(l'écho) En 1984, les titres boursiers sont dématérialisés, autrement dit remplacés par des données informatiques et dépourvus de toute valeur financière. Des milliers de titres sont pourtant conservés par des particuliers et souvent oubliés dans des greniers du monde entier. Or, c'est bien connu, toute chose ancienne et délaissée est susceptible de devenir un objet de collection. Ces titres périmés sont donc rapidement convoités.
Et en 1985, "scripophilie" apparaît dans le Petit Larousse. En collectionneur averti, le scripophile s'attache à certains critères pour apprécier la valeur de la pièce. Comme pour les timbres, livres ou autres, la conservation de l'objet est primordial. L'ancienneté est également un point déterminant. "Les scripophiles collectionnent particulièrement les titres du XIXeet du début du XXesiècles jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale. Ce n'est qu'à partir du XIXe que les sociétés font appel à l'épargne pour se constituer.
Il y a également des exceptions, comme des titres récents sur l'informatique, et surtout les très rares pièces du XVIIIe, qui sont les 'incunables'de la scripophilie", explique Mario Bonne, organisateur de la venteMais ce qui compte par dessus tout, c'est l'esthétique, la beauté, la signature apposée. Car certaines actions sont de véritables oeuvres d'art de peintres célèbres, comme Alphonse Mucha ou Luigi Loir.
D'autres sont très recherchées car signées par des grands noms. Un autographe de Rotschchild, cela fait envie à pas mal de collectionneurs. Vu sous cet angle, une action encadrée sur le mur du salon, cela fait plutôt chic! Chaque scripophile a son domaine de prédilection. Certains préféreront se concentrer sur un lieu, une région, un pays en particulier, ou encore sur un thème industriel (les grandes marques de voiture, les vieux chemins de fer...).
"En général, quand on aime la scripophilie, on aime aussi l'histoire. Ce hobby permet de retracer le parcours de grandes sociétés, comme la Société Générale, Standard Oil,? ou l'histoire financière d'un pays, l'évolution des taux d'intérêt." La scripophilie est aussi un placement. "La scripophilie est comparable au marché de l'art au niveau des investissements. Il y a des possibilités de rendements importants, mais il faut attendre le moment opportun pour acheter ou vendre, et la rentabilité se fait surtout sur le long terme.
C'est un marché très cyclique: il y a 5 ans, les titres russes se vendaient deux fois moins cher. Pour les titres allemands, c'est exactement l'inverse qui s'est passé". Si on se lance dans la scripophilie pour investir, mieux vaut prendre des précautions. "Je recommande toujours aux investisseurs potentiels d'investir uniquement l'argent dont ils n'auront pas besoin dans un proche avenir, comme en Bourse. Il faut aussi penser à se diversifier, à acheter des titres aux thèmes variés, provenant de pays différents."
Pour ceux qui seraient intéressés, voici un petit aperçu des titres rares qui seront mis aux enchères lors de la 7e édition de la bourse d'Anvers ces 23 et 24 septembre. Sachez que la première obligation de la société Solvay sera à vous pour un minimum de 1.000 euros. Que vous pourrez acquérir, à partir de 700 euros, une rente viagère de la Compagnie des Indes, fondée par un certain John Law. Ou encore vous vanter d'avoir en main un titre signé par l'homme le plus riche du XIXe siècle, Rockefeller. Montant de la mise à prix: 2.600 euros. Mais la concurrence sera rude. La précédente vente, organisée en février, affiche un chiffre d'affaires de 202.000 euros! Pour les novices qui voudraient réaliser un premier achat modeste, sachez également que le prix moyen des pièces présentées oscillera entre 80 et 120 euros.
Amandine Cloot (st.
