Afscatastrophe
Du fipronil à Veviba, l’Afsca est à côté de la plaque
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Vingt ans ont passé, ou à peu près, depuis le tristement célèbre scandale de la dioxine et voyez où nous en sommes aujourd’hui. Au même point.
On nous fait toujours manger de la merde – pour paraphraser le regretté Jean-Pierre Coffe.
L’Afsca, une usine à gaz défaillante qui ne rassure en rien les Belges sur ce qu’ils ont dans leur assiette, doit être réformée.
Nourriture et viande avariées, impropres à la consommation, en matière de santé publique et de sécurité de la chaîne alimentaire, il n’y a plus un Belge sain d’esprit qui puisse croire en la fiabilité des contrôles de l’autorité publique – dioxine, fipronil, viande de cheval, Veviba…
Mangez tranquilles, citoyens, l’Afsca veille au grain.
L’Afsca, nous y voilà. Cette usine à gaz mise en place en 1999 était censée rassurer les Belges sur la qualité de ce qu’ils auraient dans leur assiette, or c’est tout le contraire qui se produit.
On est en face d’une hydre à plusieurs têtes, avec une guerre des chefs en son sein, on a quelque 1.300 personnes livrées à elles-mêmes, ou quasiment, on a recours à des externalisations des contrôles, on a une chaîne de commandement défaillante avec des vétérinaires "externes", des "consultants", qui doivent réaliser des contrôles après avoir attendu des heures devant un abattoir. On a des rapports malsains entre contrôleurs et contrôlés, une traçabilité des produits aléatoire, on hallucine quand on voit que les contrôlés sont parfois avertis des contrôles à l’avance et on tombe de notre chaise quand on voit le temps de réaction qu’il faut à l’Afsca pour réagir et recommander des mesures efficaces.
Ah, mais Monsieur, c’est parce qu’il y avait une enquête de la justice en cours…
Voilà donc la maladie chronique dont souffre ce pays: le syndrome du "je m’en lave les mains, j’ai refilé la patate chaude à un autre niveau de pouvoir". Suffit!
Qu’on balaye cette manière de faire, qu’on vire ces responsables incapables qui jouent avec la santé des Belges.
En attendant une réforme drastique et en profondeur de l’Afsca, on ne peut que souhaiter que la Justice, l’inspection sociale et l’inspection fiscale mettent autant de diligence et de zèle à traquer les fraudeurs de l’alimentation qu’elles ne peuvent parfois en mettre à traquer les petits indépendants et les PME. Ce serait un signal hautement appréciable et symbolique.
Pour le reste, il est plus que temps d’en finir avec les œillères du XXe siècle: la nourriture de qualité, les labels d’excellence, le bio, les filières ultra-traçables et sécurisées, les circuits courts et la proximité, ce n’est plus, ce n’est pas l’apanage des écologistes. Il est plus que grand temps que l’ensemble des formations politiques de ce pays fassent du "manger sain" une cause commune. En vérité, ceci ne devrait même plus faire débat. Et on espère que les campagnes électorales, en 2018 et 2019, donneront le ton à cet égard. Bon appétit.
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