Plie au beurre frémissant. Crevettes et oeuf poché. Steak frites. Nonon ne va pas chercher midi à quatorze heures. D'où le nom du restaurant, abréviation de no-nonsense. Le chef, Kris Van der Cammen, fait le pari de la simplicité. Adieu mousses, crèmes et autres miettes. Bonjour assiettes simples et bons produits.
Pour préparer cette cuisine authentique, le chef, qui a oeuvré dans l'entreprise de catering gastronomique Belgocatering, s'est installé dans la taverne de son père, près de la gare d'Essene-Lombeek. L'ambiance des lieux est restée dans son jus - le menu sous pochette plastique ! -, même s'il a installé une magnifique cuisine ouverte ultra moderne, ce qui nous permet de voir le chef officier tranquillement, secondé seulement par un jeune assistant. Le no-nonsense a manifestement aussi des avantages en matière d'organisation.
Ces préparations authentiques qui semblent trop simples à préparer valent-elles le déplacement ? La carte propose des entrées à moins de 16 euros (queue de boeuf, soupe de moules thaï) et les plats principaux dépassent raisonnablement les 20 euros (22 euros pour la plie, 24 euros pour le cabillaud). Si c'est ça le no-nonsense, nous sommes pour. Par contre, le service, assuré par l'épouse du chef assistée d'un membre du personnel, a encore du mal à trouver ses marques. Un petit mot d'explication sur le champagne maison ? Avertir d'avance qu'il n'y a plus de perdrix ? Et bien, non. Alors, si c'est ça le no-nonsense, nous avons quelques réserves.
Le duo qui officie aux fourneaux sait manifestement très bien ce qu'il fait. Tant le vitello tonnato (16,50 euros) que l'oeuf poché aux crevettes (15 euros) valent largement le déplacement. Le vitello, des tranches plutôt épaisses de longe de veau rosé, offre une texture intéressante. La sauce au thon est discrètement présente, encore un bon signe, et de belles olives Kalamata lui apportent la touche finale.
Adresse?
Nonon, 19 Sluis Vijverstraat 1742 Ternat. Fermé le dimanche.
Tél. 053/42.04.72 www.nonon.be
Sommelier?
Petite sélection de vins, principalement français et jeunes. Quelques italiens. Prix raisonnables.
Décibels?
Même à côté de la cuisine, le niveau sonore est correct (76 dB).
Addition?
157 euros pour deux.
Bis?
Le Nonon se démarque de la cuisine de brasserie lambda. Une bonne adresse pour de la cuisine simple.
L'oeuf poché aux crevettes est un classique bousculé par un twist intéressant: de la lavande de mer légèrement étuvée qui souligne la note saline de cette préparation généreuse. Les plus pointilleux relèveront juste que le smeus de pommes de terre (purée au babeurre) aurait été meilleur s'il avait été tamisé pour éviter les grumeaux.
Les plats principaux sont conséquents. Le vol-au-vent (26 euros) surtout, demande un sacré coup de fourchette: un grand cercle de pâte feuilletée recueille une fricassée de poulet accompagnée de beaux ris de veau. Très savoureux, mais un peu de fraîcheur - et nous n'entendons pas par là le jeune oignon émincé qui le décore - l'aurait rendu plus digeste. Par contre, la fraîcheur est bel et bien présente dans le filet de porc Brasvar, servi avec une savoureuse sauce moutarde, des pickles et du chou au lard bien assaisonné (22 euros).
Avec des prix abordables et des plats décomplexés, Nonon s'inscrit parfaitement dans l'air du temps. Mais ce n'est pas parce que l'on cuisine no nonsense qu'il ne faut pas viser un peu de délicatesse, tant à table que dans l'assiette.