“La chaise ‘Onkel-Stuhl’ ou ‘Uncle Chair’ de Franz West, reconnaissable à son cadre en acier et ses sangles en tissu de couleurs vives. Au début des années 80, cet artiste s’est mis à fabriquer des chaises, des tables et des lampes qui invitent le spectateur à interagir et témoignent de sa fascination pour la relation entre art et objet. Ses premières chaises étaient faites de ferraille soudée. Le rembourrage et le revêtement ont évolué vers un tressage coloré. West est un de mes artistes préférés: son travail de pionnier a inspiré des générations d’artistes. C’est en partie grâce à lui – et à Richard Artschwager – que les meubles ont été considérés comme des œuvres d’art. Je suis également convaincu qu’il a eu une influence majeure sur mon métier de galeriste, et peut-être même sur ma personne. En effet, une fois que ma galerie a représenté West, j’ai pu approcher beaucoup plus d’artistes. La couleur rose, devenue depuis une marque de fabrique de ma galerie, est un hommage à West.”
“En-dehors de mon amour infini pour l’art, je suis également un passionné de tennis. Pour moi, c’est bien plus qu’une épreuve de force entre joueurs: outre leurs qualités physiques et techniques, ils doivent faire preuve de force mentale pour gagner. Quand un joueur de tennis est sur le court, il doit prendre toutes les décisions seul. C’est pareil pour les artistes.”
“James Ensor: cet artiste ne cesse de m’étonner. Depuis la réouverture du KMSKA à Anvers, j’ai pu revoir certaines de ses œuvres, dont ‘Chute des anges rebelles’, un tableau de 1889, mais qui semble contemporain. Ensor a développé un langage visuel totalement original et il a également réussi à représenter le macabre avec une certaine légèreté, comme dans ‘Squelettes se disputant un pendu’ (1891), ‘L’étonnement du masque Wouse’ (1889) et ‘L’Intrigue’ (1890). Ses œuvres transcendent l’époque, une qualité d’une force incroyable que l’on retrouve dans tout son travail.”
“Je crois que le succès ne peut jamais se faire au détriment de quelqu’un ou de quelque chose. Tout ce que je fais, je le fais en fonction des artistes et de la galerie. Et je défendrai toujours mes artistes quoiqu’il arrive, et je ne craindrai pas la confrontation non plus. Je me souviens qu’un jour, j’ai organisé une visite de l’atelier de Franz West pour les amis d’un musée français. Il pensait qu’il était préférable que je le fasse, parce que, contrairement à lui, je parle le français. Juste avant l’arrivée du groupe, Franz s’est allongé sur une de ses chaises longues, a tiré une couverture sur sa tête et a fermé les yeux pour faire sa sieste. Il m’avait demandé de dire aux visiteurs curieux: ‘The artist is asleep’. La visite s’est achevée vers 16 heures, heure à laquelle Franz va généralement acheter des fruits pour tous ceux qui travaillent dans son atelier. Dès que le groupe de Français a quitté le studio, Franz s’est levé et nous demandé: ‘Anybody fruit?’”