Au travers d’une large diversification du patrimoine investi et de la restructuration du portefeuille lorsque les conditions de marché l’exigent, les gestionnaires des fonds multi-assets peuvent offrir un rendement attrayant aux investisseurs.
"Les titres traditionnels, comme les obligations d’État et d’entreprises, ne parviennent plus à offrir des rendements satisfaisants aux investisseurs dans les conditions actuelles", prévient d’emblée Eugene Philalithis, gestionnaire de fonds auprès du grand investisseur Fidelity. "Cela dit, les catégories d’actifs qui proposent un rendement plus attrayant, comme les actions, sont également plus risquées."
Le Multi-Asset Class Investing peut cependant apporter une solution. Le principe? Investir simultanément dans plusieurs catégories d’actifs, comme les actions, les obligations et les liquidités. Avantage majeur de cette formule: la diversification du risque. Par exemple, une baisse des taux directeurs des banques centrales constitue généralement une bonne nouvelle pour les marchés d’actions, mais jette un froid sur les marchés obligataires. Un relèvement des taux a l’effet inverse. En raison de ce contrepoids naturel, la valeur d’un portefeuille bien diversifié fluctuera moins largement que celle d’un portefeuille investi dans une seule catégorie d’actifs.
Fonds multi-assets et fonds mixtes ne sont pas synonymes, précise néanmoins Charles-Henri Kerkhove, spécialiste produits chez Fidelity, par téléphone depuis Hong-Kong. "Les fonds mixtes sont des produits classiques – peut-être même un peu dépassés – qui investissent par exemple la moitié du patrimoine qui leur est confié en actions, et l’autre moitié en obligations. Dans le cas des fonds multi-assets, les gestionnaires ne s’intéressent pas uniquement aux éléments traditionnels du portefeuille. Leur univers d’investissement englobe notamment les petites capitalisations, les actions de croissance, les obligations à haut rendement, les matières premières et les obligations d’entreprises basées dans les pays émergents, qu’elles soient libellées en monnaie locale, en euro ou en dollar. Ils laissent également de la place à des catégories d’actifs plus opportunistes, telles que les projets d’infrastructure et les certificats immobiliers."
Caractéristique essentielle, les fonds multi-assets rassemblent des catégories d’actifs faiblement corrélés. En d’autres termes, on ne note pas de lien statistique fort entre l’évolution de leurs cours. "Cela nous permet de dégager une plus-value en ajustant les pondérations dans certaines circonstances", explique Charles-Henri Kerkhove. "Les fonds multi-assets sont très dynamiques. Le gestionnaire a donc la possibilité d’accroître ou de réduire le risque lorsqu’il l’estime nécessaire."
"Les fonds multi-assets font l’objet d’une gestion spécialisée et active, tout en offrant aux clients la possibilité d’investir des montants plus modestes", embraie Anne Frérart, Product Manager chez Belfius Banque. "Les clients choisissent par conséquent le fonds dans lequel ils souhaitent investir compte tenu de leur stratégie. Ils peuvent par exemple décider de placer l’accent sur la réduction de la volatilité."
Actif et passif
Ces dernières années ont été marquées par le succès des fonds passifs comme les ETF (fonds cotés en Bourse qui répliquent la performance d’un indice) et des trackers, qui permettent en quelque sorte aux investisseurs de constituer un fonds multi-assets composé d’obligations, d’actions, de matières premières, de devises, etc. Ils font ainsi l’économie des frais propres aux fonds à gestion active, dont une partie du rendement reflue toujours vers l’émetteur.
Charles-Henri Kerkhove remarque cependant que les investisseurs qui ne s’occupent pas activement de leurs économies au jour le jour, et qui ne revoient donc pas régulièrement la composition de leur portefeuille, ont tout intérêt à faire appel à un gestionnaire professionnel. "Bien entendu, c’est à ce gestionnaire de prouver qu’il peut réaliser une performance au moins en rapport avec les frais qu’il facture. C’est ce que, dans notre jargon, nous appelons l’alpha, un paramètre qui indique dans quelle mesure un gestionnaire est plus ou moins performant qu’un indice de référence. Les investisseurs doivent donc opter pour un gestionnaire qui parvient à créer systématiquement une plus-value."