Collectionner des voitures du bloc de l'est? Pas sans peur d'être espionné

Visite au fil des garages belges et hors-frontières. Cette semaine: les ‘Ossies’ de Peter Oppermans.

Peter Oppermans n’a pas totalement pris sa retraite de garagiste: il anime Tweetakt Tuffers Nederland, un club d’amateurs de voitures des Pays de l’Est aux Pays-Bas. Il a plusieurs Wartburg construites dans l’usine automobile d’Eisenach, reprise par BMW en 1928 mais annexée par l’URSS après la Seconde guerre mondiale.

Peter Oppermans (69)

Propriétaire de garage à la retraite.

Voiture de tous les jours: Renault Scenic (2002)

La première: Wartburg Coupé (1965)

La meilleure: Audi 100 (1994)

La pire: Scaldia 412 LS

Vendue avec regret: Wartburg 312 Hardtop

Le rêve: Wartburg 313

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"Mon père a commencé comme réparateur de DKW, en 1948. Ensuite, il est devenu concessionnaire de Wartburg, Trabant et Barkas. Je l’ai rejoint en 1967, suivi par mon frère. Nous avons aussi vendu les marques Lada et Moskvitch - Scaldia en Belgique."

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"Cette 353 (1971) est non restaurée: elle a juste été repeinte. Elle est encore bonne, mais son point faible, c’est ses freins à tambour." Son exemplaire de 1988 révèle cette faiblesse de la marque car elle est restée telle quelle. "Par contre, celle-ci a des freins à disque", précise Oppermans. "Elle a 27.000 kilomètres au compteur. La Wartburg était une voiture spacieuse.

L’inconvénient, c’était le moteur deux temps à trois cylindres. Il fallait d’abord mettre de l’huile dans le réservoir, puis ajouter l’essence. En 1967, elle coûtait 2.875 euros. La production de la 353 a duré de 1966 jusqu’à la chute du Mur, en 1989. Wartburg a définitivement fermé en 1991."

Une Trabant 601 (1972) en l’honneur de Maxima et Alexander.
©Thomas Vanhaute

"Celle-ci est la plus chère", plaisante l’amateur. Sa Trabant 601 Cabriolet bleue (1971) est une création personnelle: c’est lui qui a retiré le toit. "À l’origine, elle était orange et nous la sortions quand l’équipe nationale de foot jouait. J’en ai aussi construit une aux couleurs du drapeau belge. Par contre, la Trabant rouge (1975) est d’origine. En vert, c’était une Kübel, une voiture pour l’armée et c’était une Tramp en version civile. Je l’ai depuis 1993 et mon petit-fils de 16 ans refuse catégoriquement que je la vende."

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"Après la chute du Mur, tous les jeunes voulaient une Trabant. Au début des années 2000, il y en avait encore 600.000 mais, aujourd’hui, il n’en reste plus que 30.000 à 35.000. Récemment, un de mes amis en a acheté une neuve pour 8.000 euros."

Le Barkas (1967) était la version ‘ossie’ du Transporter Volkswagen. "Nous l’avons utilisé pendant treize ans comme véhicule de service", explique Oppermans. "Cette année, j’ai vendu ma dernière Lada à un collectionneur belge. On ne peut pas tout garder!"

Les quatre anneaux du logo de Auto Union ont été récupérés par Audi.
©Eyeside Bvba

Il a aussi des voitures ouest-allemandes, dont une DKW 1000 Coupé restaurée (1958), depuis 1986. "C’est à peu près le même moteur que la Wartburg: les ingénieurs sont passés à l’Ouest et y ont travaillé pour DKW. Les quatre anneaux du logo font référence à la marque Auto Union, issue de la fusion d’Audi, DKW, Horch et Wanderer, ensuite devenue Audi tout simplement.

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Les feux de signalisation de la DKW F12 (1965).
©Eyeside Bvba

Vers 1987, mon frère a acheté la DKW F12 (1965) au président du club DKW. Il travaillait à la télé nationale, où cette voiture traînait depuis des années, et dont personne ne voulait. Pour la ramener ici, nous avons du ruser: nous n’avions pas de remorque et le frein à pied ne fonctionnait pas! Le revêtement intérieur est d’origine."

Dans l’atelier attenant à sa maison, il restaure un pick-up Wartburg Trans (1981). "Il sera mieux que neuf: c’est ma dernière restauration." Et dans le ‘bunker’ adjacent, nous découvrons un Barkas B100 FF à trois essieux (1986). Le retraité a plus de 500 maquettes de voitures,dont certaines venues de l’autre côté du Rideau de Fer. "Celle-ci s’est disloquée dans ma vitrine, sans que personne ne la touche!", s’amuse-t-il.

Il n’avouera jamais que les voitures est-allemandes étaient de moins bonne qualité. "Il n’y avait pratiquement pas d’acier disponible. La carrosserie des Trabant était en Duroplast, un matériau fabriqué à base de fibres de coton compressées mais, à partir de 1965, elles se sont améliorées. Ici, à Tilburg, les ouvriers sont passés de la mobylette à la Trabant: elle ne coûtait que 1.875 euros. À l’époque, j’achetais beaucoup de vélomoteurs DKW, FN, Horex et Jawa pour 5 ou 10 florins. Ah, si je les avais gardés!"

La Trabant 601 Combi (1973) avec une pompe à bière Primus.
©Thomas Vanhaute

Un ami arrive dans une Wartburg 353 jaune (1984). "J’ai commencé par une Trabant, mais après avoir emprunté une Wartburg à Peter, j’ai été conquis", explique-t-il. "C’est une voiture de luxe. Tout est là, même les essuie-glaces d’origine! Le confort de conduite est top. Cet exemplaire hongrois est dans sa première peinture. J’en suis très fier." Il veut rester anonyme: la peur de l’espionnage industriel, très ‘ossie’ va manifestement de pair avec ce modèle de voiture...

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