Qu'est-ce que Bluesky, l'alternative à X qui a gagné un million d'utilisateurs en 24 heures?

"C'est officiel, 1.000.000 de personnes ont rejoint Bluesky au cours de la dernière journée! Bienvenue et merci d'être ici", a indiqué la plateforme dans un message posté à la fois sur Bluesky et sur X, le 15 novembre dernier. Un record qui a sans aucun doute un lien avec la nomination d'Elon Musk, propriétaire de X, à la tête d'un nouveau "Département à l'Efficacité gouvernementale" par le président élu Donald Trump.

De nombreux utilisateurs ont en effet déserté la plateforme suite à cette annonce. Des médias comme le Guardian et la Vanguardia ont, eux aussi, indiqué qu'ils ne publieraient plus de contenus sur X, devenu selon eux une "plateforme médiatique toxique" vectrice de "désinformation".

Bluesky, c'est quoi?

Projet initialement créé et financé en 2019 par Twitter lui-même, quand le réseau était alors dirigé par son co-fondateur Jack Dorsey, Bluesky est devenu une société indépendante deux ans plus tard. Elle s'est ensuite ouverte au grand public en février 2023. Mais c'est en octobre de la même année que le nombre d'utilisateurs a explosé, au moment où les décisions d'Elon Musk ont commencé à se faire sentir sur X.

Aujourd'hui, le réseau revendique 20 millions d'utilisateurs, une forte croissance pour une plateforme qui en comptait 10 millions mi-septembre. Mais qu'est-ce qui la différencie de feu-Twitter, exactement? Sa philosophie, en grande partie.

Car oui, contrairement à X, Bluesky se veut décentralisé, la plateforme n'exerce pas de contrôle sur les données et les interactions de ses utilisateurs. Ces dernières peuvent être stockées sur plusieurs serveurs gérés par différents individus ou organisations. Lors de leur connexion, les utilisateurs ont en effet le choix d'utiliser les serveurs de Bluesky ou d'en utiliser des personnalisés, basés sur le protocole AT Protocol (Authenticated Transfer Protocol), afin de profiter de plus de liberté, de transparence et de contrôle sur leurs données et vie privée.

À cela s'ajoute le fait qu'ils peuvent influencer les algorithmes de contenu de la plateforme. D'ailleurs, il n'existe pas un, mais plusieurs fils d'actualité basés sur les comptes suivis, mais aussi sur des thématiques ou des centres d'intérêt créés par d'autres utilisateurs.

Pour le reste, le fonctionnement est fort similaire à X, de même que le design – du fait de sa relation originelle avec Twitter. Les messages apparaissent comme des tweets que l'on peut commenter, liker et partager. Les messages privés sont de la partie, de même que les photos et vidéos.

Pourquoi cet afflux de nouveaux utilisateurs?

Depuis son rachat de Twitter en octobre 2022, Elon Musk a largement assoupli les règles de modération de la plateforme, autorisant notamment le retour de comptes liés à des mouvements d'extrême droite. Un assouplissement qui avait déjà poussé bon nombre d'utilisateurs à passer à la concurrence, notamment chez Mastodonte, Threads - quand il a été lancé par Meta - et Bluesky.

Mais il semblerait que son soutien indéfectible à Donald Trump durant sa campagne, ainsi que sa future implication dans son équipe, ait convaincu une nouvelle vague d'internautes à abandonner le navire.

À cela s'ajoute le fait qu'il n'est plus nécessaire de recevoir une invitation pour s'inscrire sur Bluesky. En effet, lors de son lancement et jusqu'à février 2024, le réseau social limitait les inscriptions pour éviter de surmener ses serveurs, mais aussi pour s'assurer du bon fonctionnement de sa plateforme et de ses fonctionnalités.

De quoi renverser X?

Si Bluesky a réussi à doubler son nombre d'utilisateurs en moins de trois mois, aidé par les frasques de Musk durant les élections américaines, la plateforme est loin de véritablement concurrencer X. Le réseau social du patron de Tesla et de SpaceX revendiquait en effet en 2023, lorsqu'il partageait encore les chiffres de X, pas moins de 400 millions d'utilisateurs actifs mensuels contre 11 millions pour Bluesky.

À titre de comparaison, Threads, copie de X lancée par Meta et qui a, elle aussi, profité du rejet de feu-Twitter, en revendique 275 millions aujourd'hui.

Se pose alors la question de la survie de Bluesky dans le temps. Pour l'heure, la plateforme ne présente aucune publicité et n'a quasi pas de revenus. Si elle veut véritablement faire peur à X, il lui faudra investir énormément d'argent dans ses infrastructures techniques et services de modération pour poursuivre son développement.