Fonder un Big Brother public
Le constat: Alors que les technologies du big data nous fournissent des données en pagaille, les autorités se basent souvent sur des statistiques obsolètes lors de leurs prises de décision, leurs budgets sont imprécis, leurs programmes politiques invérifiables. L’idée: Créer une plateforme où se trouveraient toutes les données en temps réels.
Un Big Brother wallon et bruxellois! Cet outil public est un contre-pied au célèbre roman "1984" de George Orwell. Ici, point de police des pensées. Pas question non plus de parler de "faits alternatifs". C’est même tout le contraire. Derrière le Big Brother se cache un observatoire ultramoderne d’analyse et de modélisation des données publiques au service des citoyens et des décideurs politiques. Bienvenue dans l’ère du 5.0!
11 entrepreneurs proposent 11 idées pour faire avec avancer Bruxelles et la Wallonie.
Certains pourraient y voir un énième bidule public wallon ou bruxellois, d’autres un doublon inutile par rapport au travail de contrôle déjà effectué par la Cour des comptes ou les Parlements. On est pourtant à des années-lumière de ce qui existe.
Au niveau de son fonctionnement, cette plateforme informatique utilise l’ensemble des outils de l’ère du digital. Avec l’avènement du big data et de la numérisation, une masse infinie d’informations est à portée de main et le traitement de toutes ces données repousse à l’infini les possibilités d’analyse. Le facteur temps n’est, lui, plus un frein. Ce super-observatoire se chargerait d’extraire et de faire interagir les informations dispersées aux quatre coins des administrations régionales et locales, au niveau des marchés publics, des enregistrements transactionnels d’achats, des documents fiscaux, des transactions immobilières, des écoles, des hôpitaux, sur les habitudes des citoyens… Bref, il se définit comme un super-outil d’aide à la décision et à l’évaluation.
Ce super-observatoire se chargerait d’extraire et de faire interagir les informations dispersées aux quatre coins des administrations, des écoles, des hôpitaux...
Si des entreprises comme Proximus ou bpost ont compris l’intérêt qu’elles pouvaient tirer de l’analyse et de l’exploitation des données digitales de leurs clients, les institutions publiques n’ont pas encore franchi le cap de cette révolution.
Le constat est sévère. Les administrations sont assises sur une masse gigantesque de données qui, rassemblées sur une plate-forme par les outils du big data, pourraient révolutionner l’action publique. On en est pourtant encore très loin. Il est, par exemple, impossible de retrouver sur internet le monitoring mensuel des dépenses publiques réalisé par les administrations. Le citoyen doit se contenter, dans le meilleur des cas, de données vieilles de plusieurs mois. Et quand il tape le mot-clé "budget" sur Google, les documents sont tout sauf une invitation à l’analyse des comptes de la Région. Idem du côté des statistiques en matière de chômage, de mobilité ou de chantiers. Les mises à jour restent aléatoires. Rien n’est disponible au jour le jour. Le dernier indice conjoncturel de la fécondité en Wallonie date, lui, de 2012. Idem pour le nombre moyen de naissances en Wallonie. Les transactions immobilières souffrent aussi de ce décalage entre la réalité de terrain et celle présentée. Cela rend forcément compliquée l’analyse de l’évolution du marché.
À l’approche des campagnes électorales, rien ne permet non plus aux citoyens de vérifier avec exactitude l’incidence financière du programme d’un parti politique.
Agenda
Cette idée sera discutée avec les parties prenantes le samedi 7 avril 2018.
Cette sous-utilisation des données digitales soulève aussi des questions sur l’efficacité de l’action des gouvernements. Les décisions politiques se font aujourd’hui sans le recours à toutes les techniques du digital. Le travail des gouvernements repose bien souvent sur des états des lieux ou des statistiques figées depuis plusieurs mois, voire plusieurs années et donc incomplètes. Une hérésie alors que le big data pourrait apporter aux décideurs politiques une arme stratégique pour analyser l’impact d’une décision sur la base de données actualisées au quotidien.
L’exemple des tests scolaires Pisa est intéressant. Pourquoi se limiter à un résultat général à l’échelle de la Communauté française alors qu’avec le big data, on pourrait pointer les résultats de chaque école et apporter, dans la foulée, les remédiations appropriées en fonction des problèmes spécifiques de l’établissement? Le décryptage peut également porter sur la performance des professeurs. Idem en matière de santé. Il est possible de publier à côté de chaque hôpital la liste des maladies les mieux soignées ou le temps d’attente pour une consultation. Du côté des budgets communaux ou régionaux, une mise à jour quotidienne de la consommation des moyens publics via les nouvelles technologies pourrait amener un gouvernement à réagir plus rapidement en cas de dérapage. Ses projections n’en seraient d’ailleurs que plus justes.
La conception de cet observatoire public n’est pas un chantier titanesque. De l’avis d’experts, le principal défi consiste à extraire les sources des données dans les administrations publiques locales ou régionales, au sein de la chambre des notaires ou des hôpitaux et des écoles, et de les traiter sous forme de cartes, de tableaux ou de statistiques. Un travail que pourrait facilement gérer un programme informatique.
Enfin, il faut voir derrière cette proposition une étape ultime avant la fin du papier. Administrations, communes ou cabinets ministériels: l’action publique doit sauter dans le monde du 100% digital!
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