Publicité

Des Jeux olympiques en Belgique, possible un jour?

Si le Stade Roi Baudouin peut toujours accueillir une étape de la Diamond League, sa capacité d'accueil est insuffisante pour y organiser les compétitions d'athlétisme de JO. ©AFP

Plus d'un siècle après Anvers 1920, serait-il possible pour la Belgique de réorganiser les Jeux olympiques? Seule, cela semble franchement compliqué. Mais avec nos petits voisins, pourquoi pas.

Après deux semaines intensives, les JO de Paris passeront officiellement ce dimanche le relais à Los Angeles qui accueillera dans quatre ans la 34ᵉ édition des Jeux olympiques modernes. Brisbane se chargera de ceux de 2032. Et après, pourquoi pas la Belgique? En 1920, Anvers a accueilli la seule édition s'étant déroulée dans le plat pays. Serait-il possible de revoir la compétition chez nous?

On ne va pas se mentir, ça s'annonce très compliqué, voire impossible. Le premier frein est évidemment lié aux infrastructures. La situation est toutefois meilleure qu'il y a quelques années. La Belgique a même récemment montré sa faculté à organiser de grands événements, comme le Championnat du monde de cyclisme à Leuven en 2021 ou celui de gymnastique à Anvers, l'an dernier.

Publicité

Notre pays a également récemment investi dans de nouvelles structures de haut niveau dont un vélodrome parmi les plus réputés d'Europe et bientôt son premier stade permanent de hockey.

"La construction de nouveaux sites ou infrastructures permanents aux fins de l’organisation des Jeux olympiques ne peut être envisagée que sur la base de plans d’héritage durables."

Comité international olympique

Athlétisme et natation, le talon d'Achille belge

C'est un bon début, mais c'est aussi clairement insuffisant. Pour ce qui est des deux monuments de l'olympisme, l'athlétisme et la natation, la Belgique n'est pas vraiment bien lotie. Aujourd'hui, notre pays ne compte qu'une enceinte de plus de 50.000 places. Si le Stade Roi Baudouin est toujours homologué pour accueillir une étape de la Diamond League, il est certain qu'il faudrait plus qu'un sérieux coup de pinceau pour en faire un stade olympique. En termes de capacité, il serait d'ailleurs le plus petit stade depuis les JO d'Amsterdam de... 1928.  

Publicité

Pour la natation, la Belgique dispose bien de plusieurs bassins aux dimensions olympiques, mais sans une capacité d'accueil du public suffisante. La problématique est la même pour les salles de basket, d'escrime, de judo…

Publicité

Il faudrait donc construire en masse. C'est justement ce que souhaite éviter le Comité olympique. "La construction de nouveaux sites ou infrastructures permanents aux fins de l’organisation des Jeux olympiques ne peut être envisagée que sur la base de plans d’héritage durables et s’ils présentent une valeur ajoutée à long terme pour la région, la ville et la population locale", indique notamment le Comité olympique dans son cadre contractuel pour l'organisation des Jeux. À Paris, 95% des infrastructures étaient déjà existantes ou temporaires. À Los Angeles, tout le nécessaire existe déjà.

 Outre la piste historique du vélodrome de Gand, notre pays dispose depuis octobre dernier d'une deuxième piste couverte, située à Heusden- Zolder (Limbourg).
Outre la piste historique du vélodrome de Gand, notre pays dispose depuis octobre dernier d'une deuxième piste couverte, située à Heusden- Zolder (Limbourg). ©Photo News
90%
90% des Jeux sont financés sur fonds privés.

La complexité de la mobilité

Il faudrait ensuite miser sur un sacré boost de l'ensemble de l'infrastructure non sportive. Particulièrement du côté de la mobilité avec, là aussi, la contrainte qu'il n'est plus acceptable de construire uniquement pour les JO. "Le transport peut représenter un défi en raison de l’augmentation du nombre de visiteurs dans le pays hôte", prévient d'ailleurs le Comité olympique. "Il est donc essentiel de s'assurer que les aéroports, gares, routes et autres infrastructures de transport indispensables au projet des Jeux puissent prendre en charge ces demandes exceptionnelles et temporaires. Rappelons qu’aucune infrastructure permanente ne doit être envisagée si son seul but est de servir à la tenue des Jeux" indique le CIO.

Du côté de la SNCB, on confirme n'avoir jamais étudié la question en profondeur. "Mais comme on l'a vu à Paris, il est certain que le train est stratégique dans une telle organisation. Cela demanderait donc un très gros travail de préparation", indique Tom Guillaume, porte-parole de la SNCB.

Publicité

Si la Belgique parvient malgré tout à justifier l'intérêt concret d'autant d'investissements, il faudrait ensuite trouver des soutiens financiers pour les payer. Aujourd'hui, plus de 90% des Jeux sont financés sur fonds privés. La ville organisatrice peut compter sur une enveloppe amenée directement par le CIO et ses partenaires comme Coca-Cola, Airbnb ou encore Toyota.

Le soutien d'entreprises qui sont des références nationales reste indispensable. Il est forcément bien plus simple à trouver pour les grandes nations. Du côté de Paris, Tony Estanguet a ainsi pu compter notamment sur l'appui d’Orange et LVMH. Le spécialiste du luxe aurait dépensé plus de 200 millions d'euros. Pour rappel, la note finale des JO de Paris s'est élevée à près de neuf milliards d'euros.

Prêt même en cas de catastrophe

Mieux vaut d'ailleurs ne pas se tromper dans ses calculs. Car en principe, on n’annule pas les Jeux olympiques. Le CIO indique clairement que le plan financier doit être suffisamment robuste, même en cas de "ralentissement économique, de catastrophes naturelles ou d'autres aléas". Dans toute l'histoire des Jeux modernes, seules les éditions de Berlin 1916, de Tokyo 1940 et Londres 1944 ont été annulées pour raison de guerre mondiale. Londres récupèrera toutefois l'organisation quatre ans plus tard.

Reste enfin une autre difficulté au niveau politique. "Il faut beaucoup de constance dans la direction durant les sept ans de préparation ce qui, on le sait, est parfois difficile à garantir dans notre pays", glisse Pierre-Olivier Beckers, qui assurait pour Paris 2024 la coordination entre le Comité international olympique et le comité organisateur.

Le soutien d'entreprises qui sont des références nationales reste indispensable pour assurer le financement de l'organisation des JO. À Paris, la facture s'est élevée, au total, à neuf milliards d'euros.
Le soutien d'entreprises qui sont des références nationales reste indispensable pour assurer le financement de l'organisation des JO. À Paris, la facture s'est élevée, au total, à neuf milliards d'euros. ©BELGA
Publicité

"On pourrait plus facilement imaginer une candidature du Benelux."

Pierre-Olivier Beckers
Président de la Commission de coordination pour les Jeux de Paris 2024

Une candidature multirégionale

Avec un tel tableau, une organisation belge semble donc très compliquée à mettre en place. Mais reçevoir les Jeux en Belgique n'est pas tout à fait impossible pour autant. Particulièrement depuis la décision du CIO d'autoriser les candidatures par région et non plus uniquement par ville.

"On pourrait dès lors plus facilement imaginer une candidature du Benelux. Cela serait très probablement accepté par le comité olympique. L'aspect économique pourrait bien plus se justifier pour les trois pays et les distances courtes permettraient des déplacements assez faciles. "Cela pourrait même permettre de finaliser une liaison ferroviaire rapide entre la Belgique et le Luxembourg", lançait l'ancien patron du COIB dans notre Brief Spécial JO. "Dans ce format-là, je pense que, oui, ce serait possible de revoir les Jeux en Belgique. Ce serait en tout cas fantastique et boostant pour notre pays".

À noter qu'une telle organisation ne se ferait toutefois pas avant 16 ans puisque quatre candidatures ont déjà été déposées pour les Jeux de 2036. Il faudra donc attendre 2040. Cela laisse au moins le temps de bien se préparer.

Le résumé
  • Plus de cent ans après Anvers 1920, une nouvelle organisation des JO en Belgique semble fort peu probable.
  •  La Belgique manque clairement d'infrastructures adéquates pour accueillir les Jeux.
  • Une telle organisation nécessiterait également une amélioration significative des infrastructures de transport.
  •  Une candidature conjointe avec les Pays-Bas et le Luxembourg pourrait toutefois rendre l'organisation des JO plus réaliste.
Publicité
Le chroniqueur sportif Aster Nzeyimana, sur la chaîne DAZN, qui retransmet les matchs de Pro League.
Vaste opération de chasse au streaming illégal et à l'IPTV en Belgique
DAZN et 12th Player, diffuseurs du football professionnel en Belgique, ont obtenu de la justice belge une opération de chasse aux sites de streaming sportif et d'IPTV d'un nouveau genre. Elle est menée ce samedi soir par les fournisseurs d'accès à internet.