Du 11 au 14 mai, de nombreux chefs partageront leur art au StrEat Fest sur le site de Tour & Taxis à Bruxelles. L'occasion de faire le point sur la street food.
Quatre jours de dégustations s'ouvrent sur le site de Tour & Taxis, à Bruxelles, du 11 au 14 mai. Sabato est parti à la rencontre de quelques figures de cet événement pour discuter street food et haute gastronomie.
Pour sa deuxième édition, le festival bruxellois de la street food met les bouchées doubles. Au menu du Streat Fest cette année, on trouve des stands tenus par 75 chefs originaires de toute la Belgique, mais aussi des animations familiales, des concerts, des ateliers de cuisine et encore d'autres surprises pour combler les gourmands et les curieux.
"Des chefs chevronnés, certains étoilés, souvent toqués Gault&Millau, transposeront les spécialités de leurs établissements singuliers version street food, avec des menus abordables. Ce sera l'occasion aussi, pour des talents émergents, de se faire connaître", s'enthousiasme Terry Vermandel, administrateur de Tatou Production, à l'origine du StrEat Fest.
Invitation au voyage
Le chef Glen Ramaekers, du restaurant Humphrey, est l'ambassadeur de l'édition 2023. Originaire des Philippines, il propose des plats aux saveurs de l'archipel dans son établissement récompensé de deux toques au Gault&Millau.
"Il y a énormément de diversité dans les restaurants de la capitale, à l'image de sa population multiculturelle."Glen Ramaekers
"J'aime voyager en mangeant", explique-t-il. C'est la raison pour laquelle il a accepté d'être l'invité phare d'un festival qui met à l'honneur la street food, "une forme de nourriture qui invite à découvrir de nouveaux horizons". Bruxelles constitue à ses yeux le terrain de jeux parfait pour un tel événement: "Il y a énormément de diversité dans les restaurants de la capitale, à l'image de sa population multiculturelle."
Au StrEat Fest, le stand d'Humphrey propose deux plats philippins qui réveillent les papilles: un poulet Inasal mariné et grillé au barbecue et un Bicol Express, un ragoût très pimenté typique de la région.
Humphrey, Rue Saint-Laurent, Bruxelles, Belgique
S'ouvrir à un autre public
"Nous voulions participer au StrEat Fest afin d'ouvrir notre cuisine à un autre public", se réjouit Alexandru Sapco, chef du restaurant La Bonne Chère élu Jeune Chef de l'année 2023 par le Gault&Millau. "Chez nous, le menu coûte un certain prix (entre 80 et 85 euros par personne le soir pour un menu sept services, NDLR), tout le monde ne peut pas se le permettre. Ici, nous proposons des plats beaucoup plus accessibles", explique Alexandru Sapco.
Transformer une carte gastronomique en version street food n'est pas chose aisée. C'est pourquoi le jeune chef considère l'exercice comme un challenge. Sortir du confort de son établissement des Marolles, c'est sortir de sa routine. "On ne connait pas la cuisine dans laquelle on va travailler et l'organisation est différente. Mais, quand on est cuisinier, on est un peu sadique, car on adore relever des challenges difficiles. Personnellement, plus c’est compliqué, plus j’aime", sourit-il.
Surtout, il ne faut pas confondre street food et fast food, deux concepts bien différents. Alexandru Sapco est catégorique: "On peut faire de la street food de qualité". En effet, en Europe, cette forme culinaire a moins bonne presse, car elle est culturellement moins développée qu’en Asie ou en Amérique latine, par exemple.
L'objectif du festival est aussi de prouver qu'il est possible de bien manger sur le pouce et sans se ruiner. En hommage aux Philippines, le pays invité, le stand de la Bonne Chère sert aux visiteurs un ceviche customisé à l'image du restaurant.
La Bonne Chère, Rue Notre-Seigneur, Bruxelles, Belgique
La street food, ADN de certaines cultures
"Un bon tacos se trouve davantage dans un food truck au coin de la rue qu’au restaurant", affirme Alexandru Sapco. La cheffe Clara Freitas, de la Cave à Manger à Ixelles, en sait quelque chose. Originaire du Brésil, elle est arrivée à Bruxelles il y a huit ans pour faire de sa passion son métier. "La street food fait partie de l’ADN de certains pays comme le Brésil. À la plage, à Rio, on peut savourer toutes sortes de nourriture servies par des marchands dans la rue."
À la Cave à Manger, Clara Freitas, en tandem avec le chef Paul Ravet, propose une cuisine bistronomique moderne qu'elle représente fièrement au StrEat Fest. "On a envie d’être là, de discuter avec les visiteurs et de leur présenter notre travail". Au festival, son stand propose une délicieuse brioche à la sardine fumée avec des petits légumes et une mayonnaise revisitée. "Ce que j’aime dans la street food, c’est son côté informel avec des prix accessibles", avance la cheffe.
La Cave à Manger I Winery - Brugmann, Place Georges Brugmann, Ixelles, Belgique
Des ateliers ouverts à tous
Les curieux peuvent également s'adonner à des ateliers de cuisine au StrEat Fest donnés par les chefs eux-mêmes, mais surtout par l'équipe de Mmmussels, jeune entreprise d'animation culinaire chapeautée par Sébastien Hayot. On comprend naturellement le clin d'œil du nom de sa société au plat national belge, ainsi qu'à la capitale dont est originaire l'entreprise.
Sébastien Hayot promet un survol de la street food mondiale à travers une trentaine d'ateliers durant tout le week-end. Au menu: quesadillas, nems, brochettes de poulet satay ou encore falafels... Bref, aucune région du monde n'est oubliée.
Quand on demande à ce gourmand invétéré si l'on peut faire de la street food de qualité, sa réponse ne se fait pas attendre: "Bien sûr! Pour avoir goûté en avant-première certains plats, je peux vous assurer qu'il est possible de décliner de la haute gastronomie en version street food sans aucun souci." Et d'ajouter: "C’est un fameux exercice pour les chefs qui s’y plient d’ailleurs."
- Adresse | Tour & Taxis - Avenue du Port 86C, 1000 Bruxelles (Shed 1).
- Entrée | Prévente 12 euros ; Ticket sur place 14 euros.
- Tarifs des plats | Les propositions des chefs et restaurants avoisinent les 5 euros par plat.