Solution en vue dans le litige entre Franki et Libramont Exhibition
Construit en 2012 au beau milieu des champs, le LEC devait être l’inséminateur du secteur agricole et forestier wallon. Depuis, il est le caillou dans le sabot de ses concepteurs, en litige avec le constructeur Franki. Une solution amiable serait sur le point d’aboutir.
Depuis son inauguration à l’été 2012, le nouveau Centre de congrès et d’exhibition, le LEC, pour Libramont Exhibition & Congress, a des ratés. Ou plutôt est devenu un caillou dans la chaussure des administrateurs de la Foire.
Depuis août 2012 et la réception provisoire des bâtiments, en effet, un différend oppose le maître d’ouvrage du nouveau complexe, la société anonyme LEC, créée simultanément avec le bâtiment, à l’entreprise générale de construction Franki (Flémalle).
Celle-ci se réjouissait alors d’avoir emporté le marché (par adjudication au moins disant) avec obligation explicite d’achever le chantier pour l’édition 2012 de la Foire de Libramont. Elle déchante aujourd’hui: cinq ans après l’ouverture des portes, 8 millions d’euros, sur les 14,5 millions budgétés pour le chantier, sont toujours au milieu du champ, mettant les comptes de la S.A.Franki dans le rouge.
Que s’est-il passé? Quelques mois après l’inauguration du LEC, les propriétaires ont commencé à lister une quantité de malfaçons – plus de 3.000! – les obligeant à relancer le chantier à peine achevé, après expertise et après avoir cassé le contrat avec Franki sans payer ce qui n’avait pas été, selon eux, correctement réalisé. Franki, lésé, avait réagi en portant l’affaire en justice auprès du tribunal de commerce, qualifiant le non-paiement d’illégal.
Depuis quatre ans, expertises et lettres recommandées d’avocats s’accumulent. Récemment, la Sogepa, partenaire public du projet, a mis la pression pour trouver une solution amiable. Juste avant le divorce wallon cdH-PS, une discrète réunion de conciliation a été organisée au cabinet du ministre Marcourt, après consultation de quelques "sages" du sérail immobilier. Et le contact aurait été renoué au forceps entre les parties.
"Cela fait plus de 4 ans que nous avons, dans nos comptes, un manque à gagner de près de 8 millions d’euros. Pour respecter le délai imparti – très court – fixé par le cahier des charges, il fallait que nous puissions travailler en flux tendu. Or, plusieurs fois, nous avons posé au maître d’ouvrage des questions restées sans réponses et qui ont entraîné des retards impossibles à rattraper. On a livré à la veille de l’édition 2012; puis, la Foire passée, tout a été jugé mal fait. Et depuis, les expertises judiciaires traînent beaucoup. 75% des rapports sont négatifs pour le maître d’ouvrage; les rapports intermédiaires sont d’ailleurs plutôt favorables pour Franki. Mais nous n’avons pas encore acté une sortie définitive du conflit et nous en payons les pots cassés", argue Philippe Beaujean, le directeur général, qui réclame son dû sans plus tarder.
"L’entreprise adjudicataire avait accepté le marché en connaissance de cause, cahier des charges strict à l’appui. Elle s’était engagée à réaliser les travaux en un peu moins d’un an", répète pour sa part Natacha Perat. Selon, directrice de la Foire de Libramont, on est tout près d’une solution amiable pour sortir par le haut de ce conflit qui fait tache depuis trop longtemps déjà. "D’ici quelques semaines, ce devrait être réglé si chacun met de l’eau dans son vin. On parle d’un dû à l’entrepreneur limité à quelque 3 millions d’euros", précise-t-elle. Contacté, Benoît Greindl, le président de la société anonyme, qui travaille depuis des années déjà à trouver une solution au conflit, confirme avoir un accord de principe avec les dirigeants de Franki et le grand patron du holding, Johan Willemen.
Comptes dans le rouge
Quand on scrute les bilans de la jeune société anonyme LEC dont l’ASBL Association du Parc d’expositions de Libramont détenait à l’origine 100% des actions et dont le capital plafonne à plus de 16 millions d’euros au terme de quatre augmentations rapprochées – ce qui correspond approximativement au prix de revient du complexe –, on est surpris de voir s’accumuler des cash flows et des résultats d’exploitation négatifs dépassant le million d’euros par an et des pertes cumulées frôlant les 7 millions d’euros. Ces apports en capital successifs ont été portés par la Financière du Bois, Investsud et la Sogepa, celle-ci étant aujourd’hui le seul baîlleur de fonds extérieur encore présent aux côtés de l’ASBL fondatrice.
Pour Natacha Perat, malgré les ratés au démarrage, il n’y a rien de secret dans cette plomberie quelque peu complexe pour l’observateur non averti: la Foire de Libramont est un attelage à deux têtes, voire trois, avec le même licou – une société anonyme déficitaire actuellement et une asbl historique, celle du Cheval de trait ardennais. Cette dernière est profitable et renfloue la première pour l’instant. "Les comptes de l’asbl, présidée par Jean-François Piérard, ne doivent pas être publiés; mais par souci de transparence, nous allons prochainement les publier sur notre site. Ainsi, vous pourrez juger sur pièce de la bonne santé de notre faîtière bicéphale consolidée", promet-elle.
Belle brochette à l’apéro
Dès ce vendredi matin, Natacha Perat aura d’autres chats à fouetter. Conjoncture politique aidant, on annonçait en effet, à la veille de l’inauguration officielle de "la" Foire – le rendez-vous obligé de tous les Wallons ruraux qui ne sont pas (encore) partis se la dorer ailleurs –, une fameuse brochette orange-bleue. Etaient déjà confirmés dès 11 heures sur le site Willy Borsus, René Collin, François Belot, Carlo Di Antonio.
La plupart, obligés de regagner le Parlement wallon pour 13 heures, auront un vendredi animé. Il n’est pas irréaliste de penser que d’autres ténors politiques wallons rejoindront le carré d’as entre les tracteurs, tronçonneuses et les plus beaux spécimens.
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