Parlez-vous souvent d’argent en famille, entre amis?
Ce n’est en tout cas ni une priorité ni un sujet de prédilection, en particulier si on l’envisage dans une optique d’intéressement… Mais j’ai toujours fait en sorte d’aider de mon mieux ma famille et mes proches à vivre correctement et de leur faire profiter de ce que j’ai.
Quelles sont les choses essentielles à votre qualité de vie et pour lesquelles vous êtes donc prêt à mettre le prix?
"Je n'ai même pas de maison à moi!"
Les vacances en famille. Nous louons une maison pour nous retrouver tous ensemble. Mais cela reste dans un esprit très populaire. Je me contente de choses simples. Habiter à la campagne, rouler à vélo (dans mon pays de Herve et en Provence, durant les vacances). J’apprécie aussi un bon resto de temps à autre.
Avez-vous eu un jour des difficultés à nouer les deux bouts?
Personnellement, j’ai eu la chance de ne jamais être confronté à la pauvreté, même si nous ne vivions pas dans l’opulence. Correctement, sans plus. Mes parents ont toujours travaillé et gagné leur vie, mais la relation à l’argent n’a jamais été présentée comme un but. Et nous ne devions surtout rien à personne.
Etes-vous choqué par les salaires mirobolants de certains patrons, sportifs ou stars? Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous gagnez ‘trop’ par rapport aux personnes que vous défendez?
Marc Goblet en 5 chiffres
27.05.1978
"La date de mon mariage".
3,6,9,12,14
Une série de chiffres qui me poursuit toujours.Seul le 6 peut vraiment s’expliquer, en fait, "c’est la date de mon anniversaire".
30
"Le nombre de kilomètres de mon parcours vélo valonné en pays de Herve".
120.000
"Un nombre record de participants pour ma première manifestation en tant que secrétaire général de la FGTB".
12 à 18
"Mon nombre quotidien d’heures (minimum et maximum) de travail".
Je n’ai jamais été jaloux de la situation de quelqu’un d’autre. Et je fais une distinction entre celui qui investit l’argent qu’il gagne et celui qui le place ou spécule. Quant aux sportifs et aux stars, si certains sont assez "cons" pour leur payer ces salaires… Dans le monde de l’entreprise, les postes et fonctions sont généralement régis par des barèmes qui tiennent notamment compte du niveau de responsabilité. C’est mon cas. Et comme mon travail est de me battre pour que les gens que je représente gagnent davantage, je trouve qu’il n’y a rien à redire. On s’immisce trop dans la vie privée des gens et on en tire des conclusions, souvent sans tenir compte des tenants et aboutissants. C’est très populiste et cela n’aide pas la société. Celui qui gagne beaucoup paie des impôts et des cotisations sociales en conséquence, point. C’est le concept de la collectivité et de la solidarité. Je n’ai aucun problème à payer des impôts et des cotisations sociales.
Quels sont les comportements liés à l’argent qui vous insupportent?
Ceux qui n’en n’ont jamais assez, et l’ingénierie pour gagner plus sur le dos des autres. Tout est une question de manière! On peut gagner beaucoup, à condition de participer à la collectivité en conséquence. En vouloir toujours plus, quand on voit la misère autour de soi, même dans un pays comme le nôtre, c’est indécent.
L’éducation financière devrait-elle faire partie du programme scolaire?
Bien sûr! Cela éviterait que tant de gens tombent dans la dépendance et la logique de médiation de dettes! Le crédit à la consommation est un piège très dangereux. Il faut vraiment informer. Car on tombe rapidement dans une spirale infernale.
Faites-vous des investissements? Comment préparez-vous l’avenir?
Je ne fais pas d’investissements, et pour l’avenir, je me contente de ce qui est prévu par l’employeur. Pas de troisième pilier donc. Je n’ai même pas de maison à moi! Ma femme est fille unique; nous habitons dans la maison de mes beaux-parents avec ma belle-mère depuis 37 ans. J’y ai toutefois beaucoup investi: j’y ai fait énormément de travaux. Étant chauffagiste à la base, je suis bricoleur et je sais un peu tout faire. Mais je fais de moins en moins, vu mon âge et mes activités professionnelles. J’ai beaucoup donné et en définitive, rien n’est à moi… signe que je suis désintéressé.
Quel type de consommateur êtes-vous?
Le conseil
"Ne dépensez pas ce que vous n'avez pas"
Je ne suis certainement pas quelqu’un qui est en quête de la bonne affaire. Et je déteste marchander. Je n’aime certes pas me faire rouler, mais je ne cherche pas à obtenir le moindre prix au détriment (du travail) des autres. L’essentiel est de payer le juste prix.
Soutenez-vous une œuvre et donnez-vous de l’argent aux mendiants?
je soutiens Oxfam et l’APEM, une association de ma région qui vient en aide aux enfants trisomiques. J’ai été sensibilisé à cette cause par la connaissance d’un enfant. Il est toujours difficile de ne pas donner, mais le problème est double. Comme on ne peut aider tout le monde, on recrée en quelque sorte de l’injustice. Et quand on donne, on est rarement certain que cela ira réellement à ceux qui en ont le plus besoin. C’est à la "société" qu’il revient d’assumer cela, non?