Classique
Souvenez-vous de ses longues boucles noires. Lors du dernier Reine Elisabeth, Saténik Khourdoïan, premier violon solo de l'orchestre de la Monnaie, avait quitté la discrétion de la fosse pour brillamment assumer sous les projecteurs son rôle de Konzertmeisterin. La voici en chambriste tout aussi accomplie dans un premier CD lumineux, en parfaite complicité avec le pianiste Alexander Gurning. Entente exquise. Le répertoire est très finement ciselé autour de quelques pièces d'orfèvrerie fin de siècle. La Première sonate op.13 de Gabriel Fauré, monument post-romantique, s'accorde à souhait du compagnonage d'Eugène Ysaÿe. Du compositeur belge, Khourdouian a retenu le sombre et fascinant "Poème élégiaque" op.12 (dédié par Ysaÿe à Fauré) ainsi que l'"Extase" op.21, avant de conclure par son insensé "Caprice d'après l'étude en forme de valse de Saint-Saëns". Tout cela est à la fois éblouissant et vertigineux, autant qu'impressionniste et subtil là où le texte l'exige. Entre virtuosité technique et sensibilité exacerbée, de l'émotion à l'état pur par un archet dont on guette déjà le prochain enregistrement.ST.R.