Jean-Sébastien Bach, pygmalion de Raphaël Pichon

Raphaël Pichon et son ensemble Pygmalion ont l’excellente habitude de n’enregistrer un chef-d’œuvre qu’après l’avoir apprivoisé durant de longues années. Tout bénéfice cette fois pour cette monumentale «Messe en si mineur» de Bach, dont la genèse suscite encore bien des questions, et dont le chef français livre une lecture captivante.

Ce n’est pas la première fois que ses choix – comme l’a encore prouvé son «Requiem» de Mozart – rivalisent avec des références du passé, en expédie certaines au tapis et bouscule pour de bon nos certitudes. Ici, c’est la dimension chorale de cette messe inclassable qu’il a privilégiée, avec la complicité d’excellents solistes (Julie Roset, Lucile Richardot, Christian Immler…) et trente chanteurs d’une parfaite homogénéité.

Équilibre parfait

Sculpteur incontesté des grandes fresques baroques, Pichon réalise un équilibre parfait entre voix et instruments d’époque, tout particulièrement dans les moments les plus délicats. Flamboyante mais jamais brouillonne, généreuse mais jamais grandiloquence, sa direction évite tous les pièges d’une partition des plus complexes pour en délivrer une gravure d’une rare subtilité. Indispensable.