La Belgique, championne de la voiture autonome
Le constat: Pour les problèmes de mobilité, les autorités continuent à penser "voiture" alors que la technologie des véhicules autonomes est en plein boom et pourrait être la clé de nombreux problèmes. Infrastructures, connectivité, acceptation de la technologie, etc. Les défis sont nombreux. L’idée: Établir une stratégie claire pour se montrer leader plutôt que suiveur en matière de voiture autonome.
La voiture autonome est le sujet du moment. Que ce soit sur les salons automobiles ou dans les grand-messes technologiques comme le CES de Las Vegas, on ne parle que de ça. Il faut dire que la technologie avance vite. Certaines marques sont prêtes pour le niveau 3 de la conduite autonome (celui qui permet déjà de faire autre chose derrière le volant) et plusieurs marques promettent la voiture 100% autonome (niveau 5) d’ici quelques années.
11 entrepreneurs proposent 11 idées pour faire avec avancer Bruxelles et la Wallonie.
Il est donc primordial de ne pas se laisser dépasser par les événements et de se préparer activement à l’arrivée de la technologie. Celle-ci promet de nombreux avantages. En sécurité routière d’abord, alors que 95% des accidents à l’heure actuelle sont dus à des erreurs humaines. En gains de temps également. La voiture autonome rendra en effet du temps aux usagers, que ce soit pour du loisir ou du temps de travail, un gain économique considérable. La voiture autonome et connectée promet aussi des gains de mobilité avec des données entièrement accessibles, mais aussi des voitures qui ne doivent pas chercher de place de parking…
Débat citoyen
Il faudrait néanmoins dès aujourd’hui avoir un réel débat citoyen sur la voiture autonome. Selon les enquêtes, l’acceptation de celle-ci est plus grande année après année. Toutefois, de nombreux citoyens restent très réticents face à cette technologie. Le jour où la voiture autonome sera sur les lignes de production, il serait bien que les débats aient déjà eu lieu pour éviter tous les freins à son développement. Débats qui ne pourront faire l’économie des questions éthiques sur les choix qu’implique la voiture autonome, notamment dans les situations extrêmes. Faudra-t-il protéger les passagers ou les piétons en priorité? Telle est le genre de question à laquelle il faudra répondre.
La connectivité, c’est la clé
Il y a aujourd’hui un très gros débat international sur les standards à adopter pour connecter les voitures entre elles. Pour faire simple, il s’agit d’une opposition entre les tenants des dernières technologies cellulaires contre les tenants des technologies wi-fi dernier cri. Le sujet est très important car de nombreux gains liés à la voiture autonome sont directement dépendants de la capacité qu’auront les véhicules à communiquer entre eux, mais aussi avec l’infrastructure environnante. Des tests ont déjà eu lieu en Belgique et en Wallonie, le tout s’inscrivant dans un cadre de tests européens. Les "trains de véhicules", ces voitures qui conduisent comme une seule en file indienne, représentent des gains de place et de consommation importants. Ils dépendent entièrement de cette habilité qu’auront les véhicules à parler entre eux.
Au niveau des entités fédérées, on travaille donc beaucoup sur le thème de la connectivité de l’infrastructure aux véhicules. Il faut que l’information soit quasi instantanée en cas de travaux, etc. Dans leur vision futuriste, les Pays-Bas ont par exemple prévu qu’il n’y aurait plus de signalisation sur leurs routes dès 2030, tout sera directement communiqué aux véhicules. Pour l’instant, beaucoup dépend des plans européens, c’est essentiel pour développer des standards de communication communs. Dans ce cadre, la Wallonie implémente par exemple depuis quelques mois des routes connectées qui peuvent communiquer avec les voitures. Un très gros chantier, alors que constructeurs et autorités commencent à peine à discuter des données à échanger.
Adapter la législation
En matière de législation, pas mal de choses se jouent évidemment à l’international. La Convention de Vienne a été amendée en mars 2016 pour clarifier l’utilisation des fonctions autonomes. Il faut maintenant que la certification des véhicules autonomes soit revue. On travaille à un amendement de l’UN R79, une législation sur le dispositif de direction des véhicules. Tant que cet amendement n’est pas passé, il est par exemple impossible, au niveau international, de lâcher le volant quand on roule à plus de 10 km/h, ce qui rend le développement de la voiture autonome impossible.
Mais quand il s’agit du code de la route, chaque pays a son mot à dire. Les pays doivent donner leur accord sur ce qui est permis de faire derrière le volant (lire le journal, consulter ses mails, etc.). L’Allemagne a, par exemple, déjà passé un texte pour permettre aux fonctionnalités de niveau 3 et de niveau 4 (plus de conducteur dans certaines situations) du véhicule autonome de circuler sur ses routes. La condition sine qua non est que le "conducteur" reste sur le siège conducteur vu qu’il devra peut-être, à un moment, reprendre le contrôle du véhicule après un certain délai.
Les infrastructures
Là où il est essentiel de se préparer, c’est au niveau des infrastructures. Il ne sert à rien de construire d’immenses parkings à amortir sur 25 ans si la voiture autonome partagée promet de ne plus en avoir besoin d’ici là. La difficulté sera d’établir un agenda réaliste de l’apparition du véhicule autonome connecté et de sa progression. Des arbitrages d’investissements devront être réalisés et ils ne seront pas toujours évidents.
Pour le moment, le marquage au sol est ainsi essentiel au bon fonctionnement de la voiture autonome. Ce sera peut-être une technologie de géolocalisation très précise qui l’emportera sur le moyen terme (avec le GPS). C’est là toute la difficulté de la voiture autonome, c’est qu’il faut voir quelles seront les technologies qui s’imposeront et quand. En attendant, les investissements publics seront surtout réalisés dans des projets tests et pilotes avec notamment l’utilisation de véhicules autonomes dans des cadres précis. Les autorités devront prendre des paris sur certains projets, si on espère être leaders plutôt que suiveurs en matière de voiture autonome.
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