Rachat d’actions : les actionnaires floués ?
Le rachat par des sociétés cotées de leurs propres actions en Bourse est une pratique très répandue chez nous. L’an dernier, 37 entreprises ont procédé à de telles opérations pour un montant global de 1,16 milliard d’euros.
Et l’intérêt ne faiblit pas. En début de semaine Befimmo a annoncé le lancement d’un programme de rachat d’actions pour montant maximal de 4,5 millions d’euros.
On connaît les arguments avancés pour justifier ces opérations : cela soutient le cours de Bourse, le bénéfice se voit partagé entre un nombre de parts moins important et les titres accumulés peuvent servir pour des plan de stock options ou pour financer des acquisitions.
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(Source: L'Echo)
Il y a une dizaine d’années, Christophe Evers, ex-directeur financier de la Cobepa et ancien responsable du développement à La Poste, relativisait ce tableau plutôt idyllique. Il a démontré dans un ouvrage, que les rachats d’actions constituaient des opérations blanches et que l’augmentation de la demande de titres sur le marché provoquée par un programme de rachat ne suffisait pas à faire croître le cours.
"Un vol"de la direction
Aujourd’hui, Merryn Somerset Webb rédactice en chef de Money Week va encore plus loin. Se basant sur les études réalisées par Andrew Lapthorne, stratégiste à la Société Générale, elle estime que ces rachats d’actions constituent un vol perpétré par les dirigeants des entreprises au détriment des actionnaires. L’argent devrait être plutôt consacré au développement et à la croissance de l’entreprise, estime-t-elle .
Au lieu de cela, les membres de la direction s’enrichissent. Comment ? De deux façons.
-->Un, en rachetant des titres, le bénéfice par action s’accroît automatiquement. Ce qui est bien pratique lorsque le bonus est lié à ce dernier.
-->Deux : payer un dividende provoque une baisse du titre. Pas très bon ça lorsque l’on dispose de stock-options. Le rachat de titres, lui, a le don de gonfler le cours et donc la valeur des options.
" C’est symptomatique du gâchis qu’est devenu le capitalisme moderne, conclut-elle. Nous avons créé un système dans lequel nous permettons –encourageons même- aux patrons de perdre leur temps à manipuler le cours des actions au lieu de générer et de reverser aux actionnaires des revenus tangibles. "
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Stéphane Wuille
(Photo: Thierry du Bois)
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