Étape 9
Choisir, ce n’est pas renoncer

Examinez la liste ci-dessous et indiquez les cinq mots qui vous évoquent les associations les plus fortes.
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À quoi pensent les gens lorsqu'ils entendent le mot “créativité”?
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Demandez aux personnes autour de vous si elles souhaitent davantage de créativité. Rares sont celles qui sont contre. La créativité, c'est bien. Nous le pensons tous. Le fait d’avoir lu ce guide signifie sans doute que vous partagez cet avis. Nous sommes en effet convaincus que penser en dehors des sentiers battus apporte innovation et progrès.
Mais cela contredit notre intuition. La "créativité" évoque davantage ce que nous ressentons lorsque nous pensons au vomi que ce que nous inspire un arc-en-ciel, selon les recherches de Jack Goncalo. Ce professeur américain étudie depuis des années les dynamiques sous-jacentes des processus créatifs.
Dans une étude remarquée en 2011, il a examiné l'attitude explicite et implicite à l’égard de l'innovation. Il a utilisé le “test d'association implicite”, un outil qui met en évidence la force des associations entre les concepts en mémoire.
Bien que nous croyions explicitement et consciemment que l’innovation est positive, nous sommes habités par un énorme préjugé inconscient envers la créativité, un “biais de créativité”. Il s'accompagne de nombreux sentiments négatifs.
Lent et rapide
Ce paradoxe apparent peut s'expliquer par la distinction, décrite par le psychologue israélien Daniel Kahneman, entre la pensée “lente” et “rapide”. "La pensée lente est rationnelle, elle demande un effort", explique Michaël Van Damme, psychologue et cofondateur de l'entreprise d'innovation The Forge. "C'est ce que nous faisons quand je demande 'combien font 17 fois 24'. Cela détermine ce que nous pensons consciemment, ou ce que nous disons que nous pensons.”
Et puis, il y a la pensée rapide.”Ce sont les associations rapides que nous faisons inconsciemment. Ce que quelqu'un ressent immédiatement quand je dis que je viens de Bruxelles. Cela met un filtre sur la façon dont nous regardons les choses et ce que nous entendons. Cela détermine ce que nous faisons.”
Les idées créatives se heurtent à cette pensée rapide. Elles évoquent l'association avec l'innovation. L'innovation est synonyme de changement. Cela suscite un sentiment d’insécurité et nous n'aimons pas cela. Le statu quo semble plus sûr.

School of Thinking
Synonyme de risques
Le biais de créativité entre principalement en jeu lorsque, après l’éclair de génie, après avoir phosphoré toutes sortes d'idées, on sélectionne celles avec lesquelles on peut effectivement démarrer. C'est le champ de bataille sur lequel dépérit la véritable innovation.
“Nous constatons que les individus comme les groupes ont tendance à choisir les idées qui semblent les plus faciles à mettre en œuvre”, explique Van Damme. “Parce que les idées créatives impliquent des risques, créent de l'insécurité, peuvent conduire au rejet social, semblent exiger plus de travail.”
Comment l’éviter? Les recherches de Goncalo montrent que les personnes qui ne se sentent pas en sécurité sont deux fois plus susceptibles de choisir des solutions pratiques plutôt qu’un changement radical. L'insécurité est un moteur psychologique puissant. Dans une organisation, cela s’explique par la culture, l’ambiance, le sentiment de confiance et de sécurité.

Individuellement, les gens peuvent gagner en assurance en prenant davantage conscience de la valeur des nouvelles idées. “Un bon truc consiste à noter quatre bonnes raisons de changer, avant de commencer à proposer des idées. Quatre arguments destinés à vous convaincre vous-même. Lorsque les gens font cela, nous constatons qu'ils optent beaucoup plus souvent pour des idées innovantes lors de la phase de sélection.”
“En allant à l'encontre de vos propres présupposés, vous manipulez votre filtre inconscient. Naturellement, les gens n'aiment pas faire cela, mais ceux qui le font consciemment verront certainement un effet positif”, avance Van Damme.
Ensuite, attardez-vous sur le pourquoi. Pourquoi est-ce important pour moi? Et pensez au fait que nous avons des idées et prenons des décisions plus souvent avec nos sentiments qu'avec notre tête. Comme le dit Kahneman: “Nous pensons tous que nous sommes beaucoup plus rationnels que nous ne le sommes. Et nous pensons que nous prenons des décisions parce que nous avons de bonnes raisons de le faire. Même si c'est l'inverse. Nous croyons aux raisons, car nous avons déjà pris la décision.”
Tout le monde aime être créatif. Du moins, c’est ce que nous pensons. Mais en réalité, nous faisons obstacle inconsciemment aux nouvelles idées parce que nous avons peur du changement et de l'incertitude. Et parce que nous préférons des solutions simples. Éteignez sciemment ce filtre inconscient.
Production: Thomas Roelens , avec Clément Bacq et Maxime Delrue - Textes: Stephanie De Smedt - Digital Experience & Design: Bits of Love - Illustrations: Filip Ysenbaert - Édition finale: Anja Otte

Introduction
Tout le monde a du génie!

Étape 1
Oubliez votre score de QI

Étape 2
Étirez ce muscle de la créativité

Étape 3
Faites du sport, dormez et améliorez vos sens

Étape 4
Faites de la gymnastique mentale

Étape 5
Donnez un peu de jus à votre cerveau

Étape 6
Apprenez à désapprendre

Étape 7
Arrêtez de penser

Étape 8
Ne restez pas dans votre coin

Étape 9
Choisir, ce n’est pas renoncer
