message - Fuck à gauche et Negativity à droite. Elle les "adore".
Depuis les années 1960, Marina Abramovicrée, invente, provoque. En 1973, lors de sa première performance, elle plante un couteau entre ses doigts à toute vitesse. Un an plus tard, elle dépose différents objets, dont un pistolet, sur une table et autorise le public à faire ce qu’il veut d’elle. Au fil des années, les images de ses performances deviendront iconiques. En 1981, Ulay, son compagnon et partenaire de travail, pointe une flèche vers son cœur pendant de longues minutes. En 1997, elle nettoie quatre jours durant des os d’animaux des charniers yougoslaves et remporte le Lion d’or de la Biennale de Venise. En 2010, la performance The Artist Is Present sera sa consécration: au MoMA de New York, pendant trois mois, Marina Abramović regarde dans les yeux chaque jour un à un les milliers de spectateurs qui viennent s’asseoir en face d’elle. L’un d’entre eux fut Ulay, son compagnon perdu de vue, un grand moment d’émotion à voir sur YouTube.
Quel rôle joue le vêtement dans ces performances? À quoi sert-il? Que dit-il? Que cache-t-il? Et puis comment Marina Abramović s’habille-t-elle au quotidien quand elle doit concilier ses complexes, ses frustrations et ses fantasmes? L’artiste née à Belgrade dit tout, ici et maintenant.
"En 250 ans, aucune femme n’a jamais été exposée seule dans la salle principale de la Royal Academy of Arts de Londres.Marina Abramović
Vous ne laissez rien traîner ici...
"J’aime bien que ce soit rangé. Je n’étais pas repassée par la maison depuis deux mois. J’ai même ouvert des cartes de vœux à mon retour, avant-hier. Je suis partie en Thaïlande, puis je suis passée par Essen, en Allemagne, où j’enseigne à l’Académie des Arts dans le cadre de la nouvelle chaire Pina Bausch. Ensuite, je suis allée à Londres pour préparer une grande exposition qui ouvrira le 23 septembre à la Royal Academy of Arts. En 250 ans, aucune femme n’a jamais été exposée seule dans la salle principale du musée. J’ai tellement à faire. Ma vie est dingue. Je n’ai le temps de rien. Même pour moi qui suis habituée à en faire beaucoup, c’est trop."
On ne voit pas de vêtements.
"Pourtant, j’en ai tellement. Vous savez, ma mère était très attachée à l’étiquette. La façon dont on mangeait le poisson, par exemple, était très importante pour elle. Mais la façon dont on s’habillait aussi."
Votre mère était belle, selon vous?
"Elle me faisait trop peur pour que je la trouve belle. Les gens la craignaient. C’est pour ça que je ne me suis jamais considérée comme féministe, parce que je n’ai jamais eu peur de personne en dehors d’elle. Finalement, elle m’a appris que je pouvais avoir ce que je voulais sans avoir besoin d’être en compétition avec les hommes. J’ai toujours obtenu ce que je désirais parce que j’ai mis mon âme en jeu.
Les féministes disent qu’on n’est pas traitées comme les hommes et veulent obtenir les mêmes droits. J’ai toujours été traitée comme un homme. Je n’ai pas à prouver que les femmes ne sont pas faibles et fragiles. Ma mère était dans la réussite et l’opposition. Elle me réveillait au milieu de la nuit si mon sommeil était trop agité et que mon lit était en bazar. En pleine nuit, je devais me lever et refaire mon lit correctement, et ensuite je pouvais me rendormir. Aujourd’hui, à l’hôtel, j’ouvre le lit, je m’allonge, je remets la couette, et personne ne peut affirmer que j’ai dormi là. J’ai été entraînée."
"Toute ma vie j’ai préféré les choses immatérielles, je n’aime rien d’autre."Marina Abramović
Enfant, que portiez-vous?
"C’était un désastre (rires). Je suis née en 1946 à Belgrade, juste après la Seconde Guerre mondiale. J’étais prématurée et j’ai été en couveuse. Ma mère m’a tout de suite confiée à ma grand-mère, qui s’est occupée de moi jusqu’à mes 6 ans. Elle était très pieuse. Mes deux parents étaient tellement investis dans leur carrière politique que je les voyais rarement. Je les retrouvais parfois le week-end. Ils m’offraient souvent des cadeaux que je n’aimais pas, comme des poupées. Moi, j’aimais les fantômes. J’étais une enfant étrange. Toute ma vie j’ai préféré les choses immatérielles, je n’aime rien d’autre.
Mon frère est né quand j’avais 6 ans, et je suis retournée dans ma famille. Ma relation avec mon père et ma mère était très violente. Eux se battaient, ne parlaient pas. Ma mère ne m’embrassait jamais. À Noël et pour mes anniversaires, j’avais un pyjama en flanelle trois tailles au-dessus, avec des canards affreux. On avait une vie confortable, bourgeoise, mais pas heureuse. Quand je voulais aller au théâtre, prendre des leçons de piano ou d’anglais, avoir des livres ou peindre, c’était toujours possible. Les vêtements, en revanche, m’étaient interdits. Je n’avais jamais ce que je voulais. À cette époque, les jupons étaient très à la mode. Mais ma mère refusait de m’en acheter, elle trouvait ça ridicule. Alors, je portais dix jupes les unes sur les autres pour les imiter, mais on les voyait dépasser. C’était très vilain et on se moquait de moi, c’était terrible. J’étais horrible et malheureuse. Je me sentais misérable. Je me faisais des vêtements avec des rideaux, littéralement: chez ma grand-mère, il y avait un rideau en velours bleu et gris dans lequel je me suis fait une robe.
L’allure comptait beaucoup pour ma mère. Chaque année, elle recevait de Paris un livre avec des modèles de couture. Elle se faisait faire une robe tous les ans pour ses conférences. C’était une personnalité publique, elle était directrice du musée de la Révolution et elle participait à de grands événements politiques. Elle portait toujours des tailleurs, une jupe sous le genou, une veste à double boutonnage, avec une broche, mais jamais trop brillante. Elle était toujours "comme il faut" (en français dans le texte, ndlr). Je n’ai jamais vu ma mère dans une tenue décontractée, en jeans ou en pantalon, jamais."
La façon dont vous étiez habillée était importante pour vous?
"Je voulais être belle, mais je me sentais horrible. J’avais un visage d’enfant avec un grand nez et des pieds plats. Je portais donc des chaussures orthopédiques. À l’arrière de mes chaussures qui étaient déjà très laides, ma mère avait fait poser des fers. Je faisais autant de bruit qu’un cheval. Toute ma vie, je me suis sentie comme le vilain petit canard. J’ai d’ailleurs développé une passion pour le livre de Hans Christian Andersen. Je fais de la performance pour me trouver forte."
Quand avez-vous quitté le bloc de l’Est?
"À 29 ans. Je me suis enfuie, vraiment. Je n’ai pris que mes négatifs et rien d’autre, aucun vêtement. J’avais enfin un espace pour vivre en partant. Ma mère s’est rendue à la police et a déclaré que je m’étais échappée. Le policier a demandé: 'Mais, quel âge a-t-elle? – 29 ans', a répondu ma mère. 'Camarade Abramović, nous avons des choses plus importantes à faire, il est temps que vous la laissiez partir.' Je suis partie et j’ai commencé à vivre en sabots, comme les Allemands. Je me tricotais des pulls en laine. Je me suis retrouvée en Sardaigne, on s’occupait des chèvres le matin. On faisait du pecorino. On ne gagnait pas d’argent, mais on avait de quoi manger. Vous savez qu’il existe 55 livres à mon sujet? Plus ou moins épais.
Quand avez-vous porté des vêtements de créateur pour la première fois?
"La première fois, c’était ceux de Yohji Yamamoto en 1989 à Paris. J’étais venue pour une grande exposition qui a ouvert au Centre Pompidou en 1990. C’était la première fois qu’on montrait mon travail. Ça a eu lieu juste après ma performance sur la Muraille de Chine (en 1988 elle avait réalisé une dernière performance avec Ulay, son compagnon, tous deux partaient d’une extrémité de la Grande Muraille et finissaient par se rejoindre, ndlr). Je n’avais pas un rond. Les vêtements que je portais étaient toujours empruntés et vraiment pas chers.
Quand l’exposition a commencé, on m’a donné une liste de choses à faire et on m’a demandé: 'Que comptez-vous porter?' Personne ne m’avait jamais demandé ça. J’ai juste répondu: 'Je suis une artiste, je vis dans une voiture' – on a dormi dans une voiture pendant cinq ans avec Ulay, en allant d’une station-service à une autre. Ils m’ont apporté une robe de Yamamoto. Je suis allée à la boutique et je me souviens des chemises et des pantalons déconstruits. J’ai encore ces pièces. Un jour, Issey Miyake a dit quelque chose qui m’est resté en mémoire. Quelqu’un lui avait demandé: 'Pourquoi vos vêtements sont-ils si amples?' Il a eu cette réponse magique: 'Parce que je veux qu’entre mes vêtements et le corps, il y ait de la place pour que l’esprit vive.'"
"Je n’ai pas bu une goutte d’alcool de ma vie, je me suis couchée tôt et je n’ai jamais consommé de drogues. Je suis le type même de la femme ennuyeuse: travail de dingue et vie monotone."Marina Abramović
Vous avez aussi vécu à Berlin. Vous vous habilliez de la même façon qu’à Paris?
'"Je portais la même robe, avec un rouge à lèvres très rouge et de hauts talons, pour aller acheter mon pain et faire les courses. Dans la rue, je m’habillais comme si j’allais à mon vernissage. À Berlin Est, les gens me regardaient comme si j’étais une rich bitch, une collectionneuse fortunée à qui ils allaient essayer de vendre leur travail. Personne ne s’habillait comme ça. Tout le monde portait des habits déchirés, des jeans, des vestes, des chaînes et des blousons en cuir. Ça a été un grand choc pour les gens qui me croisaient. À partir de ce moment-là, je me suis de plus en plus intéressée à la mode et à ce qu’elle signifiait, à ce que faisaient des marques originales comme Margiela ou Comme des Garçons."
Vous êtes proche du créateur Riccardo Tisci, notamment passé chez Givenchy et Burberry. Quelle est votre relation?
"Riccardo est très important pour moi. Avec lui, c’est: 'Je suis l’art et tu es la mode, alors suck my tits.' Ce qui est très difficile, car il est gay, mais il l’a presque fait pour une photo.
Comment vous êtes-vous rencontrés?
"J’ai déménagé à New York en 2002. À cette époque, Riccardo était très proche de mon ex-mari, Paolo Canevari, un artiste italien. Il nous a présentés et Riccardo lui a demandé: 'Elle me semble si familière, c’est comme si je la connaissais. Comment s’appelle-t-elle? – Marina Abramović.' Il a répondu: 'Je l’ai étudiée à l’école de mode!' On a commencé à se voir et on est devenus amis. Il n’était pas encore chez Givenchy. Ensuite, j’ai fait différentes choses pour lui. Une saison, j’ai été l’un des visages de Givenchy.
Une autre fois, en 2015, il m’a demandé d’être la directrice artistique de l’un de ses défilés, le premier ici à New York, à l’occasion de ses dix ans à la tête de la maison. C’était énorme, fou. Le podium était le plus long jamais dressé sur les docks (le long de l’Hudson River, ndlr). C’était un 11 septembre et personne ne voulait de cette date pour défiler. Je lui ai dit: 'Nous devons faire quelque chose d’incroyablement important.' Nous sommes allés au Bhoutan voir des moines. Trois heures avant que le show ne commence, ils ont chanté pour amener la paix et de bonnes énergies, pour pacifier les fantômes de tous ces gens. C’était un défilé en extérieur, il avait plu en permanence les jours précédents. Riccardo a annoncé: 'Quand le défilé va commencer, la pluie va s’arrêter.' Et un quart d’heure avant le début du show, le ciel est devenu rouge, comme un coucher de soleil, et la pluie s’est arrêtée. Le défilé a pu commencer. J’ai dit: 'Comment as-tu fait? C’est parce que tu as dessiné tous ces t-shirts avec Jésus et la Madone qu’ils ont décidé de t’aider.'
Vous vous trouvez belle aujourd’hui, en dehors de la performance?
"Je n’ai jamais eu une bonne relation avec mon corps. Je me suis toujours trouvée trop grosse. Quand je perds du poids, il y a un moment où je me sens belle, et je suis en phase avec moi-même. En ce moment ça va, mais je lutte avec les kilos constamment, parce que j’adore les sucreries. Je n’ai jamais bu et je n’ai jamais pris de drogues. Je suis le type même de la femme ennuyeuse: travail de dingue et vie monotone. Je me couche tôt, je ne vais pas dans les bars, je ne fais pas la fête, mais je peux finir une tablette de chocolat si je suis stressée. Ce matin, avant que vous arriviez, j’ai fait du sport sur des machines. Il y a des périodes où je dois perdre du poids parce que j’ai des choses à faire, et puis quand je n’ai plus rien de prévu, je m’en fiche à nouveau. C’est humain, probablement."
Vous achetez encore beaucoup de vêtements?
"Non. Quand je sors, les gens m’en donnent, mais seules quelques pièces de Riccardo Tisci comptent vraiment. Riccardo a fait de très belles silhouettes pour moi à l’occasion du Met Gala. J’y suis allée plusieurs fois: une fois avec Alberta Ferretti, une autre avec Prada et deux fois avec Riccardo. Une année, j’ai porté une robe de Riccardo qui était si serrée que j’ai demandé à ma sœur de dormir chez moi, car quand je suis rentrée, on a dû la découper pour me déshabiller. Pendant la soirée, je ne pouvais pas manger et presque pas respirer. C’était fantastique. À notre table, il y avait Beyoncé et Madonna. À côté de Riccardo, Donatella Versace était habillée en Givenchy, Kim Kardashian était enceinte et portait une robe à fleurs, comme un pot de fleurs, puis, bien sûr, il y avait Kanye West, Frank Ocean et moi."
Au MoMA, en 2010, pour la performance The Artist Is Present, vous êtes apparue dans trois robes au cours des trois mois: une rouge, une blanche et une bleue. Quelle était l’idée?
"J’ai d’abord porté la bleue (marine) pour l’énergie, puis la rouge, car c’était si dur de tenir émotionnellement sans pouvoir bouger pendant huit heures tous les jours. Tout mon corps était douloureux. Quand je rentrais chez moi, je ne pouvais pas me faire masser, j’avais tellement mal partout. C’était impossible. Je n’étais que douleur. Le dernier mois, j’ai porté du blanc. J’ai dessiné la robe et je l’ai fait faire par un tailleur classique. Elle était en cachemire et en laine pour me garder au chaud. J’étais dans un atrium, il y avait du vent, tout le monde bougeait autour de moi. Plus tard, on a organisé une grande fête et Riccardo a fait ma robe de gala. La veste était composée de 101 serpents – morts de mort naturelle. C’était incroyable."
Aujourd’hui vous organisez des ateliers dédiés à la performance en Grèce, dans un lieu tenu secret. Vous imposez leurs tenues aux participants?
"Avant, j’aimais leur faire porter à tous la même blouse en lin, toute simple, sans logo. Quand vous portez ce type de vêtement neutre, vous êtes plus libre. Désormais, les gens s’habillent comme ils veulent, mais ça doit être confortable et je ne veux pas qu’on voie la marque. En 2011, au musée d’Art contemporain de Los Angeles, nous avions organisé un gala de bienfaisance. Et tous les invités devaient porter une blouse. Il y avait 120 performeurs dans la salle. Leur tête dépassait au centre des tables. Ils se tournaient pour voir tout le monde. Ça mettait beaucoup de gens très mal à l’aise. Certains criaient, pleuraient. C’était fou. À la plus grande table, celle des plus généreux donateurs, il y avait une femme totalement nue allongée au milieu de la table avec un squelette sur elle. On a gagné plus de 2,5 millions de dollars pour le musée. Ça a fait scandale, mais ça a été un grand succès."
Pour l’une de vos plus célèbres performances (Rest Energy, 1980), où Ulay pointait une flèche sur vous au risque de vous tuer, vous portiez une chemise blanche et une jupe noire.
"Le blanc était une bonne couleur si le sang coulait. Ça aurait été clair tout de suite."
Vous êtes souvent habillée en noir. Rêvez-vous de pouvoir toujours porter la même chose tous les jours? Les hommes sont beaucoup plus habitués à ça.
"L’idée de l’uniforme. Quand j’étais petite, nous n’avions pas beaucoup de vêtements, alors je prenais l’uniforme de mon père, je le retaillais à ma taille et je le peignais en noir - ils étaient tous gris. J’étais toujours dans ces grands manteaux noirs et maintenant j’aime le noir, d’ailleurs j’en porte aujourd’hui, avec cette tunique qui ressemble à une robe. Yohji Yamamoto en a dessiné une de ce genre. En Thaïlande, j’en ai fait faire une rouge, une bleue et une grise. Yamamoto disait que quand vous rentrez dans la chambre de quelqu’un et que vous voyez ses vêtements accrochés au portemanteau, vous pouvez dire s’il est boulanger, fermier ou ouvrier. Les vêtements reflètent ce qu’on fait dans la vie. Je ne l’ai jamais rencontré, mais il sait que j’existe, et je sais qui il est."
Vos funérailles seront votre ultime performance. Vous savez ce que vous porterez?
"Ma grand-mère, qui a été une grande source d’inspiration, changeait chaque année d’avis sur le style de tenue qu’elle voulait avoir le jour où elle serait enterrée. Elle suivait la mode, elle voulait porter du beige, puis du brun ou des rayures. C’était normal. Il y avait une place dans son placard pour les habits qu’elle porterait. Tout était déjà prêt. Elle a commencé à y penser à 17 ans et elle est morte à 103 ans!
C’était formidable parce que la mort devenait une partie d’un cérémonial. Elle disait: 'Voilà comment je voudrais être habillée et qu’on me voie.' C’est une part de ma culture, c’est très naturel. Comme les gens qui pleurent pendant la période de deuil. Nous payons des gens pour pleurer pour que le deuil soit encore plus dramatique. Ça me va. En ce qui me concerne, je n’ai jamais pensé à ce que je mettrais. En revanche, j’ai réfléchi à la cérémonie. C’est très important pour moi. Il y aura trois enterrements au même moment dans trois endroits différents, là où j’ai vécu le plus longtemps: à Belgrade, Amsterdam et New York. Personne ne saura où est la vraie Marina. Dans l’assistance, personne ne devra porter de noir, mais, au contraire, des couleurs très fortes et lumineuses. Il y aura beaucoup de musique, des blagues, de la nourriture et de la joie. J’ai eu une vie pas facile, mais formidable, forte et intéressante. L’enterrement doit être une célébration de ce passage entre la vie et la mort."