Vladimir Poutine ne se rendra pas aux pourparlers d'Istanbul, une "défaite diplomatique" pour lui
Le Kremlin a communiqué la composition de la délégation qui se rendra à Istanbul pour mener des négociations sur le conflit ukrainien. Vladimir Poutine n'en fait pas partie.
Les yeux du monde entier sont tournés vers la Turquie, le point de rencontre historique entre l'Occident et la Russie, où plusieurs rendez-vous diplomatiques de haut niveau sont attendus, ce jeudi, pour discuter de la guerre en Ukraine et de la sécurité de l'Europe. Les négociations de paix entre l'Ukraine et la Russie sont censées reprendre à Istanbul.
Le Président russe, Vladimir Poutine a proposé dimanche cette rencontre à Istanbul. Le Président des États-Unis, Donald Trump, en déplacement au Moyen-Orient, avait laissé entendre qu'il participerait aux négociations si Poutine décidait de s'y rendre.
Le même jour, les 32 ministres des Affaires étrangères de l'Otan se réuniront à Antalya pour échanger sur la guerre en Ukraine et sur la hausse des dépenses de défense, que Washington veut porter à 5% du PIB.

Le Tax shelter exonéré de taxe sur les plus-values | Poutine n'ira pas à Istanbul | Reprise des IPO à Wall Street?
"Aux yeux du Kremlin, la venue de Vladimir Poutine à Istanbul pour les négociations témoignerait de sa faiblesse."
Poutine brillera par son absence
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky multipliait, depuis lundi, les pressions sur Poutine pour qu'ils se rencontrent à Istanbul. L'entourage du Président russe a laissé entendre qu'il ne serait pas présent, une information confirmée ce mercredi soir. La délégation russe sera menée par le conseiller présidentiel Vladimir Medinski, le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Galouzine et le vice-ministre de la Défense Alexandre Fomine, selon la liste publiée par le Kremlin.
Dans la foulée, la Maison-Blanche a également indiqué que Donald Trump ne ferait pas le déplacement à Istanbul.
"Aux yeux du Kremlin, la venue de Vladimir Poutine à Istanbul pour les négociations témoignerait de sa faiblesse et le présenterait comme un fervent partisan d'une résolution pacifique de la guerre, ce qui serait mal perçu par le public russe", explique l'analyste ukrainien Serhii Kuzan, président du Centre ukrainien de sécurité et de coopération.
L'Europe exhortait, elle aussi, le Président russe à se rendre en Turquie, avec un durcissement des sanctions à la clé si la Russie refuse de progresser dans les négociations. L'UE a adopté un 17ᵉ paquet de sanctions mercredi, qui ciblent, entre autres, la flotte fantôme de pétroliers russe.
"Le président Poutine se cache pour l'heure", nous confiait mercredi soir un conseiller de l'Élysée, "nous attendons de voir s'il aura le courage demain de venir en Turquie. S'il ne l'a pas, en tout état de cause, ce qui est clair, c'est que le président Zelensky, lui, a le courage à la fois du cessez-le-feu et de la négociation".
Quoi qu'il arrive, Zelensky a assuré qu'il serait jeudi à Ankara pour rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdoğan. "L'Ukraine est prête à toutes les formes de négociations", a-t-il dit, en ajoutant qu'il attendait voir "qui arrivera de Russie".
Le lendemain, le Président ukrainien participera au sommet de la Communauté politique européenne, réunissant 50 dirigeants européens, à Tirana, en Albanie.
"Ceux qui croient que la Russie se contentera d'une victoire sur l'Ukraine ou de l'annexion d'une partie du pays se trompent."
La Russie inflexible
Même s'il s'était déplacé à Istanbul, il y avait peu de chance que Vladimir Poutine infléchisse ses exigences. Depuis le début de la guerre, Moscou réclame la non-adhésion de l'Ukraine à l'Otan, sa démilitarisation et l'assurance que la Russie garde les territoires ukrainiens occupés, y compris la Crimée.
Poutine souligne les "causes profondes" du conflit, son objectif étant de forcer l'Otan à se retirer des pays de l'Est.
"Ceux qui croient que la Russie se contentera d'une victoire sur l'Ukraine ou de l'annexion d'une partie du pays se trompent", a averti mercredi le chancelier allemand Friedrich Merz.
"L'absence de Poutine démontrerait que la Russie refuse de vraies négociations de paix."
Les scénarios envisageables
Vu l'absence annoncée de Vladimir Poutine à Istanbul, Trump et Zelensky devraient, eux aussi, s'abstenir. Les discussions devraient être menées au niveau des émissaires ou des ministres des Affaires étrangères, l'Ukrainien Andriy Sybiha et l'Américain Marco Rubio étant dans les parages, à la réunion de l'Otan à Antalya.
"L'absence de Poutine en Turquie constituerait sa véritable défaite diplomatique. Cela démontrerait que la Russie refuse de vraies négociations de paix et que ses délégations n'acceptent de nouvelles réunions infructueuses que pour gagner du temps", concluait Serhii Kuzan avant l'annonce de son refus de se déplacer.
Dossier spécial sur la guerre en Ukraine, lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine: toute l'actu et les dernières infos sur le conflit armé entre l'Ukraine et la Russie.
Les plus lus
- 1 Réforme du chômage: les exclusions démarreront en trois vagues
- 2 Pensions: le gouvernement lâche du lest sur l'indexation des hautes pensions
- 3 Réforme du chômage: un nouveau scénario pour les exclusions
- 4 La réforme du chômage pourrait rapporter beaucoup plus que prévu en 2026
- 5 À Time Square, la statue qui dérange l’Amérique conservatrice