Le créateur de mobilier Arno Declercq, qui sera au Thema à Paris en octobre, nous parle de barbecues entre amis, de comportement de superstar et d'évasion en vacances.
Comment vous sentez-vous?
"Ça dépend des jours. Parfois, j'ai un jour sans, mais dans l'ensemble, je suis plutôt heureux. Je ne peux pas vraiment me plaindre: tout le monde est en bonne santé, les affaires marchent bien. J'ai plein de nouvelles idées et de beaux projets se profilent à l'horizon."
Que faites-vous en ce moment?
"D'ici la fin du mois, nous devons meubler un appartement entier pour un client privé à Milan. Pour lui, nous développons de nouvelles pièces, certaines adaptées pour l'extérieur, d'autres dans des matériaux que nous n'avions jamais utilisés avant. C'est très excitant. À la mi-octobre, je présenterai une exposition solo à Thema, le salon de design et d'art qui se tient à Paris en même temps que Design Miami/Basel. Nous y dévoilerons un buffet en acier brûlé.
Et nous sommes en train de travailler sur une commande importante pour une nouvelle galerie de design qui ouvrira ses portes fin octobre à Munich. En novembre, j'organise une autre exposition solo dans notre showroom à Anvers, où je présenterai des pièces réalisées dans de nouveaux matériaux, comme le noyer américain que nous traitons à l'huile noire."
Son premier meuble en acier
"En ce moment, je travaille sur mon premier meuble en acier, une armoire baptisée 'Igbo' que je dévoilerai au mois d'octobre, au salon du design Thema à Paris." En Afrique de l'Ouest, ce terme désigne des piles de troncs d'iroko qui peuvent atteindre plusieurs mètres de haut, une essence qu'Arno Declercq utilise beaucoup pour ses pièces de collection. "Ces piles m'ont inspiré la forme des façades de l'armoire, ainsi que la sculpture que j'ai présentée cette année à Milan", explique-t-il.
Cet objet d'art exige beaucoup de travail de soudure et de réflexion à l'atelier. "Quand nous avons placé pour la première fois les portes de l'armoire, elles étaient complètement de travers. En plus, elles se sont avérées trop lourdes, ce qui la faisait pencher vers l'avant. Dans ces moments-là, je râle un peu, je prends un café et puis je trouve une solution. Je ne suis pas ingénieur, je n'ai pas suivi de formation en soudure ni en menuiserie. Quand je commets des erreurs, j'en tire des leçons et je repars à zéro."
Thema
| Quand | Du 15 au 20 octobre
| Où | À Paris
| Site web | arnodeclercq.com
Qu'est-ce qui fait votre journée?
"Quand tout se passe bien à l'atelier. Quand je prends la voiture et que je constate qu'il ne me faut que 30 minutes pour arriver au lieu d'une heure. Quand je ne suis pas submergé de mails ni d'appels. Mais ma journée n'est vraiment réussie que quand je peux arriver ici très tôt, quand je vois les premiers rayons de soleil pénétrer dans l'atelier et que je peux me concentrer tranquillement sur mes créations. Ces moments du matin sont pour moi les meilleurs de la journée. Le soir, je me consacre surtout à la communication."
Avez-vous fait votre chemin?
"Il y a sept ans, lorsque j'ai commencé à concevoir mes propres meubles et objets, je n'aurais jamais imaginé arriver là où j'en suis aujourd'hui. Je suis fier de ce que j'ai accompli en si peu de temps, d'autant plus que je peux partager cette aventure avec mon père, ma mère et ma sœur, qui travaillent avec moi à l'atelier. Nous recevons des commandes venues du monde entier, mais les clients les plus prestigieux n'attendent pas de moi que je me comporte comme une superstar."
"Je ne suis pas ingénieur. Je résous les problèmes sur le terrain et quand je fais des erreurs, je repars à zéro."Arno Declercq
"Je suis arrivé dans ce métier un peu par hasard; en réalité, j'avais une autre passion. J'étais designer d'intérieur et je dirigeais une galerie où j'exposais principalement des pièces d'art et de design africain. Comme j'avais beaucoup d'idées, j'ai commencé à concevoir et à produire des objets, ce qui a créé une forte demande. Ce n'était pas prévu, mais c'est devenu mon activité à plein temps. J'en suis heureux."
Que devez-vous faire de toute urgence?
"Je dis oui trop facilement. Je me rends compte que, parfois, c'est trop. Je n'ai pas peur d'accepter des projets un peu fous, comme pour Fendi. Ce n'est qu'en faisant qu'on progresse dans la vie. Je n'ai pas peur de commettre des erreurs et je n'ai pas honte si une de mes créations ne se vend pas bien. Ce sont autant d'occasions d'apprendre. À long terme, cela rend mon œuvre plus pure."
Qu'est-ce qui vous empêche de dormir?
"Trouver du personnel a toujours été compliqué. Aujourd'hui, les gens de mon âge ne sont pas aussi motivés que moi. Heureusement, j'ai une bonne équipe que j'espère pouvoir garder. Je m'inquiète parfois de ne pas dégager suffisamment de temps pour imaginer de nouvelles créations. Je dois partir en vacances pour pouvoir dessiner tranquillement, à l'ombre d'un arbre. Je tiens à continuer à me dépasser tout en relevant de nouveaux défis."
Avez-vous déjà fait une boulette?
"J'ai parfois du mal à respecter le planning. Il m'arrive de procrastiner et de vouloir accomplir trop de choses à la fois, ce qui me conduit parfois à manquer de temps. Dans ces moments-là, je dois prendre du recul et revoir mon planning. À l'atelier, nous jonglons avec des délais à court et long terme. Comme nous travaillons généralement sur plusieurs types de projets simultanément, la gestion de l'espace dans l'atelier est parfois compliquée, même si nous disposons d'un des plus grands ateliers du bâtiment de Zaventem Ateliers. Avec mon équipe, j'essaie d'optimiser au mieux la production. Oser bien communiquer est essentiel et, heureusement, j'ai beaucoup progressé dans ce domaine au fil des ans."