L’imperméable a longtemps été un mal nécessaire, climat belge oblige. Grâce à quelques stylistes inspirés et scandinaves, il est en train de devenir une pièce plus que désirable.
L’imperméable a longtemps été un mal nécessaire, climat belge oblige. Grâce à quelques stylistes inspirés et scandinaves, il est en train de devenir une pièce plus que désirable.
© Rains

L'imperméable (re)devient un it-piece

Ce n'est pas évident d'accueillir une journée pluvieuse le sourire au lèvres, mais un imperméable élégant met du baume au coeur. Après des années dans le rôle ingrat du vêtement purement fonctionnel, lisez ennuyeux, cet incontournable connaît enfin la gloire du fashion statement.

Permettez-moi de vous raconter un traumatisme de jeunesse. Je pars à Paris en famille et l'ado que je suis revêt sa tenue la plus branchée pour se pavaner dans les rues de la capitale de la mode. À peine la Tour Eiffel est-elle en vue qu'il se met à pleuvoir. Mes parents dégainent les K-way. L'horreur. Ces trucs en plastique rouge ou bleu qui sentent le renfermé étouffent dans l'oeuf toute velléité d'élégance, mais que faire ? Me balader dans des vêtements trempés ? En 1965, à Paris, Leon-Claude Duhamel a aussi essuyé une averse, ce qui lui a inspiré le K-Way. Cette veste imperméable en nylon que l'on escamote dans une pochette banane est un succès : dès la première année, il en vend 250.000 pièces et c'est comme ça jusqu'à la fin des années 70. Et là, on réalise que le K-Way c'est moche et ça flingue les silhouettes branchées. Alors, que faire s'il se met à pleuvoir ?

Heureusement, deux labels ont osé s'attaquer à la problématique de l'imperméable pour nous présenter une alternative élégante. Petit Bateau a transformé la traditionnelle veste de pêcheur jaune en une version citadine avec doublure rayée bleu et blanc. Et le très british label Burberry a élevé le trench coat au rang de must have. Bref, il y a toujours eu des solutions pour affronter la pluie la tête haute, mais elles n'ont jamais été très nombreuses.

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Mais le vent est en train de tourner. De plus en plus d'imperméables paradent sur les catwalk. Les célébrités sont paparazzées dans des imperméables. Les marques de mode sont de plus en plus nombreuses à proposer une solution fashion à la pluie. Allons voir de plus près.

En mode pluie
Au Danemark, il pleut environ 121 jours par an. Pas étonnant que les labels d'imperméables les plus trendy viennent des pays scandinaves. "Les jours de pluie sont considérés comme sombres et déprimants", nous explique un représentant de la marque danoise Rains. "Nous voulons changer cette perception. Les jours de pluie peuvent être beaux et inspirants." Et leurs vestes et accessoires imperméables doivent y contribuer, bien sûr. Question choix, il y a de très nombreux styles et modèles : blousons courts - qui rappellent les K-Way -, modèles "curve" très féminins, ponchos spécial vélo...

En termes de couleur, les vestes Rains sont dans le droit fil de la mode hiver 2014 : bordeaux, vert, noir et même une édition spéciale cuivre. La matière de ces impers est composée pour moitié de polyuréthane et de polyester, ce qui apporte douceur et légèreté au vêtement. En termes prix également, ils ne pèseront pas lourd dans votre budget : tablez sur une centaine d'euros pour un modèle femme.

Bonne humeur
Les impers de la marque suédoise Stutterheim, label fondé par Alexander Stutterheim en 2010, sont réalisées dans une matière légèrement plus rigide et plus lourde, ce qui les rend plus proches de la veste de pêcheur. Un jour, alors qu'il est en route pour une réunion avec Saab - à l'époque il travaille comme copywriter dans la pub-, il se met à pleuvoir. Il court se réfugier dans un café et remarque que personne n'est vraiment habillé pour affronter l'averse : ça lui donne l'idée de d'en faire. Il abandonne séance tenante le copywriting pour se consacrer aux impers. Son premier modèle, l'Arholma, est une version actualisée de la traditionnelle veste de pêcheur jaune que portait son père quand il sortait en mer. Coupe droite, simple, unisexe mais raffinée. Bref, un exemple parfait de l'élégance minimaliste à la scandinave.

Alexander Stutterheim propose ses vestes imperméables noires dans une minuscule boutique à Stockholm quand passe un acheteur de Barneys, la célèbre enseigne new-yorkaise. Il regarde, essaye, importe et en fait une tendance lourde outre-Atlantique. Aujourd'hui, on trouve ces vestes chez Barneys, évidemment, mais aussi chez Corso Como, Dover Street Market, Harvey Nichols et au Bon Marché. Comment une simple veste imperméable peut-elle arriver à entrer dans ces enseignes prestigieuses ? C'est sa qualité : elle est faite à la main dans un coton caoutchouté imperméable fabriqué dans des ateliers en Europe et chaque imper Arholma porte un numéro et le nom de la personne qui a fabriqué la veste. "Chez Stutterheim, nous ne croyons ni à la production de masse, ni à la mode jetable. Nous fabriquons à la main des vestes imperméables élégantes et classiques, que l'on peut porter aussi bien en ville qu'à la mer et dans les bois. Ce sont des vestes que vous apprécierez toute votre vie", justifie Alexander Stutterheim.

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Le prix est plus proche de celui d'une vraie veste que d'un imper : à partir de 300 euros environ. Des fans célèbres - Jay-Z, Beyoncé, Kanye West, Robyn et Neneh Cherry -, ont déjà été vus avec un imper Stutterheim. Jay-Z a même demandé à Alexander Stutterheim s'il pouvait investir dans le label suédois, mais le créateur a décliné.

Au Danemark, il pleut environ 121 jours par an. Pas étonnant que les labels d'imperméables les plus trendy viennent des pays scandinaves.

Projet commun
Dans le nord, pouvoir revendiquer le plus grand nombre de jours de pluie semble apporter un vernis de prestige. En effet, dans la ville norvégienne de Bergen, on se vante d'avoir de la pluie deux jours sur trois. Pour l'homme d'affaires Alexander Helle et le tailleur T-Michael, c'était la meilleure raison de faire équipe pour créer une prestigieuse collection de mode de pluie. Résultat ? Des vestes avant-gardistes qui pourraient défiler sur les catwalks de Yamamoto, Ann Demeulemeester et Dior. Mais le véritable secret du succès de Norwegian Rain réside dans ce qu'ils appellent "Dugnad", ce qui signifie projet commun en norvégien. En effet, Norwegian Rain ne se limite pas aux imperméables : le label investit aussi la communication avec un studio de design et un photographe attitré. Surfez sur le site de Norwegian Rain : l'environnement des imperméables est d'une qualité aussi top qu'eux. Voilà pourquoi ces indispensables sont déclinés dans une palette du gris au noir et valent dans les 600 euros, un prix qui reflète leur valeur de pièce culte.

Transparent
Depuis lors, même hors Scandinavie, d'autres marques ont embrayé sur la tendance des impers chic et glamour. À New York, Terra prétend être le premier label à part entière à être exclusivement dédié au "rainwear". La particularité de Terra ? Les vestes en polyuréthane thermoplastique particulièrement souples sont transparentes, même les noires. Le principe de ce choix pour le moins radical, c'est de permettre aux femmes de montrer la tenue qu'elle portent, même quand elles sont obligées de porter un imper parce qu'il pleut des cordes. Et quand on joue la carte de l'élégance, on ne regarde pas à la dépense : 450 dollars la veste Terra transparente quasi invisible. Le concept d'imperméable transparent a aussi été repéré dans la collection A/H de Miu Miu, qui présente quelques modèles en rose jaune ou noir. Moins transparentes, mais pas moins imperméables pour autant : les versions présentées chez Burberry, Chanel, Chloé et Dries Van Noten.

Et le K-Way ? Il a surfé sur la vague de la hype pour opérer un sérieux comeback sans toucher fondamentalement au modèle ni aux couleurs. Mais voilà, aujourd'hui les vélos de course années 70 et 80 sont à nouveau tendance pour sillonner le centre des villes et les hipsters qui les enfourchent n'ont manifestement rien contre le fait de porter un K-Way. Mieux encore, la jeune génération raffole des "mauvais" impers. Heureusement que je me suis jurée de ne plus jamais porter d'imper moche qui sent le renfermé. Let it rain !

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