(L'Echo) En cette période de turbulences, la prudence s'impose pour les investisseurs. Pourtant, les stratégistes que nous avons interrogés estiment que l'investisseur doit continuer à privilégier les actions, faute de possibilités intéressantes. Bernard Bemelmans, de Dexia Banque, juge que le contexte de remontée des taux d'intérêt et de craintes inflationnistes restera pénalisant pour les obligations, moins pour les actions. Henri Reiter, directeur chez Fund Market, se veut plus optimiste et part sur un scénario d'inflation maîtrisée. Il recommande toutefois un placement défensif sur les actions américaines.
TINA (ou There Is No Alternative) devrait bénéficier aux actions dans les prochains mois. Bernard Bemelmans, stratégiste chez Dexia Banque, estime que les marchés sont arrivés à la croisée des chemins.« La hausse des taux d'intérêt n'est pas bonne pour les obligations, ni pour les actions», note-t-il. «Toutefois, les taux d'intérêt restent fort bas en Europe , et les actions devraient moins souffrir» ajoute-t-il.
«Mais la situation n'est pas idéale, on privilégie les actions car il n'existe pas d'autres possibilités. L'investisseur peut encore espérer un rendement entre 10 et 15 % avec cette classe d'actifs», nuance-t-il.
Au sein des actions, l'investisseur devra procéder à une sélection prudente de ses valeurs, comme le notent les deux stratégistes. Toutefois, ceux-ci ne s'accordent pas sur la zone géographique à privilégier. Bernard Bemelmans donne sa préférence à la zone euro, tandis qu'Henri Reiter penche pour les Etats-Unis. Le stratégiste de Dexia Banque estime que «les entreprises européennes présentent une bonne santé et possèdent l'avantage d'évoluer dans un contexte de taux d'intérêt moins élevés qu'outre-Atlantique. Le directeur de Fund Market affirme, lui, que «les actions américaines se veulent un placement défensif avec un fort potentiel. Les craintes inflationnistes ne sont pas fondées. Dans ce contexte, Ben Bernanke ( le président de la Fed) ne devrait plus resserrer ses taux d'intérêt», indique-t-il. «Historiquement, le Dow Jones a toujours remonté lorsque la Fed cessait de relever ses taux. Toutefois, on ne s'attend pas une progression de 40% de l'indice à ce moment. On ne part pas avec le même environnement économique. Les valorisations des actions sont plus élevées et l'inflation est plus basse», ajoute-t-il.
Secteur défensif par excellence, la pharmacie se retrouve plébiscitée par les deux stratégistes.«Ce secteur, généreux en dividendes, a été pas mal malmené ces derniers temps, mais il bénéficie d'un momentum favorable. Avec le vieillissement de la population, la demande de médicaments devrait progresser à long terme. De plus, le secteur est toujours morcelé en Europe. On pourrait donc assister à d'autres fusions du type Sanofi», précise Bernard Bemelmans.
Le stratégiste estime également que le secteur bancaire et les valeurs technologiques ont du potentiel. «L'environnement bancaire est assez sain. On retrouve peu d'endettement douteux. De plus, le secteur reste toujours morcelé et présente un potentiel de consolidation», note-t-il. «Quant au secteur technologique, il bénéficie d'importantes liquidités à réinvestir, soit sous la forme de dividendes, soit par des acquisitions», ajoute-t-il.
En revanche, les deux stratégistes se disent prudents pour le secteur de l'énergie et des matières premières. «Nous sommes neutres pour l'énergie car le secteur reste en proie à de nombreux défis, notamment les capacités de raffinage et la recherche et l'exploration de nouvelles nappes de pétrole», précise Bernard Bemelmans. L'investisseur l'aura donc compris: prudence reste mère de sûreté en ces périodes troublées. Mais faute d'alternatives, les actions restent encore à privilégier dans les prochains mois.
Jennifer Nille