Publicité
Publicité
leading story

"Et si on rachetait AB InBev?"

Conversation de bar… "On a fait un tour d’horizon un vendredi soir en buvant un verre au Truck Bar après le boulot, pour voir si nous étions en position de racheter AB InBev. Nous avons proposé trois chèvres, un toaster et 315 dollars en pièces de cinq cents, mais ce n’était juste pas assez pour les intéresser. Ce qu’on a découvert en revanche était qu’eux étaient très intéressés à l’idée de nous racheter…" Le moins qu’on puisse dire est que le communiqué publié par le brasseur artisanal australien 4 Pines pour annoncer son rachat par le premier brasseur mondial détonne par rapport au style de communication habituel, non seulement dans le secteur mais aussi globalement dans l’univers entrepreneurial où la règle est le bien-pensant et le politiquement correct. Manifestement, Jaron Mitchell, le cofondateur de cette brasserie "craft" créée dix ans plus tôt à l’issue d’une séance de surf, n’en a cure. "Quand AB InBev m’a approché pour la première fois, poursuit-il dans le même communiqué, j’étais sceptique et n’y voyais pas beaucoup plus qu’une opportunité pour grappiller des billets pour un grand match." Et le reste est à l’avenant: dans un dernier chapitre, il passe en revue les principales questions que se poseront ses clients suite au deal, en y répondant par oui ou par non. Exemple: "AB InBev et les gros bonnets de 4 Pines ont réservé une partie de squash et un sauna pour fêter (la transaction): oui." Ou encore: "Certains penseront que nos bières auront désormais un goût différent: oui. Mais en fait non, ce ne sera pas le cas." Joli morceau de prose, qui brise élégamment et avec humour le carcan de la littérature corporate. Peut-être est-ce dû aussi au fait que l’acquéreur est ZX Ventures, la filiale créée par le brasseur belgo-brésilien pour se créer un portefeuille de business novateurs, censés secouer le marché. Secouer les codes et les langages, c’est déjà un bon début, s’pas?