Marre des classiques de Poul Kjaerholm, Charles Eames ou Le Corbusier? Un vent de fraîcheur souffle sur le design: parions que ces sept pièces seront les nouveaux classiques...
Une lounge chair compacte et polyvalente
Pariez sur: Eames Osvaldo Borsani – fauteuil "P40"
Plutôt que: fauteuil "Lounge Chair" – Ray et Charles
De tous les classiques, le fauteuil Eames Lounge Chair est celui qui souffre le plus de la surenchère. Rien à lui reprocher en termes de confort et de look, mais sa structure en palissandre et son revêtement en cuir ne témoignent plus d’un très haut degré d’originalité...
Contrairement au "P40" d’Osvaldo Borsani, un autre fauteuil également conçu au milieu des années cinquante, tout aussi confortable et, lui aussi, toujours en production. Il est pourtant moins recherché dans les intérieurs de prestige.
S’il n’en tenait qu’au petit-fils de Borsani, qui met tout en œuvre pour offrir à son grand-père à titre posthume la renommée de ses contemporains Giò Ponti et Achille Castiglioni, un changement se profilerait à l’horizon. À juste titre, car, avec sa marque Tecno, le designer a été au berceau de la révolution industrielle dans le secteur du meuble. Le "P40", sa création la plus connue, avait pour objectif d’être une version plus compacte et polyvalente des statiques et encombrants lounge chairs en vogue à l’époque...
Le "P40" est toujours en production chez Tecno, à partir de 8.228 euros, tecnospa.com, osvaldoborsani.com.
Le corset métallique de l'année érotique
Pariez sur: Tobia Scarpa – fauteuil "Soriana"
Plutôt que: fauteuil "LC2" – Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret
Il est communément appelé le Fauteuil Le Corbusier, mais cette appellation ne reflète pas la vérité, car ce siège ultra-célèbre a été conçu en 1928 par plusieurs mains: Le Corbusier, certes, mais aussi son cousin Pierre Jeanneret et leur collaboratrice, Charlotte Perriand.
C’est une véritable pièce d’architecture qui sert de séant sous la forme d'un meuble tubulaire composé d’une structure porteuse métallique et de coussins faisant office de murs et de plancher. Cassina a acquis les droits de production de cette pièce iconique en 1965. Depuis lors, le "LC2" est le chouchou de tous ceux qui souhaitent un intérieur arborant un clin d’œil architectural.
C’est votre cas? Nous avons une suggestion: soyez fou et remplacez votre "LC2", bien assez vu, par le "Soriana". Un fauteuil qui a également été créé par un architecte (Tobia Scarpa, fils de Carlo Scarpa). Il est également un corset métallique qui maintient les coussins en place. Le "Soriana" a été conçu pour Cassina en 1969, "année érotique" au cours de laquelle Scarpa a été diplômé à l’Université de Venise et, dans la foulée, a décroché un prix de design Compasso D’Oro avec... le "Soriana". Il est d’ailleurs incompréhensible qu’une création aussi aboutie ne soit plus en production alors qu'elle repose dans les intérieurs les plus à la page.
Le "Soriana" est disponible uniquement sur le marché vintage en ligne: Pamono, 1stdibs ou Goldwood.
Pour oublier la "jungle des pieds" de table
Pariez sur: Angelo Mangiarotti – table "Eros"
Plutôt que: table "Tulip" – Eero Saarinen
L’architecte américain d’origine finlandaise Eero Saarinen voulait éclaircir la "jungle des pieds" sous les tables. En effet: huit chaises de quatre pieds chacune, sous une table qui en compte au moins quatre, cela fait beaucoup...
Beaucoup trop, pour cet architecte qui invente la collection Pedestal chez Knoll. Deux pièces allaient devenir des légendes: la chaise et la table ronde "Tulip". Rien que pour cette raison, il vaut mieux trouver l'alternative.
Au niveau formel, la table "Eros" de l’architecte italien Angelo Mangiarotti (1921-2012) ressemble à la "Tulip", donc pas de "jungle des pieds"! Cependant, grâce à la pierre naturelle, elle a un look plus robuste qui s’harmonise davantage avec les intérieurs contemporains.
La table "Eros" est disponible en différentes tailles et versions, prix sur demande, www.agapecasa.it.
Combiner lumière d'ambiance et poésie artistique
Pariez sur: Michael Anastassiades – lampadaire "IC"
Plutôt que: lampadaire "Arco" - Achille & Pier Giacomo Castiglioni
En 1962, le lampadaire "Arco", le modèle le plus célèbre des frères Castiglioni, était révolutionnaire. Il avait une forme inédite et apportait une solution au problème suivant: comment avoir un point lumineux au-dessus de la table ou dans le salon sans percer le plafond? Après une modernisation réalisée par le fabricant italien Flos et d’innombrables copies, ce problème a disparu. Et la hype rétro des sixties est terminée.
Un classique plus contemporain pourrait être le lampadaire "IC" de Michael Anastassiades, un luminaire anguleux sur lequel une sphère semble tenir en équilibre. Cet équilibre poétique est la marque de fabrique d’Anastassiades, un Chypriote basé à Londres. Après la collection "IC" (2014), il a conçu d’autres créations à succès. Sa combinaison de lumière d’ambiance, de poésie et de forme artistique est beaucoup plus en accord avec les intérieurs contemporains que le style rétro du lampadaire "Arco".
Lampadaire "IC", disponible en version indoor et outdoor, prix sur demande, www.flos.com.
Loin du cuir, optez pour le métal
Pariez sur: Muller Van Severen – daybed "Wire S"
Plutôt que: daybed "Barcelona" – Ludwig Mies Van der Rohe
Rien de tel qu’une pause pendant la journée – ce qui, il y a quelques semaines encore, était impensable pour la plupart d’entre nous. Depuis le confinement, le concept de daybed gagne en pertinence. Il est temps de comparer les classiques en la matière!
Le "Barcelona" a été conçu par Ludwig Mies Van der Rohe en 1930, après l’accueil enthousiaste du fauteuil éponyme créé pour le pavillon allemand à l’exposition universelle de Barcelone. Aujourd’hui, nous sommes un peu moins enthousiastes car, 90 ans plus tard, le cuir capitonné ne dégage plus un caractère aussi novateur qu’à l’époque.
La structure métallique transparente du daybed "Wire S" s’inscrit presque à l’opposé du revêtement en cuir du "Barcelona". Créé par le duo de designers belges Muller Van Severen, ce daybed se décline en version plate et en version à bascule. L’ensemble de la collection peut être placé à l’intérieur, comme à l’extérieur. De plus, il y a un autre lien intéressant avec le classique de Mies Van der Rohe: le daybed "Wire S" a également été conçu à l’origine pour une maison particulière, la maison de vacances "Solo House" à Cretas, au sud de Barcelone.
Le daybed ‘Wire S’ est disponible en version plate (#5) partir de 3.000 euros, et à bascule (#6) à partir de 3.960 euros, via la galerie Valerie Traan, www.valerietraan.be
Une coque reposante et contemporaine
Pariez sur: Faye Toogood – fauteuil "Roly Poly"
Plutôt que: fauteuil "Swan" – Arne Jacobsen
Il n’y a aucun reproche faire à Arne Jacobsen. Le travail qu’il a réalisé en 1958 au Radisson SAS Royal Hotel à Copenhague était déjà novateur. Jacobsen l’a conçu de A à Z, y compris les fauteuils du lobby, deux classiques absolus: le fauteuil "Egg" et le fauteuil "Swan". Édités par Fritz Hansen, ces deux modèles se vendent toujours comme des petits pains. Et c’est là que le bât blesse: victimes de leur succès, ils sont devenus un choix sûr plutôt que l’expression de l’audace et de la personnalité originels.
Ce n’est pas le cas du "Roly Poly", un petit fauteuil conçu par l’artiste londonienne Faye Toogood qui, dans une vie antérieure, a aménagé des stands d’exposition pour Tom Dixon et des vitrines pour Liberty. Depuis 2008, elle dirige son propre business, Studio Toogood, et crée aussi bien des œuvres d’art que du mobilier et de la mode.
Elle a conçu le fauteuil "Roly Poly" en édition limitée sous le nom d’'Assemblage n°4", jusqu’à ce que le label italien Driade décide de commercialiser ce siège à coque reposant sur quatre pieds épais. La combinaison du confort d’assise exceptionnel de la coque et des pieds surdimensionnés confère à ce siège un look très contemporain. Il y a donc de fortes chances pour que d’ici une vingtaine d’années, le "Roly Poly" soit même devenu un peu trop courant...
Fauteuil "Roly Poly" en polyéthylène, avec ou sans revêtement, également disponible en version outdoor, à partir de 398 euros chez Driade, www.driade.com.
Des cubes sophistiqués et colorés
Pariez sur: Sabine Marcelis – tabouret "Candy Cubes"
Plutôt que: tabouret "LC14" – Le Corbusier
Est-ce un tabouret? Une table basse? Une assise? Oui, oui et... oui. La petite caisse "LC14" que Le Corbusier a conçue en 1952 pour sa maison de vacances du Midi, le "Cabanon", est tout ça à la fois. Mais voilà, on l’a vue et revue. Une suggestion de rechange: les "Candy Cubes" de la Néerlandaise Sabine Marcelis.
Ces blocs pastel aux allures de blocs de savon en résine coulée ont des bords opalins presque lumineux qui créent une lueur magique, mêlant transparence et opacité. "Cela semble simple, alors que, techniquement, c’est complexe. La résine coulée sort grossièrement du moule. Ce n’est que suite à des jours de polissage à la main que les cubes acquièrent cette perfection lisse qui les rend si spéciaux", précise Marcelis.
Exactement comme les petites caisses spartiates de Le Corbusier qui, avec leur joint en queue d’aronde, sont techniquement plus sophistiqués qu’on ne le pense. D’un point de vue "celebrity provenance", les cubes de la designer ne sont pas en reste non plus. Phoebe Philo a eu le coup de foudre. Les sacs que la créatrice de mode a signés pour Céline étaient présentés en boutique sur un "Candy Cube". On les a aussi repérés dans les boutiques de la créatrice parisienne Isabel Marant.
Le tabouret "Candy Cubes" est accessible à partir de 2.500 euros, disponible en 3 formats et 6 coloris. D’autres couleurs et formats, sur demande via la galerie Victor Hunt à Bruxelles, sabinemarcelis.com, victor-hunt.com.