(l'echo) Cette première cotation constitue le point d'orgue d'un long processus de fusion lancé en mai 2006. Un mariage qui donne naissance à un géant du secteur boursier valant 22,3 milliards d'euros. A terme, la nouvelle société boursière projette de constituer un réseau mondial. "Grâce à cette fusion, nous aurons la capacité d'attirer vers nous d'autres marchés. Nyse Euronext n'en est qu'au début de son histoire", a affirmé Jean-François Théodore, directeur adjoint du nouveau groupe.
Acquisitions en Asie
John Thain n'a jamais caché ses ambitions de prendre pied en Asie, terreau de ces grandes introductions en Bourse qui échappent de plus en plus à New York ces dernières années. Il a rappelé les différentes collaborations et prises de participations dans les marchés de la région. "Nous avons établi une alliance stratégique avec le Tokyo Stock Exchange, et nous espérons que celle-ci va se développer dans les prochaines années d'ici à ce que le TSE soit coté", a-t-il souligné. "Nous n'avons pu acheter que 5% de la National Stock Exchange of India en raison de la limite imposée par le gouvernement indien", a-t-il également précisé. "Quant à la Chine, il faut savoir que les Bourses nationales ne sont pas démutualisées. J'espère que dans le futur, le gouvernement chinois vendra une partie des actions qu'il détient dans ces Bourses à des investisseurs stratégiques. Mais cela va prendra du temps", selon lui.
Pour l'Europe, il espère également que le nouveau groupe attirera en son sein d'autres Bourses. "Nous avons eu des discussions avec Borsa Italiana et nous répétons notre intérêt pour le marché cash de Deutsche Börse", a-t-il indiqué.
Baisse des coûts de transaction
La partie européenne du nouveau groupe promet une baisse de ses tarifs de 10 à 15% dans les deux à trois ans à venir. "Pour le Nyse, nous réfléchissons à une baisse des coûts du côté de la compensation et du règlement-livraison. Mais les coûts de transactions sont déjà amenés à la baisse aux États-Unis en raison de la compétition intense du secteur", relève John Thain. Une transaction coûte environ 0,75 cent sur le Nyse actuellement, pour 1 EUR sur Euronext. "Un ordre d'environ 400-500 transactions coûte 10 cents sur le Nyse", précise John Thain.
Une nouvelle concurrence
Les dirigeants de Nyse Euronext sont aussi revenus sur les défis qui attendent ou frappent déjà les deux entités. à commencer par les nouvelles réglementations en vigueur de part et d'autre de l'Atlantique. Aux états-Unis, la Bourse de New York doit faire face depuis février à Reg NMS, qui impose le principe du meilleur prix.
En Europe, les marchés d'actions se préparent à Mifid, la directive européenne qui sera effective le 1er novembre 2007. "Aux états-Unis, nous devons faire face à un nombre importants de concurrents. Parmi les plus récents, BATS propose des coûts de transactions négatifs, et ils ont déjà réussi à capter une partie substantielle des volumes de transactions du Nasdaq", explique Thain. "Mais nous comptons y faire face grâce à des prix plus bas, notre plus grande liquidité et des frais de transactions plus bas, pris dans leur ensemble", précise-t-il. "La pression sur les prix de transactions est constante depuis des années aux états-Unis. Mais je crois que Mifid devrait accélérer cette tendance en Europe."
Jean-François Théodore s'est lui montré toujours aussi serein face à cette directive européenne qui consacre le principe du meilleur prix des transactions.
"Il n'y a pas que le prix qui entre en compte dans une transaction. Il faut aussi prendre en compte les spreads mais aussi la qualité du carnet d'ordres. Et je crois que, de ce point de vue, les Bourses offrent un meilleur service d'exécution des ordres que les ECN", a-t-il commenté.
"Théo", plutôt effacé pendant le déjeuner, a également relativisé la menace que constitue Project Turquoise.
Cette plate-forme de transactions concurrente des Bourses devrait être lancée peu avant l'implémentation de Mifid.
"Dans le passé, nous avons observé de nombreux projets de ce type, comme Tradepoint, avant l'effondrement des marchés en 2001. Nous avons l'habitude de cette compétition, mais nous savons que nous devons baisser nos tarifs", commente-t-il. "Nous voyons Mifid plus comme une opportunité que comme une menace", a-t-il conclu. Jennifer Nille