Le château gonflable 2.0 a le vent en poupe

Le château gonflable du futur, c'est Frederik Van Heereveld qui l'a pensé. Son entreprise, Opblaasbaar (gonflable en néerlandais), réalise hôtels, showrooms, discothèques, cabines de plage et pistes de snowboard gonflables. Et s'il le faut, même pour le stade de Wembley.

Pour Frederik Van Heereveld, les réfugiés n'auraient pas dû passer une nuit de plus au parc Maximilien de Bruxelles. En quelques heures, il leur aurait construit un hôtel pop-up en modules résidentiels mobiles. En effet, son entreprise, Opblaasbaar, est spécialisée dans l'architecture gonflable pour entreprises et particuliers. "Nous travaillons actuellement à un pavillon d'exposition gonflable flottant avec étage, ascenseur et accès pour tous pour les Jeux Olympiques de 2016 au Brésil." En 2014, pour les J.O. de Sotchi, la société a construit une piste de snowboard indoor. Et pour le championnat du monde de squash, elle a gonflé la plus grande salle du monde - 40 mètres de long sur 6 mètres de haut - suffisamment pour accueillir quatre terrains de squash et une immense tribune.

"Mais le lieu le plus fou où nous ayons jamais installé un bâtiment gonflable reste le stade de Wembley. Pour les World Poker Series, nous avions construit sur le terrain de foot un dôme de plus 2.400m² en six heures, avec douze hommes. Et comme la location du stade coûte un million d'euros par jour, il a fallu, en plus, le monter et le démonter le plus rapidement possible." Depuis peu, sa carte de visite mentionne 'Mobile property designer' et ce n'est pas du management speak: il développe des concepts originaux d'architecture gonflable mobile avec les sociétés Opblaasbaar et Inflate.

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"C’est toujours aussi impressionnant de voir ériger un bâtiment de 20 mètres de haut. On peut comparer ça avec une montgolfière: les gens qui y assistent sont fascinés."

Cette dernière réalise de l'architecture légère en nylon ripstop cousu pour tout événement de courte durée -15 minutes à 15 jours. Ces structures à air peuvent résister à des vents allant jusqu'à 65 km/h et le sol est recouvert d'un podium, d'un plancher modulaire ou gaufré. Par contre, le studio Opblaasbaar conçoit des projets de plus grande envergure qui doivent résister un peu plus longtemps, grâce à la technologie brevetée AirClad.

"Notre plus grand atout, c'est que nos produits sont composés à 99% d'air. Nous pouvons ainsi les emballer de manière très compacte et les gonfler sur place. Et aussi cool que peuvent êtres les espaces ou les hôtels faits de conteneurs, leur transport est un réel casse-tête. Pour un événement organisé pendant la Volvo Ocean Race, Puma a dû expédier pas moins de huit conteneurs pour construire sa zone VIP pour accueillir 200 personnes et cela avait coûté une petite fortune. Nous fournissons le même espace pour une fraction du volume, du poids et du temps de montage et, tout cela, grâce à notre technologie AirClad, un châssis portable en aluminium avec un revêtement de coussins d'air entre les nervures. Quand nous gonflons ces coussins, la construction devient rigide. Nous utilisons l'air comme un élément structurel." Il n'y a pas de limites à cette technologie: les sols standard sont en bois, mais, en fonction des besoins du client, un sol en béton avec chauffage intégré peut également être intégré. Les ventilateurs régulent les différences de pression d'air: l'air se contracte quand il fait froid et se dilate quand il fait chaud.

Après avoir réalisé un événement pour Puma à leur tour, ils ont pu démontrer qu'il est possible d'ériger des bâtiments AirClad de plusieurs étages. Et, grâce à leur poids plume, c'est même réalisable sur à peu près toutes les surfaces. Même au-dessus d'une bouche de métro de la City de Londres, comme l'a souhaité la compagnie aérienne Virgin Atlantic lors de la présentation de sa nouvelle Business Class. "Ces pavillons ne pèsent que 55 kilos par mètre carré. Du coup, la logistique est simplissime: un bâtiment de 200 mètres carrés, système de rail en aluminium ou en bois compris, peut être acheminé dans un seul camion", souligne Van Heereveld.

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Le pari le plus fou d’Opblaasbaar: pour le World Poker Series, la société belge a érigé sur le terrain de foot du stade de Wembley (Londres) un dôme de 2.400 mètres carrés.

On voit même apparaître des studios de yoga mobiles avec cette technologie: il y en a notamment un sur le toit d'un immeuble de bureaux près du London Fields Park, où les employés peuvent se rendre pour une séance avec vue sur la skyline. "Vous pouvez y aller même en hiver. Les coussins d'air sont parfaitement isolants. Et l'installation n'a posé aucun problème: vous le montez par les escaliers. En une demi-journée, il était prêt.

C'est à la Design Academy d'Eindhoven que Frederik Van Heereveld entame ses études (il y est aujourd'hui professeur). Il commence sa carrière chez le product designer Axel Enthoven avant de s'installer avec son épouse à Anvers. En 2003, il fonde son propre label, FEEK, qui, comme ses collègues Quinze & Milan ou Sixinch, est spécialisé dans les meubles en mousse enrobée. En 2007, il est au salon 100% Design London où, par hasard, son stand se trouve juste à côté de celui d'Inflate.

Aujourd'hui, nous travaillons sur une voiture gonflable qui roulerait à l'air. Elle fonctionnerait comme un moteur à deux ou à quatre temps classique dont les cylindres seraient actionnés par air comprimé."
Frederik Van Heereveld
CEO d'Opblaasbaar

Voiture gonflable
Depuis 1994 déjà, cette société britannique fabrique des objets design ainsi que des grandes structures architecturales gonflables. Entre Van Heereveld et le CEO d'Inflate, Nick Crosbie, le courant passe immédiatement. Ils deviennent amis, puis partenaires. Crosbie est actionnaire à 50% des trois entités: Inflate, l'entreprise d'installation Inflate Works et le studio de création Opblaasbaar dont le Néerlandais est le CEO. "Chaque été, Nick et moi passons nos vacances ensemble et c'est l'occasion d'imaginer les choses les plus dingues. Il a une machine de soudage haute fréquence qui nous a permis de réaliser notre première idée, un parasol gonflable. Aujourd'hui, nous travaillons à une voiture gonflable qui roule à l'air. Elle fonctionnerait comme un moteur à deux ou à quatre temps classique dont les cylindres seraient actionnés par air comprimé. Nous concevons également de l'architecture flottante. Et, plus précisément, un appartement résidentiel de 6 mètres sur 5. Le prototype est terminé et nous avons déjà un client intéressé à Gibraltar."

La révolution du gonflable a commencé avec Airflow, des petites unités gonflables en tissu de parachute, sans structure nervurée, que l'on utilise en tant qu'espace de travail, stand de foire, pavillon d'exposition ou local de séminaire éphémère. Des constructeurs automobiles comme Porsche, Audi, Kia et Citroën ont rapidement manifesté leur intérêt. D'autres projets sur mesure ont également été réalisés pour des événements organisés par Nintendo, Coca-Cola, Samsung, Jägermeister, Smart, Intel, ou Red Bull. Le Centre Pompidou à Paris y a organisé une expo consacrée à Issey Miyake. Les salons indoor aussi font le choix de ces stands gonflables. "Louer un hall d'exposition et faire appel à un constructeur de stands demande énormément de temps et d'investissements. Nous montons 20 stands en quatre heures. Et ils tiennent tous dans un seul camion, vu qu'un stand ne pèse que 25 kilos."

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Opblaasbaar ne manque ni d’idées originales, ni de projets ambitieux. Son nouveau terrain de jeux: le secteur hôtelier.

Hôtel à Glastonbury
Les applications Airflow de petite envergure sont produites en Chine, alors que leur conception est réalisée à Anvers. Elles sont en nylon ripstop, une matière synthétique conçue pour les parachutes et le mécanisme de gonflage est intégré dans l'ensemble. Pour compenser la perte d'air continue par les coutures, les ventilateurs soufflent en permanence, ce qui empêche aussi la pluie de pénétrer à l'intérieur.

La première version AirClad - réalisée à Massenhoven, en Belgique, et brevetée depuis - date de 2007. "C'est toujours aussi impressionnant de voir ériger un bâtiment de 20 mètres de haut", sourit Van Heereveld. "On peut comparer cela à la mise en route d'une montgolfière: les personnes qui y assistent sont fascinées. Le plus inattendu, c'est qu'elles se sentent en sécurité dans nos bâtiments: cela doit leur rappeler d'autres objets gonflables qui assurent leur sécurité, comme les airbags et les gilets de sauvetage."

En tout cas, Opblaasbaar ne manque ni d'idées, ni de projets. Dernier objectif: le secteur hôtelier. La société a déjà construit un hôtel éphémère au festival de rock de Glastonbury, au Royaume-Uni, ainsi qu'au Grand Prix de Formule 1 à Francorchamps. "Nous avons l'ambition de révolutionner l'industrie hôtelière. Les hôtels se trouvent trop souvent au mauvais endroit et, en plus, ils sont rapidement pleins quand il y a un événement dans le coin. Voilà pourquoi nous travaillons actuellement sur le principe d'hôtels éphémères mobiles, transportables sous forme d'un paquet plat. Quarante chambres d'hôtel Snoozy tiennent dans un seul camion, et une chambre est installée en six minutes. Toilettes et salles de bains intégrées sont en option. Coca-Cola étudie en ce moment avec nous les options possibles pour un hôtel sous sa bannière aux Jeux Olympiques du Brésil pour y accueillir mille membres de son personnel pendant trois semaines. Je pense que s'il y a un hôtel gonflable sur la plage de Knokke, ce sera la folie totale." Qui pourrait en parler au bourgmestre Lippens?

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