Quel a été votre premier job rémunéré?
À 18 ans, j’ai été engagé pour jouer dans le film de Gérard Philipe, "Till l’Espiègle". Le soleil était indispensable durant le tournage. Or, il pleuvait tous les jours. Résultat, je suis resté une semaine et j’ai gagné 800 francs belges par jour!
Quelles sont les choses pour lesquelles vous dépensez sans compter…?
Des livres et des disques. N’ayant plus de place pour des tableaux et des objets insolites, je poursuis passionnément mes recherches en littérature et musique. Biographies, journaux, correspondance, études littéraires, pas de romans mais de la poésie. Je tenais à acquérir de petites plaquettes relatives à des témoignages rares sur Arthur Rimbaud. Je les ai payées 30.000 francs belges (750 euros) à l’époque.
En musique, mes préférences vont aux bons vieux vinyles — dont les 78 tours -, rares et précieux, en priorité de jazz. Et aux CD pour les nombreuses rééditions et nouveautés. J’ai acheté à l’époque la toute première version en 78 tours de "West and blues" de Louis Armstrong, pour 10.000 francs (250 euros). Aujourd’hui, c’est un prix courant pour des disques rares. Mon plaisir est évidemment d’acheter disques et livres à des vendeurs peu connaisseurs… Je déniche ainsi parfois des perles rares pour quelques euros.
… et celles pour lesquelles vous ne donneriez pas le moindre euro?
Les produits allégés! J’ai horreur de ces amalgames néfastes de produits chimiques. Les qualités nutritionnelles y sont annihilées et on en arrive à un magma sans le moindre intérêt. Contrairement à ce que prétendent de "faux" médecins, ces produits ne réduisent ni le poids, ni le taux de cholestérol. Certains sont cancérigènes. De nombreux livres en témoignent mais ne semblent guère altérer leur incompréhensible succès. La naïveté des consommateurs n’a pas de limites. Aucun succédané ne peut remplacer les bonnes choses qui, elles, se dégustent joyeusement.
Que payons-nous encore beaucoup trop cher à l’heure actuelle?
"Aujourd’hui, même les mendiants ont des exigences de prince oriental."
Tout! Pour s’en apercevoir, il suffit de convertir les euros en anciens francs. Jadis, on donnait 5 francs (12,5 cents) à une ouvreuse de cinéma, elle vous remerciait.
Aujourd’hui, vous lui donnez 2 euros (80 francs) et elle tire la gueule. Aujourd’hui, même les mendiants ont des exigences de prince oriental. J’ai donné 50 cents à un mendiant qui m’a fait remarquer que ce n’était pas suffisant. Je n’ai pu m’empêcher de lui rétorquer qu’alors, il n’avait qu’à donner cette pièce à un pauvre… En matière alimentaire, le prix d’un hamburger peut être équivalent à celui du plat du jour dans un restaurant recommandable.
Quel est pour vous le luxe suprême?
Passer de Sharon Stone à Jennifer Lopez. Mais je n’en ai pas les moyens malheureusement…
Quel est l’objet dont il vous serait impossible de vous passer, même si vous le vendiez très cher?
"Vous avez une envie? Quelle qu’elle soit, ne vous en privez pas! L’argent que vous aurez dépensé reviendra vite. Vous éviterez un regret qui risque de durer."
Le téléphone de Sacha Guitry. C’était le 7 septembre 1963. Il était à peine enterré qu’on s’apprêtait à démolir son hôtel particulier de l’avenue Pouvillon, à Paris. Je décidai d’aller déposer des fleurs à l’endroit même où il était mort. Je sautai dans le jardin avant de gravir les escaliers jusqu’à son bureau pour gagner sa chambre et la fleurir. En redescendant, mon regard fut attiré par le téléphone. Je n’ai pas hésité à emporter ce trophée muet mais tellement vivant.
En tant qu’indépendant, et après avoir cotisé toute votre vie, que pensez-vous du montant de votre pension?
Comme tous les gens qui ont dépassé les 65 ans, je touche une pension d’un montant grotesque, après avoir cotisé pour des sommes importantes. Vivre avec ce qui m’est alloué serait parfaitement impossible. Heureusement, j’ai épargné et je continue à faire mes émissions de radio et écrire mes livres.
Quel type de consommateur êtes-vous?
Je suis curieux de tout et à l’affût des nouveautés, qu’elles soient proposées par les grandes surfaces ou les boutiques spécialisées.
Il m’arrive de comparer les prix mais je ne les étudie et ne les négocie jamais. Depuis la plus tendre enfance, j’ai toujours été rebuté par le calcul. Je n’ai jamais su compter, sauf quand mon intérêt est en jeu. Mais lorsqu’on essaye de me rouler, je deviens un petit Einstein.
Y a-t-il des comportements liés à l’argent qui vous insupportent?
Ceux qui croient que tout leur est permis parce qu’ils ont de l’argent.
- 1937: Je suis né le 18 février, jour où Duke Ellington enregistra "Sophisticated Lady" à Hollywood.
- 1.000.000: "Le nombre d’auditeurs dont je rêve, à l’écoute de mon émission ‘La Troisième Oreille’".
- 4: "Tout simplement mon chiffre fétiche. Et pas parce que j’achète mes cuberdons par quatre…"
- 3: "Le nombre exact de mes mariages et donc de mes divorces.Cela dit, j’espère faire mieux."
- 86 km/h: "La vitesse maximale atteinte sur mon vélo... en salle de sport."