À la fin de l’an dernier, les cours des actions du marché continu à Bruxelles se situaient 38% en dessous de l’objectif de cours moyen fixé par les analystes professionnels. Le pourcentage de recommandations d’achat était alors de 52%. Le potentiel de hausse est donc aujourd’hui deux fois plus élevé qu’au printemps dernier, puisqu’à l’époque, nous avions fait le même exercice et les spécialistes ne voyaient qu’un potentiel de hausse de 17%.
Les actions belges cotent en moyenne 38% en dessous de l’objectif de cours moyen des analystes. Le potentiel de hausse est de ce fait deux fois plus élevé qu’au printemps dernier.
Depuis lors, les cours ont donc nettement reculé. Et en période de panique boursière, les investisseurs ne sont plus prêts à payer le prix fort. Imaginez une entreprise qui réalise 10 euros de bénéfice par action et dont la rentabilité est historiquement assez stable. Dans une période de vaches grasses, le marché est facilement prêt à payer 15 fois le bénéfice, ce qui donne un cours de Bourse de 150 euros. Mais en cas de retournement du marché et lorsque les investisseurs craignent une baisse des bénéfices, ils ne seront prêts à payer que 9 fois le bénéfice, ce qui donne un cours de 90 euros. Un monde de différence pour une même entreprise.
L'Echo a organisé un chat spécial consacré au "Guide Actions" qui paraît ce samedi 19/01 avec votre quotidien favori. Notre journaliste, Marc Collet, a répondu à vos questions >
Certaines entreprises ont déjà annoncé qu’elles s’attendaient à une détérioration de leurs résultats, ce qui provoque de la nervosité chez les investisseurs. Il s’agit notamment d’Umicore, Melexis, Recticel, Ontex et Econocom. Leurs résultats ne sont pas catastrophiques, mais le rythme de croissance est plus lent, ce qui oblige à revoir à la baisse des valorisations souvent élevées. Dans d’autres entreprises, comme bpost, Balta ou Greenyard, il s’agit de véritables avertissements sur résultats, lesquels ont davantage encore plombé les cours.
La correction est-elle suffisante pour créer de nouvelles opportunités d’achat?
Les modèles mathématiques des analystes indiquent que oui. Dans le tableau ci-contre, nous avons repris les 30 actions affichant le plus grand potentiel de hausse, mesuré sur la base de leur écart par rapport à l’objectif de cours moyen. Les petites capitalisations boursières et les actions peu liquides n’ont pas été retenues. Les entreprises qui ne sont suivies que par un seul analyste ont également été éliminées de la liste.
Comment composer un bon portefeuille?
Un premier conseil consiste à ne pas aligner votre portefeuille sur les actions affichant les objectifs de cours les plus élevés. D’après les analystes, les actions se situant en haut de la liste recèlent probablement le potentiel théorique le plus important, mais ce sont aussi – et ce n’est pas un hasard – les plus risquées. Le secteur biotech caracole ainsi en tête. "La plupart de ces entreprises ne génèrent pas encore de chiffre d’affaires ou des cash-flows suffisamment représentatifs pour effectuer des calculs fiables, explique Guy Sips, analyste chez KBC Securities. L’analyste doit évaluer les chances de réussite d’un produit qui se trouve dans le pipe-line et ce qu’un médicament peut potentiellement rapporter. Toute petite modification dans ce calcul peut générer une importante variation au niveau de l’objectif de cours. De plus, le secteur est très risqué. Si vous ambitionnez d’obtenir un bénéfice (potentiel) de 10%, il ne faut pas investir dans une entreprise de biotech, mais plutôt dans une action immobilière, très sûre. Les analystes feront sans trop de problème une recommandation d’achat pour une action sûre, avec un potentiel de hausse du cours de 5% et un rendement du dividende de 5%. Mais compte tenu des risques liés aux actions biotechnologiques, le potentiel de hausse doit être beaucoup plus important pour convaincre un investisseur."
N’alignez pas votre portefeuille sur les actions affichant les objectifs de cours les plus élevés. D’après les analystes, les actions figurant en haut de la liste recèlent probablement le potentiel théorique le plus important, mais ce sont aussi les plus risquées.
D’autres entreprises "problématiques" figurent elles aussi en haut de la liste. Il s’agit d’entreprises fortement endettées, comme Nyrstar ou Balta, qui sont soigneusement évitées par le marché. Nyrstar souffre de la forte baisse du cours du zinc et de l’instabilité de la conjoncture qui pèse sur le cours des actions des matières premières. Chez Balta, la mode des tapis a été remplacée par celle des parquets en laminé. De plus, le Brexit et la baisse de confiance des consommateurs au Royaume-Uni pèsent lourdement sur l’action, vu que la majeure partie du chiffre d’affaires est réalisée en Angleterre, les Anglais étant de grands amateurs de tapis. Si la situation se redresse soudainement, le potentiel de ces actions fortement pénalisées est bien entendu très élevé. Mais elles sont aussi très risquées, étant donné la faiblesse de leur bilan, qui les rend plus vulnérables face aux turbulences économiques.
Les bonnes affaires de la Bourse après la correction de 2018
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Le 'Guide Actions' est paru le 19/1. Abonné à L'Echo? Cliquez ici pour le lire au format PDF.
Si vous voulez composer un portefeuille idéal, mieux vaut donc éviter de se baser uniquement sur les cours de Bourse et prendre en compte les secteurs et les actions dans leur globalité. La première et principale règle en matière d’investissement est toujours la diversification. Les conseils des analystes peuvent aider. Ces conseils sont la plupart du temps classés en cinq catégories: "acheter", "renforcer" (un peu plus faible), "conserver" (neutre), "réduire" et "vendre".
Que conseillent les analystes?
On peut être frappé par le fait que certaines actions accumulent les conseils d’achat, alors que la valorisation actuelle dépasse déjà l’objectif de cours moyen. Par exemple, deux analystes sur trois conseillent encore d’acheter Elia, alors que l’objectif moyen se situe aux alentours du cours actuel. Cela s’explique par le fait que le gestionnaire de réseau de haute tension jouit d’une excellente réputation en termes de risques. Il bénéficie également d’un monopole avec des revenus fixes, donc largement prévisibles, et combine cette sécurité à de la croissance, suite au rachat de son confrère allemand 50Hertz. À l’inverse, les analystes estiment que Nyrstar dispose d’un potentiel important, mais personne n’ose conseiller l’action à l’achat.
Pour ceux qui souhaitent composer un portefeuille réparti sur différents secteurs, nous avons établi une liste d’entreprises combinant les conseils d’achat des analystes et un potentiel de hausse de cours élevé.
1. Industrie
Dans l’industrie, c’est Recticel qui arrive en tête. Le spécialiste des mousses en polyuréthane collectionne les recommandations d’achat et son cours actuel ne dépasse guère les deux tiers de l’objectif de cours moyen. Le mois dernier, l’entreprise s’est encore retrouvée sur la liste des actions préférées de KBC Securities, parce que l’action a été exagérément pénalisée. Recticel subit les conséquences de la baisse des ventes dans le secteur automobile, même si le segment de l’habillage de voitures ne constitue pas l’activité principale du groupe. Ce rôle est tenu par la division isolation, qui connaît une forte croissance et qui profite de la baisse des prix des matières premières. Si l’on transpose la valorisation de son concurrent irlandais Kingspan à la branche isolation, vous obtenez "presque gratuitement" les autres activités de Recticel, explique-t-on chez KBC Securities.
Dans l’industrie, on trouve ensuite le fabricant d’acier inoxydable Aperam, le groupe chimique Solvay, le fabricant de textiles Sioen et le groupe de matériaux Umicore.
2. Alimentation et boissons
Ter Beke arrive en tête du secteur "alimentation et boissons". Le producteur de viande et de plats préparés sous la marque "Come a Casa" a perdu un tiers de sa valeur, sans avoir fait la moindre annonce. Et ce, dans un secteur défensif, puisque nous continuerons à manger et à boire quel que soit le contexte économique. La crainte de la peste porcine africaine, qui touche les sangliers en Wallonie, joue peut-être un rôle, même si Ter Beke a indiqué récemment que la situation n’aurait pas d’impact sensible sur les ventes.
AB InBev obtient 80% de recommandations à l’achat et affiche un potentiel de hausse de 58%. Les analystes semblent confiants dans la capacité du groupe à réduire rapidement son taux d’endettement, qui représente aujourd’hui 4,4 fois le bénéfice brut d’exploitation. C’est ce qui explique qu’ils ne pénalisent pas trop l’entreprise pour avoir réduit de moitié le dividende. L’excellent positionnement du groupe dans les pays émergents et les synergies découlant de l’intégration de SABMiller devraient permettre une remontée de l’action.
3. Immobilier
Dans le secteur immobilier, les analystes apprécient particulièrement VGP et Immobel. Les deux promoteurs bénéficient d’un vaste portefeuille de terrains et devraient augmenter leur dividende. VGP s’en sort très bien dans l’immobilier logistique et compte parmi ses clients des entreprises comme Amazon, Aldi et Volkswagen. De plus, l’entreprise est active sur des marchés en forte croissance comme la République tchèque et l’Espagne. Depuis sa reprise par Marnix Galle, Immobel bénéficie d’un profil plus défensif, grâce à la combinaison de grands projets et d’immobilier résidentiel.
Seules quelques actions se négocient au-dessus de leur objectif de cours moyen. Et ce sont précisément des entreprises qui brillent depuis longtemps sur le marché boursier, même si les analystes martèlent depuis des années qu’elles sont chères. Il s’agit entre autres de Colruyt et des groupes de location d’entrepôts WDP et Montea. Il est donc encore possible de gagner de l’argent avec des actions de qualité, même si elles sont onéreuses, à condition que les entreprises continuent à tenir leurs promesses.
Tout comme VGP et Immobel, Retail Estates obtient lui aussi des recommandations d’achat. Le spécialiste des magasins de banlieue réussit depuis 20 ans à augmenter systématiquement son dividende et compte bien poursuivre sur cette lancée. Les magasins en périphérie souffrent moins du commerce en ligne que les boutiques des centres-villes. À souligner également: les sociétés défensives comme les spécialistes en immobilier de soins Aedifica et Care Property Invest se classent bien, alors que les objectifs de cours ne sont pas beaucoup plus élevés que les cours actuels. Par ailleurs, les analystes estiment que QRF, qui a vu son cours reculer de 50%, est à nouveau digne d’intérêt et recommandent l’action à l’achat.
4. Technologie
Dans ce secteur, EVS et Melexis se trouvent dans le top 30. Le spécialiste en serveurs d’images a vu récemment son carnet de commandes se remplir et depuis l’entrée au capital de son confrère canadien Evertz, le groupe est devenu une cible de reprise possible.
Melexis, le fabricant de puces électroniques pour le secteur automobile – qui se négocie aujourd’hui à un cours réduit de près de 50% – se situe à nouveau dans la moyenne du secteur, tandis que les analystes estiment que l’entreprise mérite une prime étant donné ses excellents antécédents.
5. Secteur financier
KBC est l’action préférée du secteur financier. La banque combine un des bilans les plus solides du secteur avec une croissance supérieure à la moyenne.
6. Secteur pharmaceutique
Dans le secteur médical, Argenx et Biocartis font partie du peloton de tête.