Ces Sud-Africains qui sont les rois du Chardonnay

Montrer au monde entier que l'Afrique du Sud pouvait rivaliser au plus haut niveau avec les pays viticoles classiques: c'était la mission de Danie de Wet. Aujourd'hui, avec ses fils Johann et Peter, il est devenu une autorité mondiale en matière de Chardonnay.

"Que montre l'image satellite?" L'histoire de la famille De Wet a beau remonter à 1694, année de l'arrivée de ses premiers ancêtres au Cap, la haute technologie en fait également partie. Depuis 1998, les vignobles du domaine De Wetshof sont minutieusement surveillés par satellite. "Grâce à la photo aérienne, nous apprenons beaucoup sur la maturation des raisins sur chaque parcelle de nos vignobles et suivons de près la moindre évolution dans la maturation", explique le fondateur Danie de Wet (64).

Quand j'arrive à la propriété familiale, dans la Robertson Wine Valley, tout est impeccable. À côté du bâtiment victorien poussent d'impressionnants jacarandas roses tropicaux. La façade de la winery est inspirée par le plus ancien bâtiment des douanes du Cap. La salle de dégustation est une réplique de l'ancienne 'De Wet House' au Cap. À l'extérieur, entre les interminables rangées de vignes, les fleurs jaunes du colza abondent.

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Responsables des vignobles du domaine, Johann de Wet (32) et son frère Peter (30), vigneron, assurent la relève tandis que leur père, Danie de Wet (64), tient toujours la barre et demeure le maître de chai.
Responsables des vignobles du domaine, Johann de Wet (32) et son frère Peter (30), vigneron, assurent la relève tandis que leur père, Danie de Wet (64), tient toujours la barre et demeure le maître de chai.
©Danie De Wet

Approche scientifique
Le souci du détail: "Pour nous, c'est impératif", déclare Johann. "Nous connaissons notre histoire et voulons vraiment en faire quelque chose. Tout à l'heure, quand nous irons visiter la cave et déguster nos vins, vous le remarquerez également. Nous voulons absolument atteindre le plus haut niveau. Et puis, le soin et l'hygiène sont de la plus haute importance." Johann (32) est responsable des vignes de ce domaine viticole. Son frère Peter (30) est vigneron. Leur père, Danie de Wet, toujours actif, est maître de chai. Père et fils ressemblent plus à des rugbymen qu'à des producteurs de vins chics ou raffinés. Danie est un homme de la nature. À l'origine, il voulait être vétérinaire, mais, sur insistance de son père, il a étudié la viticulture et l'oenologie. Ensuite, il est allé à la Forschungsanstalt Geisenheim, en Allemagne. "Je voulais savoir ce qui se passait dans le monde du vin. Et nous avions entendu parler de projets révolutionnaires sur le Riesling, dans la vallée du Rhin. J'étais curieux de voir ça. C'était en 1969 et j'ai appris ce qu'était une approche scientifique de la vinification. C'était totalement nouveau et la barre était mise très haut. Ce qui m'est resté, c'est l'importance du vignoble: la qualité de la vigne doit être au top absolu, sans quoi on n'arrive jamais à rien."

Pendant les vacances, Danie travaille chez des vignerons en Allemagne, mais également en France. Là-bas, il est impressionné par les vins blancs de Bourgogne et tout particulièrement par le chardonnay. "Après ma formation, j'ai réalisé que mon pays avait besoin de pieds de qualité et de cépages nobles pour atteindre le sommet en matière de vinification." Ayant fait le plein d'expériences et de connaissances, il rentre en Afrique du Sud pour relever ce nouveau défi: avec plusieurs autres vignerons, il veut montrer au monde entier que l'Afrique du Sud a le potentiel pour s'inscrire sur la carte du monde des grands vins tout comme ceux produits en Europe.

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"Grâce à la photographie aérienne, nous apprenons beaucoup sur la maturation des raisins dans chaque parcelle de nos vignobles, ce qui nous permet de suivre attentivement la moindre évolution dans la maturation."
"Grâce à la photographie aérienne, nous apprenons beaucoup sur la maturation des raisins dans chaque parcelle de nos vignobles, ce qui nous permet de suivre attentivement la moindre évolution dans la maturation."
©Danie De Wet

L'envie de compter parmi les meilleurs vignerons d'Afrique du Sud lui a permis de décrocher plusieurs distinctions. "Le De Wetshof Chardonnay 1985, qui a reçu le Grand Prix d'Honneur à Vinexpo à Bordeaux, était mémorable", nous explique fièrement Danie de Wet. Représenter l'Afrique du Sud à un concours de vins français, c'était loin d'être évident à l'époque.

"Cet enthousiasme à suivre les traces de notre père a été présent chez mon frère Peter et moi dès l'enfance", explique Johann. "Nous sommes jeunes, et je tiens absolument à voir et à savoir ce qu'il se passe dans le reste du monde. Donc, plusieurs fois par an, nous voyageons pour déguster des vins, visiter des vignobles et des caves, apprendre comment des collègues de haut niveau procèdent ailleurs."

Aujourd'hui, De Wetshof Estate caracole au top international, surtout en matière de chardonnay. Le domaine produit également d'autres vins, mais c'est ce cépage blanc bourguignon qui assure la réputation de la winery. "Environ 70% de nos vignobles sont du chardonnay", explique Johann. "Sans nous vanter, notre approche nous place dans la catégorie supérieure en matière de culture du chardonnay dans le monde. Oui, nous sommes en quelque sorte une université dans ce domaine. Nous réalisons des recherches scientifiques approfondies sur le clonage. Tous les deux ans, nous organisons ici une conférence sur le sujet avec des orateurs du monde entier - Bourgogne, États-Unis, Australie."

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©Danie De Wet

Stress de la sécheresse
Bien que les De Wet soient profondément ancrés dans la tradition, la haute technologie intervient quotidiennement dans leur domaine. Comme, par exemple, une recherche poussée sur les modèles climatiques qui devrait contribuer à produire des vins encore meilleurs. "Prenez le millésime 2015", explique Peter de Wet. "S'il y a une chose qui le caractérise, c'est bien le vent. Pendant la maturation, mais aussi pendant les vendanges, il a joué un rôle d'une ampleur inconnue jusqu'alors." Ce vent a évité que les températures soient trop élevées, mais il a aussi asséché le sol. "Il faut aborder l'irrigation de manière scientifique. Nous avons dû trouver un équilibre délicat: d'une part, il y a le stress de la sécheresse pour la vigne et, d'autre part, trop irriguer peut être la cause de la perte d'expression du fruit."

Les vendanges sont déjà rentrées, un peu plus tôt que d'habitude. "Je puis vous assurer que nos chardonnay sont au top et que nous aurons une grande année", affirme Peter de Wet. Suite à quoi Johan nous demande si nous voulons passer à la dégustation. Une dégustation qui démontre sans aucun mal que la qualité reste constante, des vins d'entrée de gamme à ceux de la catégorie supérieure. Mais le plus mémorable reste le potentiel de garde des grands vins, que vient prouver un Bateleur Chardonnay de 1998. Ce Bateleur n'a rien à envier aux meilleurs bourgognes.

©Danie De Wet
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