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Tout le monde n’est pas convaincu que l’argent placé dans un fonds d’investissement est entre de bonnes mains. Mais il ne faut pas s’y tromper: il est malgré tout possible de faire de bonnes affaires, à condition d’être suffisamment exigeant.
Les fonds d’investissement doivent faire face à une concurrence de plus en plus féroce de la part de "trackers" ou de fonds indiciels cotés en Bourse. Ces trackers sont moins chers, et leur rendement correspond à l’évolution du marché. Les fonds d’investissement essaient de faire mieux que le marché, et facturent pour cela des frais plus élevés. Plus d’une étude démontre que de nombreux fonds n’atteignent pas leurs objectifs, ce qui sème le doute dans l’esprit des investisseurs.
Les détracteurs des fonds d’investissement estiment que le marché est imbattable à long terme, et que les fonds ne peuvent justifier leurs frais élevés. D’autres pensent qu’ils ne réussissent qu’exceptionnellement à faire mieux que le marché. Les gagnants d’hier sont les perdants de demain, entend-on. Ceux qui prennent ces déclarations pour argent comptant, auront tendance à tourner le dos aux fonds d’investissement. La voie est donc toute tracée pour les fonds indiciels — moins chers — ou pour la constitution d’un portefeuille d’actions personnalisé.
Malgré tout, la réponse est un peu plus nuancée. Pour le démontrer, nous sommes partis de la critique "les gagnants d’hier sont les perdants de demain". Nous avons analysé les résultats de fonds sur les cinq dernières années et dans 13 catégories, soit pas moins de 889 fonds.
Imaginons maintenant que vous cherchiez parmi ces 889 fonds ceux qui, en 2013, ont réalisé de meilleurs résultats que la moyenne (médiane) de leur catégorie. Le calcul est simple: un fonds sur deux fait mieux que cette médiane. Mais élargissons l’exercice pour chercher les fonds qui ont répété cette performance en 2012 et en 2013. Combien de fonds trouve-t-on? Beaucoup moins, bien entendu. Seuls 26% passent la rampe. Continuons et cherchons les fonds qui ont réussi cette prouesse en 2011, 2012 et en 2013: seuls 10,7% des fonds peuvent s’en targuer. Si nous prenons les cinq dernières années, nous nous retrouvons avec seulement 4,1% des fonds.
La tendance est claire: plus nous remontons dans le temps, plus le nombre de fonds faisant mieux que la moyenne se réduit. Au final, après X années, plus aucun fonds ne correspond à ce critère. On peut donc dire que la maxime a raison, puisqu’il arrivera toujours un moment où la série sera interrompue et où le fonds n’arrivera plus à battre la moyenne.
Plusieurs exemples du passé viennent illustrer ce constat. L’exemple le plus évident, c’est sans aucun doute l’Américain Bill Miller. Le gestionnaire de fonds de Legg Mason a réussi, entre 1991 et 2005, à battre l’indice de référence année après année. En 2006, la série s’est interrompue. On trouve d’autres exemples dans l’historique des Awards de L’Echo et du Tijd: par exemple, la Banque de Luxembourg, lauréate du Super Award de 2009 à 2013, n’a pas réussi cette année à se hisser sur une des marches du podium. Le gestionnaire a été victime de sa politique prudente, ce qui a pesé sur ses rendements par rapport à ses concurrents.
Les fonds battent le Bel 20
Les critiques sont-elles donc fondées? Ce n’est pas aussi simple. Il arrive à tous les gestionnaires de fonds de se faire contredire par le marché, c’est pourquoi notre recherche devra porter sur les gestionnaires qui se trompent le moins souvent. Le marché est lui-même un élément important de cette recherche.
Prenons les fonds qui investissent dans des actions belges: leur rendement annuel moyen est de 14,4% (de la fin 2008 à la fin 2013). Pour cette période, le Bel20 affiche un rendement de 12,1% par an. Avec le fonds médian, vous obtenez 2% de plus par an qu’avec un tracker suivant le Bel20. En d’autres mots, la moyenne des fonds bat l’indice sur une période de cinq ans.
Mais la situation est différente avec les fonds d’actions américaines, où le fonds moyen offre un rendement — sur cinq ans et exprimé en euros — de 16,5% par an. Par comparaison, sur la même période, l’indice de référence du marché américain — le S & P500 — affiche, dividendes compris et exprimé en euros, plus de 1,5% de rendement supplémentaire. Autrement dit, dans ce marché, le fonds moyen ne fait pas mieux que l’indice. Tout cela s’explique en grande partie par l’efficacité et la taille des marchés. Le marché américain des actions est suivi par une armée d’analystes, ce qui laisse peu de place à l’inefficacité, tandis que le marché belge compte beaucoup de petites capitalisations qui ne sont pas suivies par les analystes. Dans ces marchés, il est plus facile de faire aussi bien que le marché et donc de trouver des fonds qui, à long terme, font mieux que le marché.
En cherchant bien, on trouvera des fonds dans les catégories les plus rentables qui font régulièrement mieux que le marché. Prenons par exemple les différences de rendement entre trois catégories d’investissement (voir tableau). Le fonds d’actions américaines qui enregistre les meilleurs résultats affiche un rendement moyen de 21,7% par an, soit beaucoup mieux que l’indice de référence. Le fonds le moins performant obtient un rendement de 10,9% par an. Nous observons également de grandes différences dans la catégorie "actions européennes". Le fonds d’actions européennes le moins rentable affiche un rendement moyen de 4,7% par an, contre 21,3% pour le meilleur fonds. À titre de comparaison, le tracker qui suit l’indice européen DJ Stoxx 600 enregistre un rendement moyen de 14,7% par an, dividendes compris.
Éviter que les frais amputent le rendement
Nous en arrivons à une autre critique qui doit être nuancée. Les rendements dont on parle comprennent toujours les frais annuels récurrents. La critique qui dit qu’après paiement des frais il ne reste pratiquement rien, doit donc être prise avec réserve. Il est bien entendu vrai que les fonds qui facturent annuellement 2% de frais doivent battre l’indice d’au moins 2% s’ils veulent tout juste faire aussi bien.
Un bon truc pour éviter qu’un fonds ne soit qu’une machine à facturer des frais, c’est d’opter pour une formule qui facture des frais de prestation. Ces coûts ne sont facturés que si l’objectif défini au préalable a été atteint. Il vaut donc mieux privilégier un fonds avec des coûts annuels réduits et des frais de prestation élevés. De cette façon, les investisseurs sont assurés que le gestionnaire fera tout son possible pour obtenir de bons résultats. La règle générale suivante va bien entendu de soi: moins les frais sont élevés, mieux c’est.
En conclusion, nous pouvons dire que les fonds d’investissement peuvent jouer un rôle dans votre portefeuille, à condition que vous soyez suffisamment critique au moment de les sélectionner. Ces choix exigent beaucoup de travail préparatoire, comme c’est le cas pour un investisseur qui souhaite composer un portefeuille d’actions individuelles.
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